Formation universitaire paramédicale, les nouveaux enjeux

lundi 13 mars 2017, par Hélène Delmotte

Les processus de formation paramédicale font l’objet, au sein de l’Université d’Angers, d’un dispositif innovant, PluriPass, qui a remplacé le Paces. Une collaboration active avec le CHU d’Angers a permis de moderniser les outils de formation et de promouvoir la recherche paramédicale. Isabelle Richard-Crémieux, doyen de l’UFR santé et Yann Bubien, Directeur Général du CHU d’Angers, nous présentent ces nouveautés.

A Angers, le parcours de formation PluriPass a remplacé, à la rentrée 2015, la première année commune aux études de santé (Paces).

PluriPass remplace le dispositif Paces à Angers

Depuis dix-huit mois, un seul parcours de formation, PluriPass, permet d’accéder aux études de médecine, pharmacie, maïeutique, odontologie, kinésithérapie et ergothérapie.
Pour Isabelle Richard-Crémieux, doyen de l’UFR santé, deux éléments ont présidé à cette évolution de la Paces vers Pluripass : « D’une part, il n’est pas supportable que de bons lycéens débutent leurs études supérieures par deux échecs et ne se voient pas proposer systématiquement une poursuite de leurs études organisée. D’autre part, il nous est apparu pertinent de diversifier les profils des professionnels de demain. Nous avons par exemple proposé de nouvelles modalités de recrutement : des épreuves orales ont été ajoutées aux épreuves écrites et, à la fin des deuxième et troisième semestres, les étudiants ont la possibilité de choisir des options valorisant des compétences différentes ».

Une collaboration active entre le CHU d’Angers et l’Université

PluriPass inscrit la formation dans trois grands champs disciplinaires : les sciences de la vie, les sciences de l’ingénieur et les sciences humaines et sociales, un panel qui facilite la réorientation vers d’autres écoles ou instituts en cas d’échec. Autre caractéristique importante de ce processus, la suppression du redoublement qu’autorisait la Paces. Les étudiants qui échouent à entrer dans les filières de santé en fin de première année peuvent retenter leur chance en deuxième année sans redoubler. Cela a occasionné quelques difficultés, au début de 2016, liées à la transition entre l’ancien et le nouveau système mais qui ont été rapidement résolues. « Les premiers étudiants PluriPass côtoyaient des redoublants alors qu’eux-mêmes n’auraient pas cette possibilité, poursuit Isabelle Richard-Crémieux. Nous avons donc obtenu un numérus clausus supplémentaire réservé aux étudiants n’ayant pas suivi la Paces avant Pluripass, ce qui a permis de rééquilibrer les chances de succès entre les deux promotions successives ». « Nous travaillons main dans la main avec l’université, souligne Yann Bubien, directeur général du CHU d’Angers. La Paces devait évoluer. Le nouveau dispositif est innovant. Il propose davantage de suivi aux étudiants ainsi qu’une meilleure qualité d’enseignement ».

Épreuves orales renforcées, pluridisciplinarité et montée en puissance du e-learning

Le premier bilan se révèle positif, et ce pour au moins trois raisons. En premier lieu, l’organisation des épreuves orales – qui vise par exemple à évaluer l’aptitude à communiquer ou à résoudre des problèmes complexes - a été très favorablement accueillie, notamment par des associations de patients souhaitant que des compétences, autres qu’académiques et écrites, soient évaluées dans le cadre du recrutement des futurs professionnels de santé. Deuxième élément de satisfaction, l’introduction de la pluridisciplinarité qui, en plus d’être encouragée par un nombre croissant d’acteurs dans un objectif de décloisonnement et de construction de véritables parcours de soins, représente également un atout pour la poursuite d’un cursus universitaire dans des champs variés. Enfin, en termes d’ingénierie pédagogique, la mise en e-learning de plus de 30% des contenus a amélioré « le savoir-faire de l’université d’Angers sur un sujet d’avenir », pour reprendre les termes d’Isabelle Richard-Crémieux, qui ajoute que « cette évolution aura un effet de modélisation pour d’autres formations ».

Le nouveau dispositif a bénéficié d’un financement de la région des Pays de la Loire car l’enseignement à des plus petits groupes et/ou à distance ainsi que l’affectation d’un poste de conseiller d’orientation à l’accompagnement et à l’orientation des étudiants PluriPass représentent un coût supérieur à celui de la Paces.

L’universitarisation des professions paramédicales

L’université d’Angers a par ailleurs signé, en novembre 2016, une convention pour une coopération renforcée, étape vers l’universitarisation complète de la formation d’infirmiers, avec le conseil régional, l’ARS Pays de Loire et les trois hôpitaux porteurs IFSI. L’accord prévoit l’accès des étudiants en soins infirmiers à l’ensemble des services de l’université, la mise en place de modules de formation communs - notamment un séminaire interprofessionnel visant à faire travailler ensemble les étudiants en médecine, en pharmacie, en maïeutique, en soins infirmiers, en kinésithérapie et en ergothérapie -, la création d’un espace numérique de travail et l’embauche d’un ingénieur pédagogique. « Cette convention, signée pour un an, devrait déboucher sur un département de soins infirmiers à l’UFR santé, indique Isabelle Richard-Crémieux. Dans la majorité des pays d’Europe, en Amérique du Nord et dans une partie croissante des pays émergents, les infirmiers sont formés à l’université. Aujourd’hui, notre pays accuse un retard considérable en termes de production de recherche dans ce domaine, essentiellement parce que les infirmiers ne sont pas formés à l’université. Par ailleurs, l’efficacité de notre système de santé dépend et dépendra de plus en plus de la capacité des professionnels à travailler ensemble. Or, les former de manière séparée n’est pas le meilleur moyen pour y parvenir », ajoute-t-elle.

Encourager les nouveaux soignants à la recherche paramédicale

« L’universitarisation doit se faire progressivement, intelligemment et ensemble. Nous travaillons en coopération avec l’université pour inscrire les étudiants paramédicaux dans un cursus universitaire », souligne Yann Bubien, qui a par ailleurs créé il y a cinq ans un vaste programme de recherches paramédicales et lancé il y a trois ans les journées francophones de la recherche en soins. Les deux réalisations rencontrent un grand succès qui confirme selon lui « le haut potentiel de ces professions en matière de recherche. Il faut juste un peu de volonté politique et stratégique pour l’encourager ». Le 18 janvier 2017, douze nouveaux chercheurs ont ainsi reçu le soutien financier du CHU d’Angers pour leurs projets de recherche clinique médicale ou paramédicale. « Lorsque je travaillais aux côtés de Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, nous avons lancé les premiers programmes hospitaliers de recherche infirmière et paramédicale (PHRIP), ainsi que le processus LMD, qui marquait le début de l’universitarisation. J’avais à cœur de mettre en œuvre ces projets sur le terrain », conclut Yann Bubien.

Hélène Delmotte
Rédactrice en Chef
Revue Territoire & Santé
Editions de Santé
helene.delmotte@editionsdesante.fr


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