Système sanitaire en France : les économistes de la Santé font des propositions

lundi 20 décembre 2021, par Bruno Benque

Le Collège des Économistes de la Santé vient de publier un ouvrage dans lequel des propositions sont émise pour améliorer le système. Les incitations d’installation dans les zones sous-dotées, l’évaluation médico-économique, la décentralisation du financement ou la coordination entre assurance obligatoire et complémentaire sont parmi les sujets importants à traiter dans ce cadre.

Dans cette période difficile pour le système de Santé français, et à l’approche des élections présidentielles, le Collège des Économistes de la Santé (CES) vient de publier un ouvrage co-écrit par 30 contributeurs dans le but d’éclairer le public et de susciter le débat.

Les économistes de la Santé font des propositions pour l’avenir du système

Ce livre, intitulé « Le système de santé français aujourd’hui - Enjeux et défis » publié aux Éditions ESKA, donnera parole à des économistes de la santé français et ambitionne d’analyser les principaux défis auxquels notre système de santé fait face. Il propose de nombreuses recommandations dans ce cadre, qui sont commentées par trois des auteurs, Anne-Laure Samson, Professeur d’économie à l’Université de Lille, Thomas Barnay, Professeur en Sciences économiques à l’Université de PariCréteil et Bruno Ventelou, chercheur en économie et Santé publique, d’Aix-Marseille Université, dans un article publié dans le web magazine « The Conversation ». Parmi les solutions proposées pour améliorer le système de Santé, des systèmes de paiement au forfait liés à la qualité des soins ou au suivi des patients, le développement de nouveaux modes de rémunération plus coopératifs, comme des paiements forfaitaires collectifs associant la ville et l’établissement de santé, pour une meilleure coordination entre la ville et l’hôpital.

Améliorer les incitations d’installation médicale dans les zones sous-dotées


Les auteurs souhaitent agir également pour la lutte contre les zones sous-dotées, la suppression récente du numerus clausus et l’arrivée de médecins formés à l’étranger étant jugés comme des outils potentiels d’amélioration de l’accessibilité aux soins à saisir. Pour aller plus loin, les économistes préconisent de développer encore les connaissances sur les déterminants des choix d’installation des médecins formés dans les universités françaises et sur les logiques d’installation et de maintien des médecins étrangers dans les zones sous-denses. Il s’agirait de mettre en place des mesures incitatives plus pertinentes que les dotations financières existantes pour améliorer l’attractivité des zones sous-denses, comme l’accompagnement au développement de modes d’exercice en groupe pluriprofessionnel ou la coopération entre professionnels de santé.

Des évaluations médico-économiques à affiner

L’ouvrage traite également d’innovation médicale, ciblant la médecine génomique, l’e-santé et les médicaments innovants comme figures de proue des domaines scientifiques et technologiques à développer en priorité. Pour évaluer ces innovations, les économistes entendent développer des analyses fondées sur les préférences sociétales et « recourir plus fréquemment à l’évaluation médico-économique, par exemple pour définir une valeur de référence à comparer au prix demandé par les industriels, particulièrement les nouveaux entrants du secteur, venant du numérique, qui pourraient parfois avoir tendance à surestimer la plus-value médicale de leurs produits ».

Cet ouvrage insiste aussi sur des points plus généraux comme l’amélioration de la couverture du risque santé et du risque dépendance, la réorganisation en profondeur l’offre de soins, le développement des systèmes d’information en santé ou la recherche que une stratégie de santé publique plus ambitieuse et plus systémique, visant à réduire les inégalités sociales de santé, à améliorer la répartition des médecins sur le territoire ou à accroître les comportements de prévention.

Un financement de la Santé repensé et décentralisé

Mais c’est bien évidemment sur le volet économique que les propositions sont les plus nombreuses. Le financement des dépenses de santé fait l’objet en effet d’un traitement particulier, les propositions allant vers une politique repensée, « dans une logique plus inclusive et moins segmentée des différents sous-objectifs nationaux des dépenses d’assurance maladie », et décentralisée, en vue d’une « organisation des soins et d’une définition ex ante du budget tenant compte des besoins de la population locale ». L’évaluation économique et médico-économique doit d’autre part intervenir comme outil d’aide à la décision en santé, avec un recours plus systématique à des méthodes d’évaluation des politiques qui permettrait d’évaluer leur effet causal, par exemple dans le cadre d’essais randomisés, et de promouvoir les dépenses de santé efficientes.

Une meilleure coordination entre assurance obligatoire et complémentaire

L’articulation entre assurance maladie obligatoire et couverture complémentaire, un sujet qui revient fréquemment sur le devant de la scène ces derniers temps, fait également l’objet de recommandations du CES. Les auteurs estiment que les périmètres de chacun doivent être redéfinis pour ne pas être redondants et pour réduire les frais de gestion. Ils verraient bien « les complémentaires santé évoluer vers des assurances dites plutôt supplémentaires, agissant sur un panier de soins privés restreint et surtout distinct du panier de soins publics ».

Bruno Benque
Rédacteur en chef www.cadredesante.com
bruno.benque@cadredesante.com
@bbenk34


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