Un discours inaugural engagé du Président de la FHF

mardi 23 mai 2023, par Bruno Benque

Le discours du nouveau Président de la FHF, Arnaud Robinet, en ouverture de Santexpo 2023, après un préambule poignant sur le décès de Carène, a pris un ton résolument engagé et volontariste. Engagé sur la démocratie sanitaire, sur l’effacement de la crise des urgences, sur le dépassement des corporatismes ou sur la solidarité pour assurer la permanence des soins. Il a aussi mis en garde sur l’urgence de remettre de l’attractivité sur les métiers soignants sans laquelle aucune réforme ne serait envisageable.

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Arnaud Robinet
Arnaud Robinet, Président de la FHF

C’est dans une atmosphère pesante qu’Arnaud Robinet, Président de la Fédération Hospitalière de France (FHF), a ouvert la conférence inaugurale du Salon Santexpo 2023.

Un hommage appuyé à Carène, l’infirmière tuée lors d’une agression durant son service

Une atmosphère encore marquée par le décès de Carène, l’infirmière agressée, avec deux de ses collègues de travail, la veille au CHU de Reims, et qui a fait l’objet d’une minute de silence en ouverture de ce salon, que s’est ouvert le discours inaugural de Santexpo 2023. Il ne s’agissait pas d’une inauguration comme les autres pour le nouveau Président de la FHF, lui qui est maire de Reims et Président conseil de surveillance dudit CHU. « La disparition de Carène, agressée hier, nous bouleverse tous, a-t-il déclaré en préambule. L’ensemble du CHU de Reims est profondément choqué. S’attaquer à des sentinelles du soin, c’est s’en prendre à ce qui constitue notre vivre ensemble. »

La démocratie sanitaire au centre de Santexpo 2023

Il s’est félicité ensuite de l’engouement que suscite cet événement pour tous les acteurs du système de Santé, au travers de trois jours qui sont l’occasion d’une réflexion pointue sur l’évolution de son écosystème avec une thématique principale intitulée : « la santé au cœur de la démocratie ». La démocratie, car les patients exigent de voir leurs droits respectés et car la Santé est une liberté fondamentale avec le respect essentiel du consentement. Il a rappelé, à ce titre, l’importance de la prise de parole des patients dans le fonctionnement d’un hôpital et d’un EHPAD. « Il existe, a-t-il ajouté, une demande légitime d’une démocratie sanitaire qui se renforce. Le système doit partir du patient, et nous devons remettre en question les pratiques figées, notamment les fonctionnements en silos. »

Son discours a ensuite été axé sur le devoir de tous les acteurs de sortir de l’état d’urgence permanent dans lequel le système est plongé. La crise associée aux urgences fait l’objet, depuis des années, d’analyses et de rapports qui relèvent désormais d’un genre littéraire à part ! » Autrement dit, nous devons agir rapidement, favoriser l’action de ceux qui innovent et œuvrent pour le progrès. Arnaud Robinet a ainsi mis l’accent sur la participation des adhérents de la FHF aux décisions gouvernementales sur les rémunérations et sur l’investissement hospitalier, illustrées dans les annonces du Président de la République à propos du Plan Innovation Santé 2030.

Une dette de prise en charge des patients post covid, une bombe à retardement

« J’ai la conviction que les discussions théoriques feront rapidement place à des mises en pratique, sur des sujets comme la solidarité, la pertinence, le dépassement des corporatismes qui proviennent d’un autre âge. Nous devons améliorer les détails et renforcer le dernier kilomètres des politiques publiques en Santé. » Mettant son mandat sous le signe de la mobilisation, il a notamment évoqué les risques systémiques du réchauffement climatique et ses conséquences sur le système de Santé, les risques géopolitiques entrevus lors de la crise Covid qui nécessitent de sécuriser les chaînes d’approvisionnement des dispositifs médicaux et des médicaments notamment, ou la dette de prise en charge des patients post Covid qu’il a qualifiée de bombe à retardement.

La permanence des soins sera assurée grâce à une solidarité public/privé

Parmi les mesures urgentes à mettre en œuvre, il a souhaité que soient réouverts les lits nécessaires en adaptant le nombre de soignants et en remplissant les postes vacants, ce qui place en première ligne les problèmes de ressources humaines. Pour lui, le centre du problème est l’attractivité des métiers du soin avec la mutation du rapport au travail chez les jeunes ou les gardes et astreintes moins acceptées. Il a rappelé qu’il faut réformer les métiers et les formations, faire évoluer les rémunérations, en particulier en simplifiant les régimes indemnitaires des agents publics et prendre rapidement des mesures en ce sens sans quoi aucune réforme ne sera envisageable. Les prochaines semaines de la FHF, a-t-il prédit, seront consacrées à l’attractivité et de la fidélisation à l’hôpital public et à la réflexion sur la solidarité entre deux modèles complémentaires pour partager la permanence de soins avec le secteur privé. Il a enfin mis en lumière la proposition de Loi portée par son prédécesseur Frédéric Valletoux sur l’intelligence collective. « Des lendemains meilleurs sont possibles si nous agissons de manière collective », a-t-il conclu.

Bruno Benque
Rédacteur en chef www.cadredesante.com
bruno.benque@gpsante.fr
@bbenk34.


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