mardi 21 mars 2023, par
À quelques jours de la fin des travaux de la Convention citoyenne sur le fin de vie, la Société Française d’Étude et de Traitement de la Douleur (SFEDT) monte en première ligne pour diffuser l’expérience des spécialistes de la douleur, le GPS Douleur & Fin de vie en tête. La SFEDT présente ainsi son approche interdisciplinaire en faveur d’une offre thérapeutique complémentaire non médicamenteuse et émet quelques recommandations afin que les actions de prévention, de dépistage et de contrôle de la douleur soient diffusées plus largement.
Depuis le 9 décembre 2022, la Convention citoyenne sur la fin de vie, qui comprend 185 citoyens tirés au sort, se réunit régulièrement durant des weekends de trois jours afin de discuter des dispositions qui pourraient, dans un futur proche, guider le législateur dans ce domaine.
Les experts du GPS Douleur & Fin de vie acteurs majeurs de la réflexion
Les travaux ont été denses et fructueux et, lors de la 7ème session, des propositions avaient été faites en faveur de l’amélioration du cadre actuel de l’accompagnement de la fin de vie et le renforcement des soins palliatifs. La 8ème session a quant à elle acté une ouverture de l’aide active à mourir, sous conditions et des parcours d’accès. La prochaine session, qui verra la convention se réunir pour la dernière fois les 31 mars, 1er et 2 avril, se prononcera sur les critères d’accès au processus et votera l’adoption définitive de ses travaux pour ensuite exprimer sa réponse finale au Gouvernement.
Si ce débat national n’agite que faiblement le concert politico-médiatique, occupé pour l’instant par la réforme des retraites, il mobilise tout de même un certain nombre d’acteurs désireux d’appréhender le problème de manière globale et de le traiter de manière exhaustive. C’est le cas de la Société Française d’Étude et de Traitement de la Douleur (SFEDT), ainsi que d’un groupe projet spécifique pluriprofessionnel, le GPS Douleur & Fin de vie, composé, autour du Pr Éric Serra (psychiatre - vice-président de la SFETD), du Dr Denis Baylot (médecin en CLCC), du Dr Luis Garcia-Larrea (directeur de recherche INSERM douleur), du Dr Bernard Laurent (PUPH neurologie), de Bénédicte Lombart (IDE), d’Anne Masselin-Dubois (psychologue MCU), du Dr Julien Nizard (PUPH douleur et SP), de Simon Rochat (IDE), de Pascale Thibault (IDE) et du Dr Marguerite d’Ussel (médecin douleur).
Une approche interdisciplinaire qui développe une offre thérapeutique complémentaire
L’objectif de ce groupe de travail est de contribuer à la réflexion éthique sur la fin de vie en apportant son expertise sur l’évaluation et la prise en charge pluriprofessionnelle de la douleur auprès de la convention citoyenne et des parlementaires notamment. Il s’agit de profiter de la longue expérience des 250 Structures Douleur Chronique, Consultations et Centres d’Étude et de Traitement de la Douleur, qui gèrent au quotidien les douleurs chroniques avec une approche interdisciplinaire et personnalisée du patient, à la fois somatique, psychologique et sociale. Elles ont développé notamment une offre thérapeutique complémentaire non médicamenteuse incluant la Stimulation Nerveuse Électrique Transcutanée (TENS), l’hypnose ou la méditation.
Des approches d’autant plus pertinentes que le symptôme douleur couvre un spectre large avec ses dimensions physiques, psychologiques, existentielles, sociales et spirituelles, et, lorsqu’elle atteint un niveau chronique trop intense, suggère au patient une motivation potentielle à l’euthanasie. Mais la SFEDT va plus loin dans sa réflexion et traite également, dans ce débat sur l’aide à mourir, des symptômes douloureux extrêmes sans lien avec une maladie dont le pronostic vital est engagé à court terme. Cette thématique fera sans doute l’objet d’un nouveau débat.
Des recommandations visant à diffuser largement les actions de prévention, dépistage et contrôle de la douleur
Pour l’heure, la SFEDT participe au débat sur la fin de vie en faisant quelques recommandations. Elle souhaite ainsi que les patients concernés puissent accéder partout sur le territoire aux techniques éprouvées thérapeutiques médicamenteuses et non médicamenteuses de la douleur. Elle appelle ensuite à une collaboration précoce entre professionnels compétents pour la prévention, le dépistage et le contrôle de la douleur. Elle juge pertinent que des actions soient menées pour améliorer la connaissance de la Loi Claeys-Leonetti, qui est, selon elle, largement insuffisante, ce qui biaise les sondages sur le sujet sensible du suicide assisté ou de l’euthanasie.
Il reste quelques jours pour réfléchir à ce sujet éthique et pour diffuser au plus grand nombre les recommandations de la SFEDT afin que la gestion de la douleur en fin de vie – ou pas – reste un critère majeur des débats sur l’aide à mourir.
Bruno Benque
Rédacteur en chef www.cadredesante.com
bruno.benque@gpsante.fr
@bbenk34.