Métiers paramédicaux : des effectifs à étoffer de toute urgence

mercredi 13 juillet 2022, par Bruno Benque

Les dysfonctionnements relatifs à la comptabilisation des professionnels paramédicaux en poste semblent sur le point de s’atténuer. La DREES vient en effet de recommander de ne prendre en compte que les effectifs de moins de 62 ans. Le nombre de professionnels soignants se trouve dès lors réduit de 17% pour les infirmiers et de 22% pour les MERM notamment. Des chiffres qui donnent encore plus d’importance aux actions d’attractivité de ces métiers.

Les problèmes démographiques que rencontrent les établissements de Santé sont liés à plusieurs phénomènes concomitants comme l’augmentation des besoins en soins des populations dans un contexte de développement des maladies chroniques et de vieillissement global des Français.

Des effectifs de professionnels paramédicaux mal comptabilisés

Il semble dès lors inimaginable que les instances tutélaires n’aient pas anticipé ces évolutions en ajustant le nombre de professionnels de Santé et ainsi parer à toute éventualité pour assurer des parcours de soins continus et efficients. Mais c’était sans compter l’incohérence des outils dont ces instances disposaient pour comptabiliser de manière précise le nombre de soignants en poste à un instant T. Car en effet, les effectifs annoncés ces dernières années ne correspondaient pas à leur nombre réel. Nous avions dénoncé, déjà, il y a deux ans dans nos colonnes, ces manquements graves à la bonne conduite des affaires sanitaires de ce pays.

Les incohérences du répertoire ADELI

Nous avions ciblé les professions de Santé sortant du champ des ordres professionnels et dont les effectifs étaient établis à partir du répertoire ADELI mis en place en 2012. Par l’Arrêté du 12 juillet 2012 relatif à la mise en place d’un traitement de données à caractère personnel dénommé ADELI de gestion de l’enregistrement et des listes départementales de certaines professions et usages de titres professionnels, le législateur avait créé un moyen de disposer des listes règlementaires des personnes exerçant un métier de la Santé dans chaque département en les obligeant à s’y inscrire. Mais ces derniers ne sont pas tenus à se désinscrire du fichier ADELI lorsqu’ils cessent leur activité temporairement ou définitivement, notamment lors des départs en retraite. Et au fil du temps, le nombre de professionnels de Santé répertoriés a grossi virtuellement, avec des chiffres inhabituellement élevés chez les plus de 60 ans.

Depuis deux ans donc, la situation perdure et les hôpitaux se vident de leur substantifique moelle soignante, les sous-effectifs entraînant une baisse de qualité de vie au travail, elle-même source de renoncement des professionnels, ce qui entretient une spirale négative et ne laisse rien présager de bon à court terme. Et ce n’est pas le Répertoire Partagé des Professionnels de Santé (RPPS), qui a pour objectifs principaux de simplifier les démarches administratives des professionnels de santé qui répondent à un Ordre national (médecins, infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, etc.), qui efface ce dysfonctionnement. Car, bien que les disparités entre les chiffres annoncés et le nombre de professionnels en poste soient atténuées, elles existent tout de même.

La DREES recommande de ne prendre en compte que les personnes de moins de 62 ans

L’État vient enfin de prendre ce problème à bras le corps. La Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (DREES) vient en effet de publier un communiqué recommandant de ne prendre en considération que les personnes âgées de moins de 62 ans. Cela ne remplit pas les objectifs de précision que d’aucuns pourraient attendre d’une telle institution, mais cette initiative participe d’un réajustement significatif des effectifs. Ce document recense donc quelques 73 800 professionnelles de la rééducation, hors RPPS (diététiciens, ergothérapeutes, psychomotriciennes, orthophonistes, orthoptistes), - contre plus de 82 000 inscrits -, 31 300 manipulateurs en électroradiologie médicale (MERM) – plus de 40 700 inscrits, 11 000 de plus de 60 ans ! - et 44 400 techniciens de laboratoire – 52 000 inscrits -, notamment.

Des actions d’attractivité qui prennent encore plus d’importance

Pour les métiers possédant un Ordre national, la DREES recommande également de prendre en compte les professionnels moins de 62 ans, ce qui conduit à réduire les effectifs, au 1er janvier 2021, à 638 000 infirmiers (-17 %), les effectifs de MERM se trouvant réduits de 22 %. La DREES évalue cette révision inférieure en 2012 (-5 % pour les infirmiers, -8 % pour les MERM), atténuant quelque peu l’impact des évolutions des effectifs de ces professions au cours des dix dernières années si l’on ne considère que les populations salariées. Mais le mal est fait et les actions de promotion de l’attractivité de ces métiers paramédicaux n’en sont que plus essentielles pour l’avenir du système de Santé Français.

Bruno Benque
Rédacteur en chef www.cadredesante.com
bruno.benque@cadredesante.com
@bbenk34.


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