jeudi 3 février 2022, par
Les professionnels hospitaliers font face à un quotidien au travail difficile psychologiquement et physiquement. Cette tendance vient d’être confirmée par le dernier Observatoire de la Santé MNH qui vient de paraître, dans lequel ils évoquent en majorité des problèmes de violences, de burn-out et de perte de sens au travail notamment. Ils déclarent également avoir fait l’objet de nombreux arrêts de travail ces derniers temps, surtout en période de pic épidémique.
La Mutuelle Nationale des Hospitaliers vient de publier l’Observatoire de la santé MNH 2021, après une enquête réalisée par l’IFOP. Ce travail avait pour objectif de recueillir les impressions des professionnels de Santé hospitaliers quant à leur quotidien.
<Un quotidien jugé difficile psychologiquement et physiquement
Il a été mené en octobre 2021 auprès de 4 000 professionnels de la santé et 1 000 personnes représentatives de la population française âgée de 18 ans et plus. Les 1 301 actifs hospitaliers, les 2 312 retraités hospitaliers et les 75 décideurs hospitaliers interrogés étaient issus des bases de contacts MNH et les 200 médecins étaient des généralistes et spécialistes, exerçant à l’hôpital ou en clinique exclusivement. Quant aux 176 étudiants en Santé ils étaient issus d’un panel spécifique ou des bases de contacts MNH.
Sans surprise, l’ensemble des professionnels interrogés jugent leur quotidien difficile, tant physiquement que psychologiquement. Les personnels soiognants, paramédicaux et médicaux sont en première ligne face aux colères des uns et des autres et sont particulièrement concernés par la violence à l’hôpital. C’est ainsi que, l’Observétoire fait état de 91% des soignants déclarant avoir fait l’expérience d’au moins une forme d’incivilité ou de violence, en tant que témoin ou victime. Les médecins sont 98 % dans ce cas et les étudiants en Santé 89 %. A noter, plus d’un actif hospitalier sur quatre (28 %) a déjà été victime de violences physiques.
Le burn-out et la perte de sens au travail, risques le plus souvent évoqués
L’Observatoire s’intéresse ensuite aux risques auxquels les professionnels hospitaliers se sentent exposés dans le cadre de leur métier. Si le burn-out est, comme pour l’ensemble des français interrogés, en tête de leurs préoccupations, il l’est dans des proportions plus importantes, à 64 % pour les actifs hospitaliers, 63 % des médecins, 64 % des décideurs et 69 % des étudiants en santé contre 35 % du reste de la population française qui travaille. Ces chiffres mettent en lumière la tension psychologique constante à laquelle ils sont soumis ces derniers temps.
Autre item qui revient très souvent chez les soignants, la perte de sens au travail. Celle-ci est largement ressentie chez les professionnels de Santé interrogés, les décideurs hospitaliers arrivant en tête avec 47% suivis des actifs hospitaliers (41%), des médecins (39%) et des étudiants en Santé (35%), alors qu’elle est mentionnée par « seulement » 16 % des français actifs. Les maladies professionnelles et troubles musculo-squelettiques sont également bien présents dans les risques professionnels les plus craints par les professionnels hospitaliers.
Des arrêts de travail plus nombreux, surtout en période de pic pandémique
Dans le contexte actuel, les tensions, les violences, la fatigue générale et la perte de sens ont des conséquences concrètes et tangibles sur la productivité des professionnels hospitaliers, qui déclarent notamment leurs besoins d’accompagnement. 95 % des actifs hospitaliers, estiment en effet avoir besoin d’au moins une aide : une meilleure écoute pour 83 %, une prévention pour les Troubles Musculo-Squelettiques (TMS) pour 64 %, une prévention sur les troubles du sommeil pour 56 % et, pour la moitié, d’une aide psychologique.
Car cette situation génère nombre d’arrêts maladie, à hauteur en moyenne de 26,8 jours au cours des 12 derniers mois chez les actifs hospitaliers, soit 16 jours de plus que l’ensemble des français en poste, 23 jours de plus que les médecins et 18 jours de plus que les décideurs (nombre de jours déclaratifs dans le cadre de l’enquête).
Et la pandémie de COVID-19 n’a rien arrangé puisqu’ils ont été plus touchés que la moyenne des actifs français, avec des arrêts de travail pour contamination autour de 17 % contre 10% pour les autres actifs, pour burn-out (14 % vs 9 %), pour TMS (19 % vs 9 %) ou d’autres motifs de santé (21 % vs 12 %).
Bruno Benque
Rédacteur en chef www.cadredesante.com
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