mardi 29 août 2023, par
Alors que la pandémie est loin derrière nous, la situation financière des établissements de Santé publics reste très compliquée. C’est en substance ce qu’annonce le Président de la FHF, Arnaud Robinet, dans un communiqué récent. Pourtant, des investissements significatifs sont nécessaires pour assurer la continuité du système. Il faudra donc, d’urgence, élaborer de nouveaux modèles économiques dans ce secteur.
L’été 2023 n’a pas encore rhabillé les derniers plagistes que déjà la prochaine Loi de Financement de la Sécurité Sociale 2024 s’invite dans l’actualité. Elle apparaît sous la forme d’un communiqué du 24 août 2023 émanant du Président de la Féd&ration Hospitalière de France, Arnaud Robinet.
Les hôpitaux sous l’effet conjugué de l’inflation et de la baisse d’activité
Celui-ci n’y va pas par quatre chemins puisqu’il annonce que le déficit structurel des hôpitaux devrait doubler par rapport à la situation antérieure à la pandémie, passant de 500 millions d’euros environ à 1 milliard d’euros, sous l’effet combiné des dépenses qui évoluent fortement du fait des nécessaires mesures de revalorisations salariales et de l’inflation et des recettes qui stagnent, faute à niveau d’activité toujours inferieur au niveau d’avant-crise, en raison d’une pénurie de personnels soignants récurrente qui entraine de nombreux reports de prise en charge et des taux de remplissage fortement réduits.
Une situation budgétaire tout aussi alarmante pour les EHPAD
La situation des EHPAD publics est tout aussi alarmante, voire plus dans certains cas. Le communiqué d’Arnaud Robinet annonce un taux de 85 % des EHPAD qui sont en situation déficitaire à la fin de l’exercice budgétaire 2022 du fait d’une baisse d’activité liée elle aussi au manque de personnels, de l’inflation, qui est plus rapide que l’évolution des tarifs, et de la hausse des salaires. Pour 2023, il estime que les besoins de financements supplémentaires de la branche autonomie sont de 500M€ et demandera pour 2024 un taux d’évolution de 5,22 % (hors mesures d’investissements), sans compter le nécessaire plan d’investissement que la FHF évalue à 500M€ par an afin d’adapter l’offre médico-sociale à l’évolution démographique ou à la transition énergétique notamment.
Des investissements nécessaires malgré la crise
Mais pour revenir à l’hôpital, il prévoit une évolution des charges médicales, hôtelières et générales de l’ordre de 15 % en 2024, alors qu’il annonce un sous-financement des coûts liés à l’inflation au sein de l’ONDAM hospitalier 2023 à plus de 1 Md€ pour les seuls hôpitaux publics, alors que l’évolution de la grille des praticiens hospitaliers n’a pas encore été discutée. Nous ne nous attarderons pas sur cette suite de chiffres vertigineuse et nous vous invitons à les consulter directement dans le communiqué cité plus haut.
Nous préférons évoquer ici, pour compléter le tableau, les investissements que devront engager les hôpitaux pour, à la fois, assurer une politique de Santé durable, équiper et former les professionnels qui le nécessitent aux usages numériques ou financer les installations d’imagerie médicale lourde dont les autorisations sont en progression, entre autres.
L’urgence d’élaborer de nouveaux modèles économiques
Sans vouloir noircir le tableau, nous craignons que la rentrée ne s’annonce mouvementée. La situation décrite appelle à se pencher rapidement sur de nouveaux modèles économiques susceptibles de colmater ce qui apparaît comme un puits sans fond, sur de nouvelles formes d’acculturation des populations pour leur rappeler que la Santé n’est pas gratuite, afin de connaître à moyen terme, peut-être, des jours meilleurs. Car cette valse des chiffres et des déficits aura un impact, sans aucun doute, sur la participation du contribuable, ce qui n’est jamais très populaire...
Bruno Benque
Rédacteur en chef www.cadredesante.com
bruno.benque@gpsante.fr
@bbenk34.