jeudi 25 juin 2015, par
Le Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) a réagi vertement suite aux préconisations contenues dans le rapport sur la réforme de la médecine du travail, qu’elle juge incohérent par rapport à ce qui se passe sur le terrain et qui, dit-il, va à l’encontre de l’intérêt des salariés.
Les conclusions de la mission pilotée par le député Michel Issindou (PS, Isère) sur la santé au travail vont « contre l’intérêt des salariés », a estimé mardi le Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM) dans un communiqué.
Vers l’abandon de l’examen d’aptitude à l’emploi
L’ordre réagit à un rapport remis le 21 mai au ministre du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social, François Rebsamen, dans lequel Michel Issindou, Christian Ploton, membre de la direction des ressources humaines (DRH) de Renault et Sophie Fantoni-Quinton, professeur de médecine du travail, font 27 propositions en matière de santé au travail. La mission préconise notamment l’abandon de l’examen systématique de l’aptitude du salarié à l’emploi, tout en espaçant à cinq ans les visites médicales périodiques.
Le CNOM monte au créneau
²Dans son communiqué, l’ordre s’étonne que le rapport « ne reprenne aucune des propositions » qu’il avait formulées lors des auditions conduites par la mission. « Les conclusions du rapport traduisent une réelle méconnaissance de l’activité des médecins du travail sur le terrain, voire une vision caricaturale de leur exercice. Les changements de règles préconisées concernant les visites médicales et l’aptitude ne règlent en rien les problèmes actuels de la médecine du travail », estime le Cnom. Il déplore que la mission remette en question « la pertinence médicale de la notion d’aptitude en décrétant que les examens médicaux réalisés par les médecins du travail sont superficiels et ne présentent pas d’intérêt prédictif ni de prévention », sous-entendant que « les médecins n’auraient pas une connaissance approfondie de l’état de santé et des conditions de travail des salarié ».
Un rapport qui va à l’encontre de l’intérêt des salariés
« Le rapport va jusqu’à insinuer que les médecins du travail auraient des pratiques contraires à l’éthique et à la déontologie », s’indigne le Cnom. Il se déclare par ailleurs « vivement » inquiet des propositions visant à remplacer la visite médicale d’embauche par une simple visite d’information et de prévention réalisée par un infirmier, et de la suppression de la notion d’aptitude avec réserves et des propositions d’aménagement, « qui ont pourtant démontré leur utilité en servant de levier pour conduire l’employeur à effectuer des modifications de poste ». « L’ordre des médecins juge en conséquence que les propositions de ce rapport ne règlent en rien les besoins de réforme de la médecine du travail et, plus encore, vont à l’encontre de l’intérêt des salariés », conclut-il.
La mission avait été lancée par le gouvernement en novembre 2014, peu après l’annonce de mesures de simplification de la formalité de la visite médicale et de clarification des notions d’aptitude et d’inaptitude professionnelles, suscitant l’inquiétude des professionnels de la santé au travail.
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