mardi 13 juillet 2021, par
Alors que la vaccination fait figure de pré-requis pour tenter de venir à bout de la pandémie de COVID-19 et de ses variants les plus tenaces, le Président de la République a montré les dents, le 12 juillet 2021 au soir, pour, sinon convaincre, obliger les récalcitrants à aller se faire vacciner. L’occasion pour nous de revenir sur un article qui date de plus de trois mois et qui semble d’une actualité brûlante. Car en effet, les français qui ne souhaitaient pas faire l’objet de ce traitement préventif n’ont toujours pas changé d’avis, de même que les soignants qui étaient sur la même lignée. Sauf que ces derniers, s’il veulent continuer à travailler, devront obligatoirement s’y soumettre.
Dans la course contre la montre que la société livre pour rendre bientôt la pandémie de COVID-19 hors d’état de nuire, la vaccination généralisée est désormais une condition nécessaire, bien que pas suffisante.
Une frange de la population encore récalcitrante pour se faire vacciner
Mais une partie de la population résiste encore à suivre cette tendance, par ignorance souvent, par conditionnement issu de réseaux sociaux pas toujours cohérents dans leurs prises de positions, ou par principe idiot de ne pas se conformer aux recommandations officielles quel que soit le sujet abordé ou le risque encouru. Une étude internationale conduite par Dynata, la grande plateforme internationale de recueil de données, a interrogé plus de 1 000 répondants français la semaine du 15 mars 2021. Elle montre qu’un Français sur trois essaiera d’obtenir le vaccin immédiatement dès qu’il sera disponible pour lui. Mais 14,6% des français ne souhaitent pas se faire vacciner du tout, un taux qui monte à 23% chez les 25-34 ans.
Le Président Emmanuel Macron, dans son discours du 12 juillet 2021, a posé un certain nombre de règles qui sonnent comme autant d’injonctions à aller se faire vacciner pour les récalcitrants. Ces derniers seront en effet privés de restaurant, de bistrot, de cinéma, de voyages en train et en avion, etc.
Un refus d’obtempérer inacceptable de la part de professionnels de Santé
Nous serions tentés de reconnaître que ceux-là, s’ils n’abusent pas de rassemblements et s’ils respectent les gestes barrières, ne sont dangereux que pour eux-mêmes et prennent ainsi leurs responsabilités. Mais lorsque ce positionnement vient des personnels soignants, il devient alors inacceptable, car, en plus de se mettre en danger, ces proessionnels deviennent un risque pour les patients dont ils ont la charge. Ils ne peuvent pourtant pas arguer d’un manque d’information, eux qui sont quotidiennement, et depuis longtemps pour certains, immergés dans un environnement fait de contrôle de la qualité de l’hygiène hospitalière et de lutte contre les infections nosocomiales. Les soignants qui interviennent en ville, et donc en partie au domicile des patients, savent eux aussi mieux que quiconque les ravages que peut entrainer la circulation des bactéries et des virus de proche en proche. Ceux-là ne peuvent donc pas ignorer le risque qu’ils font prendre à leurs patients s’ils ne se font pas vacciner.
Pour les personnels soignants, le message est clair désormais : si, au 15 septembre, ils n’ont pas reçu leur double dose, ils ne pourront plus exercer et ne seront dès lors plus rémunérer. Ça risque d’en faire réfléchir plus d’un...
Une représentativité professionnelle très impliquée dans l’information des soignants
Ils ne peuvent d’autant pas l’ignorer que la majorité des sociétés savantes et des syndicats de soignants sont montés dernièrement au créneau pour rappeler leurs ouailles à leur devoir de vaccination contre le COVID-19. Les ordres des professions de Santé tout d’abord, on publié un communiqué dans lequel ils rappellent que « cela relève de leur devoir déontologique, ... et parce qu’il est impératif qu’ils puissent eux-mêmes se protéger contre le virus, ainsi que leurs proches, et freiner la propagation de l’épidémie ». L’Académie Nationale de Médecine s’est d’ailleurs prononcée, le 9 mars 2021, sur le principe d’une obligation vaccinale pour les professionnels de Santé, annonçant dans un document publié le 9 mars 2021 que « la population des soignants est à l’origine de 34% des cas groupés d’infections nosocomiales à SARS-CoV-2 ».
Les mentalités évoluent dans le bon sens, sauf chez les étudiants en Santé
Il semble toutefois que les mentalités évoluent dans le bon sens depuis quelque temps. Une enquête IFOP commandée par la Mutuelle Nationale des Hospitaliers (MNH) en mars 2021 a sondé un échantillon de 1035 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, ainsi que de 5 250 professionnels hospitaliers - 161 étudiants, 1 823 actifs hospitaliers, 3 104 retraités hospitaliers et 162 décideurs hospitaliers - pour connaître leur opinion à propos de la vaccination contre le COVID. Les Français, qui n’étaient que 41% en novembre 2020 à souhaiter se faire vacciner étaient en mars dernier 65%. Et chez les professionnels hospitaliers, ce taux montait à 82%. Ce n’était encore pas assez mais cela dénotait d’une prise de conscience plus altruiste.
Reste que les étudiants en Santé ne sont quant à eux que 60% à avoir l’intention de se faire vacciner ou qui le sont déjà. Ceux-là affirment avant tout vouloir protéger les autres (70%) et jugent le vaccin incontournable (61%), affichant leur attachement à la déontologie. Est-ce à dire que les 40% restant ne se sentent pas concernés par la protection des autres ni par les recommandations des scientifiques ou des tutelles ? Si tel est le cas, jeunes irresponsables, abandonnez les études en Santé et changez de voie...
Bruno Benque
Rédacteur en chef www.cadredesante.com
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