jeudi 11 avril 2019, par
Comme elle le fait régulièrement pour évaluer les besoins de Santé en France, la MNH a publié sa nouvelle édition des « Carnet de santé des Français et des personnels de santé et hospitaliers ». Si l’on n’apprend rien de nouveau concernant les affections auxquelles sont soumis les français, on constate que nombre d’entre eux n’honorent pas leurs rendez-vous médicaux, ce qui a des conséquences en terme de temps médical notamment. Les comportements déviants ont la vie dure et la prise de rendez-vous en ligne n’y changera certainement rien...
Dans un contexte où l’on nous parle de réforme du système de Santé, d’optimisation des processus et des équipes soignantes ou de coopération ville-hôpital, on en viendrait presque à oublier les patients eux mêmes.
Une enquête récurrente pour une évaluation des besoins de Santé
C’est sans doute la raison pour laquelle la Mutuelle Nationale des Hospitaliers (MNH), publie aujourd’hui son baromètre « Carnet de santé des Français et des personnels de santé et hospitaliers », une enquête réalisée par Odoxa auprès d’un échantillon de 1 003 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, les 27 et 28 mars 2019, ainsi qu’auprès de 1267 professionnels de Santé, principalement médecins et infirmiers exerçant pour la plupart à l’hôpital. Cette étude s’attache, comme à chaque édition, à recenser les affections ayant touché les français durant l’année écoulée.
Rien de nouveau sous le soleil printanier
On y apprend qu’ils sont 22 % dans ce cas, un taux d’affection qui monte à 38 % chez les personnels hospitaliers, soit deux points supérieurs à celui des deux dernières années à pareille époque, une croissance imputée à l’épidémie de grippe qui a sévi au début de l’hiver 2019. L’enquête pointe également, par ricochet, une augmentation de 15% des visites des patients chez leur médecin, mais aussi un surcroît de travail dans les hôpitaux, entraînant une insatisfaction de 42% des personnels hospitaliers. Rien de nouveau, donc, sous le soleil printanier : les patients se pressent dans les hôpitaux pour des affections bénignes et les soignants sont mécontents.
Un taux important de rendez-vous médicaux non honorés
La seconde partie de ces « Carnets de Santé » concerne les comportements des français dans leur parcours de soins, notamment leur rapport aux professionnels de Santé qui les prennent en charge. Et sans surprise, ces patients ont beaucoup de droits et peu de devoirs ! La quasi-totalité des médecins déplorent un nombre important de rendez-vous non honorés. On y apprend en effet qu’un français sur 6 et 1 jeune sur 3 avouent avoir déjà « posé un lapin » à leur médecin. Tout le monde peut être sujet à un empêchement, qui peut être argumenté auprès du praticien. Mais lorsque l’on constate que cette absence n’a été motivée par aucun événement majeur, seulement parce que les patients avaient « oublié » leur rendez-vous, on pointe alors du doigt le peu de considération que les français ont pour les acteurs de leur prise en charge.
Des conséquences importantes sur l’organisation du temps médical
Pour synthétiser la situation actuelle, si l’on ajoute à la pénurie médicale la propension des français à passer outre un rendez-vous médical parce qu’ils ont oublié – ce qui prouve que leur affection n’était pas bien grave – ou parce qu’ils ont pris plusieurs rendez-vous simultanés, on obtient une longue file d’attente devant les cabinets médicaux ou aux urgences. C’est d’ailleurs ce que rapportent 70% des professionnels de santé dans cette enquête, décrivant des conséquences importantes sur l’organisation de leur temps detravail, ce que 84% des français, et c’est un comble, qualifient de grave pour le travail médical. Mais cela ne les incite pas à changer de comportement pour autant.
Les plateformes de prise de rendez-vous en ligne constituent peut-être la solution, d’après l’enquête. 72 % des Français et 60 % des professionnels de santé sont persuadés que ces plateformes incitent les patients à mieux respecter leurs rendez-vous. Permettez-nous d’être circonspect devant cette affirmation. Car peu importe le mode de prise de rendez-vous, les droits des patients passeront toujours avant leurs devoirs. À moins que leur état d’esprit évolue. Et ça n’est pas gagné…
Bruno Benque
Rédacteur en chef www.cadredesante.com
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