Une grève Courchevel sans grand impact

lundi 5 janvier 2015, par Bruno Benque

Pendant la grève des médecins généralistes de ces derniers jours, l’afflux de patients vers les services d’urgences n’a pas été aussi important que prévu. Rien de plus normal en période de fêtes, où les consultations sont rares et les malades imaginaires en vacances. Faisons le vœu, en ce début d’année, que ces derniers prennent enfin conscience du coût de la santé dans ce pays ! Très bonne année à tous !

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Dans la mouvance des mécontents du projet de Loi de santé, les médecins généralistes ont initié une grève, depuis le 23 décembre 2014, qui a été reconduite le 6 janvier 2015.

La pagaille des urgences n’a pas eu lieu

Cette grève s’ajoute à celle des urgentistes, qui n’a duré que deux jours après que Marisol Touraine eut lâché un peu de lest sur leur temps de travail, mais aussi celle de SOS Médecin ainsi que des établissements de santé affiliés à la Fédération de l’Hospitalisation Privée (FHP). Une telle avalanche de défections dans la prise en charge des populations, en hiver de surcroît, a pu faire craindre une surcharge de travail dans les services d’urgences qui, comme on le constate tout au long de l’année, n’arrivent déjà pas à venir à bout d’un flot de patients toujours plus important au fil des jours. Mais en fait, mis à part une augmentation des appels vers les centres 15 ou une attente plus longue dans les unités d’urgences de certains CHU, nous n’avons pas assisté à la pagaille prédite par certains.

La « grève Courchevel »

Cela mérite que l’on s’y attarde. Tout d’abord, parce que les grèves de médecins en période de fêtes de fin d’année, celles que les commentateurs du secteur public appellent « les grèves Courchevel », n’ont jamais un impact très pénalisant pour leur activité. La plupart des consultations ou actes chirurgicaux planifiés sont en effet rarement prévus à cette époque, la majorité des patients profitant des vacances scolaires pour partir en voyage ou aller rendre visite à la famille. Les conséquences d’une telle grève ne sont donc pas plus significatives pour ceux qui la font que pour ceux qui la subissent.

Les malades imaginaires

Cela nous interpelle ensuite parce que les périodes de vacances sont, en France, généralement plus faciles à gérer dans les unités d’urgences qu’en pleine saison. C’est à croire que les pathologies aiguës sont ressenties différemment selon que vous vous adonniez aux loisirs ou que vous accomplissiez votre labeur. Il n’en est rien, bien sûr, quoique la maladie soit en partie liée à l’état moral des individus. Le problème majeur vient du fait que ces services sont embolisés par nombre de malades imaginaires, du moins de patients présentant des affections bénignes et qui devraient être aiguillés en amont vers d’autres structures de prise en charge. Mais les urgences sont devenues, de même que les médicaments, des objets de consommation courante pour la majorité d’entre eux, et gratuits de surcroît !

Meilleurs vœux pour la nouvelle année !

Pour la nouvelle année, faisons le vœux que les populations prennent enfin conscience du coût que représente, pour la société, les actes de prise en soins. Un coût financier bien entendu, mais pas que. Un coût humain assurément, les soignants s’épuisant à la tâche dans des missions d’accompagnement plutôt que de soins, sans que ni les tutelles, ni les populations elles-mêmes, ne reconnaissent cet état de fait, les uns les prenant de haut, les autres « parce qu’ils y ont droit » ! Oui, pour cette nouvelle année, souhaitons de la reconnaissance aux professionnels de santé ! Toute la rédaction de caderdesante.com se joint à moi pour vous souhaiter, chers internautes, une année 2015 heureuse, fraternelle et prospère.

Bruno Benque
Rédacteur en chef adjoint
www.cadredesante.com
bruno.benque@cadredesante.com


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