Renforts étudiants en services de soins : trouver le bon équilibre

jeudi 5 novembre 2020, par Bruno Benque

Le renfort étudiant dans les services de soins pour tenter de maîtriser les ressources humaines hospitalières est encadré par un vadémécum et un décret. Mais certaines ARS prennent des libertés avec ces textes, ce qui crée une iniquité des formations selon le territoire considéré. Sans compter que certains étudiants ont tout bonnement stoppé leur cursus lors de la première vague épidémique. Les acteurs de la formation viennent de monter au créneau via un communiqué commun pour dénoncer ces pratiques. Explications...

Alors que les malades du COVID-19 affluent de nouveau au sein des hôpitaux français, la question de la qualité de leur prise en charge, voire même de leur prise en charge tout-court, se pose avec acuité.

Des mesures exceptionnelles pour maîtriser les ressources humaines soignantes

Car ce sont des soignants à bout de souffle qui les accueillent dans des services où les effectifs sont insuffisants, la pénurie endémique de soignants prenant une ampleur inquiétante suite à un absentéisme accru du fait de la pandémie qui touche également les professionnels de Santé. Pour tenter de maîtriser la deuxième vague de patients COVID, plusieurs leviers sont actionnés par le Ministère, via les Agences Régionales de Santé (ARS), comme l’augmentation du temps de travail des agents, l’annulation de certaines périodes de congés payés, la coordination des établissements publics et privés au sein d’un territoire ou la déprogrammation partielle des activités de soins dites non urgentes.

Les étudiants paramédicaux appelés massivement en renfort

L’ensemble des dispositions prises par le Ministère dans ce cadre sont listées dans le Vadémécum qu’il a publié le 23 octobre 2020 et son encadrées par le Décret No 2020-1310 du 29 octobre 2020. Ce document comprend également les contributions que les tutelles souhaitent voir apportées par les étudiants en Santé pour renforcer les ressources humaines hospitalières dans cette période exceptionnelle. Nous rapportions déjà, dans ces colonnes, l’appel de certaines ARS vers les étudiants cadres de santé invités à réintégrer leurs services de soins dont ils sont issus. Nous relations également l’inquiétude des acteurs de la formation paramédicale, le CEFIEC en tête, devant le projet de mise en place d’une formation d’aide-soignant en seulement quinze jours pour grossir les rangs, au risque de proposer des prises en charge des patients de piètre qualité.

Les ARS prennent des libertés avec les textes ministériels

Le CEFIEC monte une nouvelle fois au créneau ce 4 novembre 2020, en collaboration avec l’Association Nationale des Directeurs d’Écoles Paramédicales (ANdEP) et la Fédération Nationale des Étudiants Infirmiers (FNESI), via un communiqué. Ils contestent le fait que, bien que les formations d’infirmiers doivent se poursuivre, selon le vadémécum et le Décret, pour garantir à la fois l’équité pour chaque étudiant et la diplomation au mois de juillet, certaines ARS prennent des libertés d’interprétation de ces textes selon les besoins des établissements de leur région. Ils rapportent en effet des situations où les ARS prévoient l’arrêt pur et simple des formations de 2ème et 3ème année, d’autres qui privilégient uniquement des périodes de stages. Au sein de ces territoires, l’équité des formations infirmières est donc sérieusement mise à mal, les uns ayant la possibilité de finaliser leur cursus de formation quand d’autres se verront sanctionner d’une année blanche.

Préserver l’équité de formation pour les étudiants et conserver les effectifs

Les acteurs de la formation paramédicale évoquent par ailleurs deux conséquences majeures à l’implication massive des étudiants en Santé dans le workflow des services de soins et l’arrêt de leur cursus de formation. Ils prévoient tout d’abord un déficit conséquent d’étudiants non diplômés en juin 2021, susceptible d’amplifier les problématiques de ressources humaines dès l’été prochain. C’est donc reculer pour mieux sauter - dans le vide -, surtout si la pandémie joue les prolongations. C’est ensuite l’efficience de leur apprentissage qui est remise en cause, ainsi que leur expérience en stage sans véritable encadrement qualitatif. Cette problématique a en effet « été très largement exprimée par les étudiants au sortir de la première vague », remarque le communiqué. Ave une conséquence directe : l’abandon pur et simple de leur formation.

L’équilibre ne sera donc pas simple à trouver entre une maîtrise des effectifs de soignants dans les établissements de Santé et la pérennisation de la formation des étudiants paramédicaux, en qualité et en nombre. Mais l’urgence est là et les bonnes décisions doivent être prises très rapidement.

Lire le communiqué CEFIEC - ANdEP - FNESI dans son intégralité.

Bruno Benque
Rédacteur en chef www.cadredesante.com
bruno.benque@cadredesante.com
@bbenk34


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