La satisfaction des patients pour l’éducation thérapeutique, un champ de recherche paramédicale à exploiter

lundi 25 octobre 2021, par Bruno Benque

L’éducation thérapeutique des patients est aujourd’hui largement développée au sein des établissements de Santé, dans un but de diffuser les bons comportements de la vie courante en Santé, ou le plus souvent pour permettre aux patients de traverser les parcours de soins avec moins de craintes. Mais comment évaluer la satisfaction de ces patients envers ces processus de sensibilisation et d’information ? Un travail de recherche a été récemment mené sur ce thème, qui place l’accompagnement, l’acquisition de connaissances et de compétences, mais aussi le maintien des relations sociales comme critères majeurs de satisfaction.

La large couverture médiatique de la campagne Octobre Rose, qui promeut le dépistage du cancer du sein tous les ans au mois d’octobre, est un exemple à grande échelle des actions de sensibilisation à la Santé qui font partie de l’Éducation Thérapeutique du Patient (ETP).

L’éducation thérapeutique pour traverser des parcours de soins exigeants

Ce concept, qui s’est développé dans nos établissements de Santé depuis une vingtaine d’année, vise à permettre aux patients de développer leurs aptitude à adopter des comportements susceptibles e limiter les risques, ou bien, lorsqu’ils sont atteints d’une pathologie d’appréhender au mieux leurs parcours de soins. Ils doivent pour cela acquérir certaines connaissances, afin d’être capable d’adopter de nouvelles habitudes de vie pour un avenir en Santé. L’ETP recouvre donc des notions de sensibilisation, donc, d’information, ou d’acquisition de compétences pour gérer leur maladie, les traitements, voire l’environnement hospitalier. Les patientes atteintes d’un cancer du sein peuvent, grâce à de tels dispositifs d’ETP, traverser le parcours de soins fait d’aller-retours au bloc opératoire, en radiothérapie, en chimiothérapie, voire en chirurgie réparatrice, avec plus d’assurance, du moins avec moins de crainte.

Un travail de recherche pour évaluer le niveau de satisfaction des patients concernant l’ETP

C’est sans doute dans ces conditions que Blandine Labbé-Plinton, Professeur de Marketing chez Audencia et ancienne patiente à l’Institut de Cancérologie de l’Ouest (ICO), a appréhendé son parcours de soins. Et comme ses activités de chercheuse la conduisent à étudier le comportement des consommateurs, elle a mené, avec sa collègue Cindy Lombard, un travail de recherche pluridisciplinaire - le Dr Virginie Berger, du Département ETP de l’ICO et Didier Louis, Maître de Conférences, IUT Saint-Nazaire, Laboratoire d’Economie et de Management (LEMNA) ont également pris part à ce travail - sur le thème de l’ETP et sur le concept de valeur perçue pour les patients, et plus spécifiquement sur la compréhension de leur satisfaction d’un programme d’ETP en oncologie. Elles ont testé un modèle de recherche, qu’elles ont commenté dans un article publié dans le web magazine « The Conversation », auprès de 207 patientes traitées pour un cancer du sein afin d’évaluer les cinq critères majeurs de satisfaction ressentis par les patientes envers les processus d’ETP.

Acquérir des connaissances pour mieux appréhender l’environnement sanitaire

C’est tout d’abord le soutien et l’accompagnement, sur un plan humain, tout au long de leur parcours de soins ou à certaines étapes qui les a aidées à mieux s’adapter aux conséquences physiques des traitements comme aux épreuves émotionnelles et psychosociales provoquées par leur maladie. L’acquisition des connaissances utiles et fiables sur leur parcours de soins fait également partie des motifs de satisfaction des patientes, qui leur a permis de mieux comprendre les traitements, les précautions à prendre pour limiter leurs effets indésirables, les comportements à adopter pour maintenir leur qualité de vie, mais aussi, et c’est très important, à mieux intégrer les informations apportées par leurs oncologues qui, c’est de notoriété publique, utilisent quelquefois des termes alambiqués à des moments où les patientes ne sont pas « en capacité de les entendre ou de les comprendre ».

De nouvelles compétences pour plus d’autonomie thérapeutique et garder de saines relations sociales

L’acquisition des compétences relatives à l’autosurveillance, à l’autosoins, à la sécurité, ou à l’adaptation pour mieux gérer les effets indésirables des traitements et identifier plus facilement les ressources disponibles dans l’environnement hospitalier font partie d’autre part des points d’intérêt de l’ETP pour les patients. De même que la confiance apportée pour devenir « acteur » de leur parcours de soins et gérer à leur rythme les contraintes liées aux soins. Mais le critère qui revêt le plus d’importance à nos yeux est la capacité à garder des relations sociales actives durant cette période. Trop de malades sont tentés de se recroqueviller sur eux mêmes, se sentant handicapés ou ne souhaitant pas croiser le regard de l’autre. Les patientes incluses dans ce travail de recherche ont exprimé leurs aptitudes à mieux vivre et à partager leur expérience avec leur entourage sanitaire, amical ou familial, de même qu’à se protéger de l’isolement.

Un large champ d’étude pour la recherche paramédicale

Même si les chercheuses identifient quelques limites à leur travail, comme l’aspect monocentrique de leur recherche - seulement des approches collectives de l’ETP à l’ICO -, la prise en compte d’un seul type de cancer ou une faible cohorte de patients, elles ont montré que le niveau de satisfaction des patientes a un impact positif et significatif sur « leur attitude et intentions de bouche-à- oreille à l’égard de l’ETP ». Cette recherche devrait toutefois permettre aux acteurs impliqués de mieux valoriser les apports de l’ETP pour les patients et de favoriser ainsi l’accès à cette pratique et ouvre un champ de recherche paramédicale de choix pour peu que l’on y intègre de nouvelles variables relatives aux profils socioculturels, aux niveaux de littératie en santé, aux parcours de soins, voire aux processus mêmes de formation mis en place pour l’TP au sein des établissements de Santé.

Bruno Benque
Rédacteur en chef www.cadredesante.com
bruno.benque@cadredesante.com
@bbenk34


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