Les fondements du seul modèle de système de Santé viable au XXIème siècle

mardi 26 octobre 2021, par Bruno Benque

Le seul modèle viable de système de Santé au XXIème siècle doit être responsable et solidaire. C’est en substance ce que révèle l’ouvrage de Frédéric Bizard, « L’Autonomie solidaire en Santé », qui place les déterminants de Santé, au lieu des déterminants médicaux, l’approche territoriale populationnelle et préventive, ainsi que la démocratie sanitaire comme les nouveaux fondements majeurs d’un système de Santé pérenne. Explications...

En cette période pré-électorale, de nombreux acteurs et observateurs mettent en lumière leurs idées, leurs travaux, voire leurs croyances en vue de peser sur le scrutin présidentiel de mai 2022.

Vers un nouveau modèle de Santé solidaire

Le secteur de la Santé ne fait pas exception à cette règle, quelques propositions d’évolution du système de Santé français, voire de révolutions, se faisant entendre ça et là. Et c’est bien une révolution que souhaite mettre en exergue l’Institut Santé au travers de son nouveau modèle, une révolution appuyée par la sortie du livre « L’Autonomie solidaire en Santé » qu’a écrit son fondateur Frédéric Izard. Il s’agit pour lui du « seul modèle de santé viable qui répondra aux enjeux du XXIe siècle tout en respectant les fondamentaux de notre culture et en y intégrant l’ensemble des acteurs existants. » Il tente de démontrer, tout au long de cet ouvrage, comment la santé peut créer de la richesse, contribuer à réduire les inégalités sociales et devenir un enjeu géopolitique.

Des déterminants de Santé en lieu et place des déterminants médicaux

Mais quels sont les critères majeurs pouvant influer sur une refonte globale du système ? L’Institut Santé a tout d’abord axé sa réflexion sur la prise en compte des déterminants de santé non médicaux, en plus des déterminants médicaux, pour une approche transversale aussi bien sur le plan politique que scientifique. Cette approche, que l’on peut rapprocher du « care », est très largement évoquée dans le milieu sanitaire depuis quelques années, faisant appel aux notions de prévention, de prédiction ou de personnalisation notamment. Cette évolution passe en outre, selon l’auteur du livre, par l’intervention plus marquée en Santé publique des collectivités territoriales. Il parle ainsi de « réorganisation du triptyque gouvernance-financement-organisation ... pour accompagner ce virage vers le capital humain en santé ».

Une approche populationnelle et préventive dans chaque territoire

Ce nouveau modèle social se propose d’autre part de sortir du système de l’offre de santé pour baser la production de Santé sur les besoins des populations, et donc sur la demande, selon une approche populationnelle et préventive. Il donne une place centrale au territoire, nouvelle base d’évaluation de cette demande, pour une adaptation réelle aux besoins individuels induits notamment par l’environnement socio-économique de la personne. Nous avons déjà entendu ce type de raisonnement à l’occasion du Rapport « Investir pour la Santé de tous, partout » qui commentait les budgets alloués aux investissements industriels dans le cadre du Ségur de la Santé. Mais l’Institut Santé va plus loin, notamment par la mise en place d’un contrat thérapeutique pour les patients faisant l’objet d’une affection de longue durée dans le but de « créer un écosystème personnalisé de ressources humaines, techniques et technologiques pour gérer le parcours du patient ».

Des critères de démocratie sanitaire à préciser

Le troisième et dernier support du nouveau modèle inventé par l’Institut Santé place le patient usager au centre d’un « processus de démocratisation avancée », informé et responsable de sa santé devient un acteur à part entière du système de santé. Il décrit alors, et de façon contradictoire à notre goût, un patient qui acquiert un statut de professionnel de santé, « en tant que représentant, formateur, pair-aidant ou médiateur de santé ». Nous sommes curieux de savoir comment un statut de professionnel de Santé peut être attribué à un patient, aussi expert médiateur qu’il puisse être. Cela réduit d’autant la reconnaissance, et donc l’influence, des professionnels de Santé dans ce modèle qui leur donne d’autre part une place dans la prise de décisions et l’organisation de ce que l’auteur appelle la « démocratisation des institutions de gouvernance, dont la sécurité sociale et les établissements de santé ».

Un changement de paradigme pour une partie de la population

Au final, mis à part ce dernier point d’achoppement qui mérite une explication plus poussée sans doute, ce nouveau modèle apparaît comme la voie à suivre pour assurer la pérennité du système de Santé à moyen terme. Il restera à régler un problème culturel majeur en France, qui se perpétue de puis des dizaines d’années et selon lequel, la Santé étant considérée comme gratuite, le « j’y ai droit alors j’en profite » est encore très répandu et favorise la non pertinence des soins. Il faudra certainement initier un gros travail d’information afin que tous les patients adhèrent à ce changement de paradigme, deviennent responsables, solidaires, vraiment acteurs de leur Santé et que cette dernière puisse enfin être « considérée comme une source de bien-être social, de réduction des inégalités sociales, de développement économique, d’autonomie et de dignité des personnes et de pouvoir géopolitique », comme l’espère Frédéric Bizard.

L’Autonomie solidaire en Santé - La seule réforme possible !
Frédéric Bizard
Éditions Michalon
Octobre 2021, 288 pages.

Bruno Benque
Rédacteur en chef www.cadredesante.com
bruno.benque@cadredesante.com
@bbenk34


Partager cet article

Vous recrutez ?

Publiez vos annonces, et consultez la cvthèque du site EMPLOI Soignant : des milliers de profils de soignants partout en France.

En savoir plus