vendredi 5 octobre 2018, par
Dans le cadre de son édition 2018, l’Observatoire de la Mutualité française a confié à Harris Interactive une enquête relative au ressenti des français vis à vis de la perte d’autonomie et de sa prise en charge. Les résultats n’engagent pas à l’optimisme, les dépenses mobilisées étant supérieures au niveau moyen des retraites et les projections montrant un nombre toujours plus grand de personnes invalides et toujours moins d’aidants informels.
La question de la perte d’autonomie fera sans aucun doute partie des préoccupations majeures des générations prochaines, notamment les sujets relatifs à sa prise en charge.
Des dépenses estimées à 30 milliards d’euros par an
La Mutualité française vient de communiquer, sur ce thème, sur deux études sur ce sujet sensible. Réalisées par Harris Interactive ces enquêtes dont l’objectif était de recueillir le ressenti de la population, confirment que la perte d’autonomie est bien un des premiers sujets de préoccupation des Français. Car, outre les contraintes liées aux différents handicaps physiques, cognitifs ou psychologiques, les dépenses liées à la prise en charge des personnes en perte d’autonomie sont significatives - estimées à 30 milliards d’euros -, une partie de ces dépenses de santé, d’accompagnement à la vie quotidienne ou d’hébergement étant assurée par les aidants familiaux ou les organismes sociaux notamment. Reste que 79% de ces financements vient des pouvoirs publics et de la solidarité nationale.
Des restes à charge supérieurs aux revenus moyens des retraités
Que révèle l’étude Harris Interactive dans ce contexte ? Les résultats montre tout d’abord qu’un aidant sur deux déclare y consacrer du temps tous les jours, pour les démarches administratives et l’organisation de la vie quotidienne, les soins (35% des aidants), l’hébergement au moins occasionnel (20%) et l’aide financière (19%). Pour les personnes résidant en EHPAD, un mois d’hébergement pour une personne sévèrement dépendante (GIR 1 et 2) coûte en moyenne 2 450 euros, avec un reste à charge de 2 000 euros et de fortes inégalités régionales, voire départementales. Autant dire, et le communiqué de la Mutualité française le souligne, que les niveaux de dépenses sont supérieurs aux revenus moyens des retraités une fois les aides publiques déduites.
Des aidants à domicile bientôt moins nombreux
Et nous n’avons pris en compte jusqu’à présent que le niveau moyen de perte d’autonomie. Car le reste à charge peut dépasser les 4 000 euros par mois pour les personnes vivant à leur domicile et handicapées sévèrement. L’enquête montre également que c’est à domicile que l’intervention des aidants, en particulier des membres de la famille, est la plus courante, une aide informelle évaluée à 11 Milliards d’euros. Or, selon l’édition 2018 de l’Observatoire de la Mutualité française, la proportion d’aidants informels (conjoints et enfants) par rapport au nombre de personnes en perte d’autonomie est en passe de diminuer de façon significative, à hauteur de 20% pour les hommes et de 10% pour les femmes entre 2000 et 2040.
Les mutuelles pourront-elles prendre le relais ?
Ajoutons à toutes ces variables un doublement de la population de plus de 85 ans entre 2017 et 2015, ainsi que des personnes en perte d’autonomie d’ici 2016 et un niveau de vie des retraités prévu à la baisse, nous pouvons craindre une situation inextricable à moyen terme. Les mutuelles pourront-elles amortir le choc ? Thierry Beaudet, Président de la Mutualité française, se veut rassurant : « Les mutuelles peuvent, en complément de la solidarité nationale, proposer des solutions pour aider les Français dans la prise en charge de leur perte d’autonomie », explique-t-il.
Mais à quelle hauteur ?...
Bruno Benque
Rédacteur en chef www.cadredesante.com
bruno.benque@cadredesante.com
@bbenk34