mardi 26 janvier 2016, par
Mécontente des dernières annonces relatives au Conseil d’orientation du CNSP, et surtout du projet de décret d’organisation du DPC, l’intersyndicale infirmière demande, par communiqué, une représentation plus forte, correspondant à toutes les spécialités IDE, au sein de la Commission Scientifique Indépendante des professions paramédicales (CSIPP). Cette instance risque de devenir inaudible si tous les paramédicaux font de même.
Les syndicats infirmiers sont très remontés contre le Ministère des Affaires sociales et de la Santé en ce début d’année. Deux communications émanant des services tutellaires ont en effet mis le feu aux poudres et les infirmiers le font savoir.
Les IDE non représentés au Conseil d’orientation du CNSP
C’est tout d’abord le décret du 5 janvier 2016 portant création du Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie, dont le Conseil d’orientation ne prévoit pas de représentation infirmière, qui a provoqué l’ire du Secrétaire Général du Syndicat National des Professionnels Infirmiers (SNPI), Thierry Amouroux. « Nous trouvons curieux, stupide et scandaleux d’oublier une représentation de ces 500.000 »bons petits soldats du soin« qui assurent en première ligne la permanence des soins, 24h/24, 7 jours sur 7 » a-t-il déclaré.
Le projet de décret relatif à l’organisation du DPC en question
C’est maintenant le projet de décret relatif à l’organisation du développement professionnel continu (DPC) des professionnels de santé, comportant un avenant à la convention du Groupement d’intérêt public de ce DPC qui fait débat. L’intersyndicale des infirmiers, qui comprend le SNPI donc, mais aussi Convergence Infirmière (CI), l’Ordre National des Infirmiers (ONI), le Syndicat National des Infirmiers Anesthésistes (SNIA), le Syndicat National des Infirmiers Libéraux (SNIIL) et l’Union Nationale des Associations d’Infirmiers de Bloc Opératoire (UNAIBODE), ont publié un communiqué commun dans lequel ils dénoncent la proposition de la DGOS de constitution de la « Commission Scientifique Indépendante des professions paramédicales (CSIPP) ». Sur 38 sièges, seuls quatre seraient accordés aux infirmières et infirmières spécialisées. Ils y voient là une nouvelle manifestation du manque de reconnaissance pour la profession infirmière et ses différentes composantes.
L’intersyndicale infirmière monte au créneau par communiqué
L’intersyndicale constate donc, dans son communiqué, la sous représentation de l’ensemble des infirmiers, acteur du premier recours qui est, selon elle, l« a seule profession présente 24h/24, 7j/7, auprès des patients et des usagers. Le texte ne prévoit quatre sièges pour 600.000 infirmières, alors que les 78.000 kinés et les 32.000 manipulateurs en électroradiologie auraient trois sièges ». La contestation porte également sur « la négation des trois spécialités (IADE, IBODE, puéricultrices), alors que le projet a bien distingué les auxiliaires de puériculture des aides-soignants », ou « l’oubli pur et simple des libéraux, alors que les autres »commissions scientifiques indépendantes« ont droit à la formule »en tenant compte de la diversité des modes d’exercice de la profession« . Le communiqué dénonce enfin »l’absence de représentation de l’Ordre national des infirmiers, alors que l’ensemble des Ordres médicaux ont leur place clairement identifiée au sein des CSI médicales."
Une inflation de sous-spécialités
Pour réparer cette erreur, l’intersyndicale propose ni plus ni moins que 10 représentants de la profession infirmière au sein de cette CSIPP, soient 7 représentants IDE, plus 1 par spécialité infirmière. Si l’on suit cette tendance, les kinés demanderont une représentation pour les spécialités de rééducation, de sport, de pédiatrie, entre autres, et les manipulateurs des experts du scanner, de l’IRM, de l’imagerie interventionnelle, de la radiothérapie, de médecine nucléaire, etc., sans compter les sous-spécialités relatives aux activités des ergothérapeutes, laborantins, orthophonistes, et j’en oublie certainement.
Gare à la cacophonie !
La représentation infirmière semble, certes, sous-évaluée dans ce projet, eu égard au nombre de professionnels exerçant cette fonction. Mais si tout le monde souhaite voir sa sous-spécialité paramédicale figurer au palmarès de la CSIPP, celle-ci deviendra forcément inaudible, et la cacophonie règnera comme le sont certaines des autres Commissions existant sur le champ sanitaire. En toute chose il faut savoir raison garder, dit le proverbe, et une voix forte portant le fruit du consensus a souvent plus de chances d’être entendue que plusieurs sons d’un même clocher...
Bruno Benque
Rédacteur en chef cadredesante.com
bruno.benque@cadredesante.com