jeudi 17 décembre 2020, par
En cette fin 2020, la pandémie de Covid-19 reprend du poil de la bête en Europe comme ailleurs dans le monde. L’occasion pour le Secrétariat international des infirmières et infirmiers de l’espace francophone (SIDIIEF) de consacrer son « grand débat » du 10 décembre à l’adaptation, au leadership et à la résilience des étudiants infirmiers. Le même jour, les ESI français battaient le pavé avenue de Ségur pour réclamer des conditions d’apprentissage dignes de ce nom ; un tour de la francophonie très instructif, donc, qui met en lumière le retard préjudiciable pris par la France en matière d’anticipation et d’organisation dans la formation des futurs soignants.
Pour son cinquième « grand débat », le SIDIIEF a passé au crible les mesures mises en place par la Suisse, le Liban, le Canada et la France au cours des vagues épidémiques de coronavirus pour préserver la formation des étudiants en soins infirmiers. Déroulé des cours, modalités d’apprentissage, qualité des enseignements, diplomation… Tout y est passé. Car la crise a été un révélateur des forces et des faiblesses des différents systèmes, a relevé Marie Grégoire, modératrice de la session en ligne. Le constat implacable qui en est issu montre que la stratégie française risque fort de se révéler inadaptée et durablement dommageable pour les futurs soignants, voire pour les patients.
Une réquisition sans égal
85 % d’entre nous ont été mobilisés en France, s’est indignée Mathilde Padilla, représentante de la FNESI. Pour la fédération étudiante, cette réquisition sans égal parmi les pays participant au débat a indéniablement engendré une perte de temps de formation et des connaissances à acquérir, sans compter que le sésame 2021 pourrait bien être estampillé de « diplôme au rabais », comme le craignent bien des intéressés. Une absence totale de gouvernance, a jugé sans appel Jacques Chapuis, Directeur de l’Institut et Haute École de la Santé La Source de Lausanne. En Suisse, les directeurs des enseignements ont pris leurs responsabilités et se sont battus dès le début de la crise pour que les choses ne se déroulent pas comme chez leurs voisins français, a-t-il revendiqué. Pourtant, le pays a été particulièrement touché par l’épidémie ; la mobilisation des étudiants très forte (573 ont été appelés sur le terrain) et le nombre de personnes malades et de décès important, à l’hôpital comme en « établissements médico-sociaux » - l’équivalent de nos Ehpad. D’autres pays ont même tout mis en oeuvre à la fois pour préserver les apprentissages des étudiants et les mettre en position de force. Les ESI n’ont prêté main forte qu’après la fin de leurs études ; ce avant tout pour garantir leur cursus, puis les connecter directement au monde professionnel et faciliter le début de leur carrière, rapporte Annie Chevrier, Directrice des programmes d’éducation numérique de la Mc Gill School of Nursing au Québec. Mieux encore : de son côté, le Liban a opté pour le maintien à tout prix des enseignements, des stages et du statut d’étudiant. Voilà pourquoi la totalité des cours et des stages y a été maintenue, et la mobilisation étudiante y a été exclusivement académique.
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Anne Perette-Ficaja
Directrice des rédactions paramédicales adjointe
anne.perette-ficaja@gpsante.fr
@aperette