Incertitudes sur les futures formations AS/AP

vendredi 19 mars 2021, par Bruno Benque

La réingénierie de la formation des AS et AP est dans les cartons ministériels depuis près de deux ans mais elle tarde à voir le jour. Dans ce contexte, le CEFIEC vient de communiquer sur les incertitudes que fait planer ce retard de publication de la réforme sur les instituts de formation, pour anticiper les cursus d’enseignement et les enveloppes budgétaires notamment, ainsi que sur les étudiants eux-mêmes pour lesquels le CEFIEC prédit un tutorat au rabais lors des périodes de stages.

Le Comité d’Entente des Formations Infirmière et Cadre (CEFIEC) se préoccupe, depuis le début de l’année 2020, de la réingénierie de la formation aide-soignant et auxiliaire de puériculture (AS/AP) qui a été reportée à cette époque.

Le CEFIEC communique sur le thème de la réingénierie de la formation AS/AP

Il communique aujourd’hui à nouveau sur ce thème, dans un contexte pandémique qui accroît les problèmes d’attractivité des métiers du soin ainsi que les défections pour raisons de Santé ou autres. Le communiqué du CEFIEC annonce ainsi que, si rien ne bouge sur front de la réingénierie de cette formation, « le retard de la réingénierie de la formation AS/AP engendre pour les instituts de formation de grandes difficultés organisationnelles. Pour garantir efficacement la mise en place de cette réingénierie pour la rentrée de septembre 2021, il est impératif que les instituts puissent prendre connaissances des documents de travail afin d’en anticiper sa réingénierie. Préparer la rentrée future dans les meilleures conditions possibles, faire de l’opportunité de cette réingénierie un plus pour la profession aide-soignante sont les enjeux des instituts de formation. En effet, cette réforme doit être accompagnée tant au sein de nos équipes pédagogiques qu’auprès de nos partenaires de stage. »

De nouvelles missions en responsabilité partagée avec les IDE

Selon toute vraisemblance, le cursus devrait comporter 44 semaines de formations théoriques et cliniques, soit 3 semaines de plus que dans le référentiel 2005. Le projet de réingénierie prévoit, entre autres, une formation articulée autour de 5 nouveaux blocs compétences réglementaires attendues dans le cadre des certifications professionnelles garantissant les compétences, les aptitudes et les connaissances nécessaires à l’exercice des métiers. Les AS/AP pourraient ainsi, à terme, pouvoir dispenser des soins de la vie quotidienne ou des soins aigus, en collaboration avec l’infirmier, dans le cadre d’une responsabilité partagée. Cela devrait permettre, selon le CEFIEC, « d’ancrer de nouvelles pratiques aides-soignantes en lien avec l’évolution sociétale et la prise en charge des usagers au quotidien ».

Des évolutions qui demandent un minimum d’anticipation pour les instituts

Mais les instituts de formations se trouvent dans une totale incertitude quant à la validation de ce nouveau cursus et aux processus de formation à mettre en place dans ce cadre. La réforme, qui organise les enseignements en bloc compétence, nécessitera une personnalisation des formations, selon les diplômes et ou parcours professionnels des étudiants. D’autre part, et le CEFIEC le rappelle dans son communiqué, cela posera également des soucis aux instituts pour le montage de dossiers de financement demandés par les organismes financeurs. Afin de mettre en place la réforme annoncée, ils appellent les tutelles à leur fournir rapidement les informations et les documents nécessaires à cette réforme.

Le CEFIEC s’inquiète de nouvelles insuffisance dans le tutorat de stage

Autre source d’incertitude pour les instituts de formation, la probable mise en place d’une rentrée en deux temps, en septembre et en janvier pour les aides-soignants. Le CEFIEC évoque, sur ce thème, deux périodes d’évaluation des candidatures ainsi qu’une insuffisance de places dans les établissements de Santé et médico-sociaux pour les stages. La Présidente du CEFIEC, Michèle Appelshaeuser, ajoute : « Il est évident que nous manquerons de personnels pour encadrer les élèves. Pourtant, l’un des leviers essentiels de l’attractivité du métier réside dans le tutorat et l’encadrement ». Alors que la crise sanitaire a déjà mis à mal l’accompagnement des étudiants en Santé sur les terrains de stage, cette réforme ne semble pas être en faveur d’une amélioration, faisant reculer d’autant l’attractivité des métiers AS et AP.

Il devient donc urgent, pour le Ministère, de clarifier cette situation qui apparaît comme annonciatrice de problèmes très difficiles à résoudre à moyen terme pour les acteurs de la formation des professionnels soignants en général et des AS/AP en particulier.

Bruno Benque
Rédacteur en chef www.cadredesante.com
bruno.benque@cadredesante.com
@bbenk34


Partager cet article

Vous recrutez ?

Publiez vos annonces, et consultez la cvthèque du site EMPLOI Soignant : des milliers de profils de soignants partout en France.

En savoir plus