lundi 25 mars 2019, par
Alors que le Grand débat a vu, le 18 mars 2019, sa phase de recueil de doléances s’achever, nous vous présentons en exclusivité les résultats d’une enquête initiée par le Groupe Profession Santé auprès des professionnels de Santé. Elle a fait l’objet d’une participation significative sur des sujets aussi variés que l’organisation du système de Santé, l’amélioration du parcours de soins, ainsi que leur niveau de reconnaissance des tutelles et de leur représentativité auprès des syndicats.
En février dernier, le Groupe Profession Santé et ses médias spécialisés - cadredesante.com, Infirmiers.com et aide-soignant.com, Le Quotidien du Médecin, Le Généraliste,Le Quotidien du Pharmacien - invitaient les professionnels de santé à répondre à une grande enquête sur leurs perceptions de la place de la santé dans le cadre du Grand Débat National ; une enquête décryptée par Odoxa.
Une participation significative à l’enquête initiée par nehs
Cette enquête a tout d’abord interrogé un échantillon de 1 001 personnes représentatives, selon la méthode des quotas appliqués au sexe, à l’âge et à la profession de l’interviewé après stratification par région et catégorie d’agglomération, de la population française âgée de 18 ans et plus. Une enquête similaire a été réalisée auprès d’un échantillon de professionnels de santé, interrogés par Internet du 21 février au 14 mars 2019, à laquelle ont répondu 929 médecins généralistes, 1 040 médecins spécialistes, 41 internes, 495 infirmiers, 120 aides-soignants, 16 sages-femmes, 502 pharmaciens, 130 autres professionnels en santé, ainsi que 93 cadres de santé et professionnels administratifs.
Rappelons que le Grand Débat National, dont la phase de participation a été clôturée le 18 mars 2018, a recueilli 1 932 884 contributions, 16 000 cahiers citoyens, 10 000 courriers et courriels reçus et 10 452 réunions locales. La publication des synthèses, travail titanesque, est attendu courant avril.
De nombreuses thématiques abordées dans cette enquête
Les professionnels de Santé, nous l’entendons sur tous les territoires, ne se sentent pas vraiment écoutés. Par le biais de cette enquête, nehs a souhaité leur donner la parole, à la fois en leur demandant leurs arbitrages sur toutes les questions fermées, mais aussi en leur permettant de s’exprimer librement et d’apporter leurs contributions au Grand Débat National sur les questions de Santé. Voici donc, en exclusivité pour les lecteurs de cadredesanté.com, les résultats de cette enquête. Leur intérêt et leurs attentes recouvrent en priorité la reconnaissance et la revalorisation de leurs statuts, les activités propres à chaque métier sanitaire et la gouvernance ainsi que l’organisation du système de santé. Les conditions de travail, l’amélioration de l’accès aux soins par une meilleure répartition de l’offre médicale au sein des territoires sont également plébiscités.
Lutte contre les actes inutiles et travail en coopération
Les professionnels de Santé annoncent à 72% savoir en quoi consiste le Grand Débat National, 62% affirment y avoir contribué et 52% assurent qu’il aboutira à des mesures utiles pour le pays. Pour améliorer les parcours de soins, ils préconisent, dans cette étude, de consacrer plus d’argent pour la santé et la majorité refusent la fermeture des structures de soins locales ayant une trop faible activité. Pourtant, ils ne sont pas sans savoir que la qualité des soins est souvent discutable dans ces établissements, suivant les soins qui y sont prodigués. Et pour équilibrer les comptes de l’Assurance maladie, la lutte contre la prescription d’actes médicaux injustifiés. Ces deux thématiques recueillent 52% des voix des médecins, pharmaciens et paramédicaux. 79% à 93% de ces derniers éprouvent, d’ailleurs, le besoin de travailler en coopération afin de réduire les actes injustifiés.
Les communautés territoriales préférées à l’avènement des auxiliaires médicaux
La stratégie nationale de santé, quant à elle, n’est pas connue de 63% des professionnels de santé et ceux qui la connaissent se montrent plus souvent critiques (22%). Mais notons ici que 33% des cadres de santé y sont favorables. Parmi les mesures portées par cette stratégie, la fin du numerus clausus est diversement considérée. 67% des soignants l’approuvent, de même que 65% des médecins (65%). Seuls les internes y sont opposés à 61%, tandis que les cadres de santé sont les paramédicaux les plus favorables, à 83%. Ils se distinguent d’ailleurs dans d’autres domaines dans les résultats de cette enquête. Ainsi, ils sont les plus favorables (58%) à la diversification des modes de financement des soins, à la labellisation de 500 hôpitaux de proximité (76%) et les plus réticents à l’avènement des auxiliaires médicaux (52% sont contre). Au niveau local, ils sont d’accord à 69% avec le déploiement des Communautés professionnelles territoriales de santé (CTPS).
Des professionnels de Santé mal reconnus et mal représentés
Reste le sempiternel problème de reconnaissance que ressent l’ensemble des professionnels de Santé. Pour une majorité d’entre eux, les institutions en charge de les représenter ne jouent pas bien leur rôle, de même que les tutelles qui pilotent le système de santé. Et les cadres sont en première ligne sur ce champ, puisqu’ils sont 65% à affirmer que les syndicats professionnels ne sont pas efficaces pour les représenter. Ils pensent à 39%, d’autre part, que la CNAM fait bien son office. Ils ne semblent pas connaître, de plus, le rôle du Conseil national professionnel (CNP) relatif à leur filière d’origine pour 25% d’entre eux.
Les professionnels de Santé se sentent donc, en majorité, très mal représentés. Ils sont en effet convaincus que leur parole de soignants n’est pas écoutée, que ce soit au niveau « micro » ou au niveau « macro », 77% de ces derniers estimant qu’ils ont aujourd’hui moins de place qu’auparavant dans le pilotage du système de soins.
Le Grand débat aura au moins permis aux professionnels de Santé interrogés, au final, de s’exprimer sur leurs attentes et leurs besoins, qui sont, nous l’avons vu, nombreux. D’autres ont répondu, à peu près de la même manière sur les mêmes thématiques, aux questions élaborées par la FHF, la Mutualité française ou la FEHAP. Le gouvernement les entendra-t-il ? Pas sûr, étant donné le volume de réclamations auquel ce dernier devra faire face dans de nombreux domaines.
Bruno Benque
Rédacteur en chef www.cadredesante.com
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