lundi 8 avril 2024, par
L’Académie Nationale de Médecine fait des recommandations, dans un Rapport récent, pour minimiser l’impact de l’exposome sur la Santé des populations. Cet exposome aux composantes chimiques, biologiques, mais aussi psychologiques et sociales est appelé à intégrer la pratique clinique et l’Académie souhaite voir développer la recherche dédiée pour améliorer la prévention sanitaire.
Il est désormais admis que la prise en charge de la Santé des populations ne se cantonne pas aux seuls soins mais doit englober d’autres notions telles que la prévention, la carte génétique, le mode de vie ou la qualité de l’environnement, plus communément dénommé exposome.
L’Académie Nationale de Médecine fait des recommandations pour minimiser l’impact de l’exposome sur la Santé des populations
L’exposome correspond en effet à l’ensemble des expositions, notamment à des agents chimiques, biologiques, physiques, mais également des stress psycho-sociaux, que les populations subissent tout au long de leurs vies. Ces expositions sont, pour certaines d’entre elles, évitables, ce qui permet d’envisager des actions pour les minimiser. C’est dans ce cadre que l’Académie Nationale de Médecine a publié, le 26 mars 2024, un Rapport expliquant les différents aspects de cet exposome, ses origines, son impact sur la Santé des individus, et émis des recommandations pour le minimiser, en excluant d’emblée les maladies infectieuses et parasitaires et les effets indésirables dus aux médicaments et accidents thérapeutiques.
Par cette initiative, l’Académie souhaite « ancrer la notion d’exposome dans le quotidien des populations et prévenir les impacts sanitaires de la crise environnementale ». Elle envisage ainsi d’améliorer les capacités de mesurer des expositions, de développer les services sanitaires capables d’explorer et d’interpréter les impacts de ces expositions, d’intégrer la prise en compte de l’exposome dans les évolutions de la réglementation. Le but ultime est de développer une prévention à l’échelle populationnelle et personnalisée tenant compte notamment du sexe et du stade de développement, d’intégrer cette notion dans la pratique clinique et de proposer un programme de recherche dédié.
Un exposome aux composantes chimiques, biologiques, mais aussi psychologiques et sociales
Elle recommande tout d’abord d’améliorer les capacités de mesure de l’exposome et de ses impacts sanitaires, par la conception et l’implantation de capteurs et d’analyseurs de l’environnement ou par la création d’une unité nationale pour la détection des dangers émergents biologiques et chimiques grâce à la méthode de l’épidémiologie des eaux usées. Elle souhaite d’autre part voir élaborer un indice intégrant les différentes composantes de l’exposome social qui intégrerait le niveau socio-économique, l’éducation, le logement, etc. en tenant compte du sexe et du genre dans l’étude de l’exposome et de ses impacts.
Un deuxième champ de recommandation est proposé par l’Académie, qui consiste à prendre des mesures de gestion pour limiter les expositions et leurs impacts sur la Santé des populations. Elles ciblent les Agences Régionales de Santé (ARS) afin qu’elles poursuivent l’appropriation du concept d’exposome, de même que Santé publique France, l’INERIS et l’IRSN notamment et que, à terme, l’on puisse réviser les valeurs seuil réglementaires qui ne tiennent pas compte, aujourd’hui, des agents chimiques, physiques et biologiques. Dans le même ordre d’idées, elle appelle le renforcement des centres régionaux de pathologies professionnelles et environnementales (CRPPE) pour vérifier qu’ils ont bien acquis les compétences dans le champ environnemental.
Intégrer cette notion dans la pratique clinique et développer la recherche dédiée pour améliorer la prévention
L’Académie édite enfin un certain nombre d’autres recommandations visant à améliorer la communication relative aux risques environnementaux, à créer un « toxiscore » sur le risque de toxicité des produits de consommation, à inclure les impacts du changement climatique et de la perte de biodiversité dans l’exposome, ou d’intégrer cette notion dans la pratique clinique afin de familiariser les professionnels de santé avec une liste des dangers et des facteurs d’exposition dans le but de favoriser les préventions primaire et secondaire.
Le milieu professionnel n’est pas oublié dans ce document, puisque les produits chimiques, le bruit, les rayonnements, le stress psycho-social nécessitent une vision globale des expositions et de leurs impacts sanitaires en milieu professionnel, accompagnée d’une formation dédiée pour les médecins du travail. Un programme national de recherche sur l’exposome est enfin envisagé, dans le but de mieux identifier les déterminants, les mesures et les impacts de l’exposome et d’élaborer des méthodes de prévention des risques. L’Académie décline d’ailleurs les composantes de ce programme sous forme de recommandations précises.
Bruno Benque
Rédacteur en chef www.cadredesante.com
bruno.benque@gpsante.fr
@bbenk34.