L’hospitalisation privée appelle à une augmentation immédiate de l’ONDAM

mercredi 15 novembre 2023, par Bruno Benque

La situation économique des hôpitaux est préoccupante et la PLFSS 2024 ne répondrait pas aux besoins engendrés par la conjoncture. C’est en substance le propos qu’a tenu Lamine Gharbi lors de la conférence de presse qu’il a donné ce 15 novembre 2023. Inflation qui crée un effet ciseaux, pénurie de professionnels ou perte d’attractivité des métiers sont parmi les raisons de l’inquiétude pour l’avenir du secteur.

Les hôpitaux de France, tant ceux du secteur public que du secteur privé, déclarent, depuis que la Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) 2024 a fait son entrée au Parlement pour y être examiné, s’inquiéter de leur avenir budgétaire. Ils prévoient tous en cœur des lendemains très difficiles, sur le plan budgétaire, et sont inquiets quant à leur capacité à assurer une prise en soins de qualité pour l’année 2024 et au-delà.

L’hospitalisation privée alerte sur une situation budgétaire préoccupante

Lamine Gharbi, le Président de la Fédération de l’Hospitalisation Privée, n’a pas dérogé à la règle lors de la Conférence de presse qu’il a organisée ce 14 novembre 2023 pour expliquer les raisons de son inquiétude. Il a, en préambule, rappelé que les 1030 établissements du secteur privé étaient confrontés à la même inflation que leurs homologues du public sans pour autant disposer des mêmes soutiens de l’État. Dans un contexte de perte d’attractivité pour les soignants et la pénurie de professionnels qui sévit, il a annoncé que, si rien n’était fait, plus de 50% des établissements seraient déficitaires en 2023.

Il a souhaité, à cette occasion, rappelé l’influence globale du secteur privé dans le système de Santé français, ainsi que le taux de confiance de 78% que les habitants de l’hexagone lui accordent. Mais malgré ce succès, leur situation budgétaire est précaire car les coûts ont bondi de 5% en 2023 par rapport à l’année précédente, dont 3,3% n’ont pas été compensés. Lamine Gharbi a assuré avoir alerté plusieurs fois les pouvoirs publics sur cette conjoncture dangereuse en leur demandant, notamment d’adopter une vision comptable de la situation à plus long terme et de rétablir le taux de financement du privé, qui assure, selon lui, 35% de l’activité hospitalière et ne reçoit que 18% des financements.

L’ONDAM 2024 serait insuffisant dans les prévisions du PLFSS

L’inflation qui étouffe le pays depuis près de trois ans est donc l’un des principaux responsables de la situation, qui est aggravée par la perte d’attractivité des métiers soignants et par la pénurie de personnels qui en découle. Lamine Gharbi a donc réitéré, lors de cette conférence de presse, son appel aux pouvoirs publics, rappelant que la Santé est financée à plus de 90% par la Sécurité sociale, elle-même budgétée par les cotisations sociales.

Ce constat l’a tout naturellement amené à évoquer le PLFSS 2024, qui ne prévoit pas de rallonge pour compenser l’inflation, alors que, a-t-il souligné, il manque plus de 1,5milliards d’euros dans l’Objectif National des Dépenses d’Assurance Maladie (ONDAM), soit seulement 0,59% de son montant total fixé pour 2024. Il a également renouvelé ses demandes de réforme du financement des secteurs des Soins Médicaux et de Réadaptation et des soins psychiatriques via une augmentation des dépenses, respectivement de 87 millions et de 54 millions d’euros.

Un effet ciseaux qui réduit considérablement la productivité

Mais le problème majeur vient de la réduction de la marge de manœuvre des établissements de Santé privés créée par les coûts de fonctionnement. « Nous faisons de la sur exécution aujourd’hui, car le secteur public ne peut pas assurer les soins qui lui sont attribués, a-t-il conclu. Mais il existe un effet ciseaux, sur le plan économique, qui fait que plus nous travaillons, moins nous sommes productifs. »

Il a regretté, enfin, que le Protocole pluriannuel des ressources des établissements de Santé n’ait pas été renouvelé et du manque de visibilité qui découle de cette situation. « La Santé, c’est l’univers du temps long », a-t-il martelé.

Bruno Benque
Rédacteur en chef www.cadredesante.com
bruno.benque@gpsante.fr
@bbenk34.


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