mardi 7 mars 2023, par
D’après une enquête réalisée par le CEFIEC, seulement 61% des étudiants en soins infirmiers entrés en formation en 2019 seraient diplômés en 2022. Et pour cause, ce taux de déperdition durant les trois années de formation serait en grande partie lié à des suspensions, interruptions et des redoublements. Ce constat semble mettre en évidence des difficultés dans le maintien des effectifs en formation et doit nous interroger sur les modalités d’accompagnement des étudiants au sein de la filière infirmière.
Pour la deuxième année consécutive, le Comité d’Entente des Formations Infirmières et Cadres de santé (CEFIEC) a partagé le 13 février 2023 les résultats de son enquête annuelle intitulée « suivi des cohortes des étudiants infirmiers ». Il s’agit d’une étude menée entre le 20 septembre et le 20 novembre 2022, basée sur des données recueillies auprès de 152 Instituts de Formation en Soins Infirmiers (IFSI), soit un panel de 44 745 étudiants en soins infirmiers (ESI).
Les données quantitatives recueillies mettent en évidence « les modes d’admission des étudiants, la mixité de leurs profils, mais aussi les taux de déperdition de diplômés en fin de cursus », précise le CEFIEC. Concernant le taux de diplomation de la cohorte 2019-2022, précisément 60,90% des étudiants ont été diplômés en juillet 2022. Le taux de réussite au jury final atteint les 63,21% en incluant les 2,32% des étudiants issus de la cohorte précédente après un redoublement ou une réintégration.
Le CEFIEC fait des recommandations pour accompagner les étudiants vers la réussite
La formation en soins infirmiers reste largement plébiscitée et connait des records d’attractivité sur la plateforme Parcoursup dans les vœux des lycéens en post-bac depuis son intégration en 2019. Pourtant, l’enquête menée par le CEFIEC met en évidence une déperdition à hauteur de 18,15% pour la cohorte 2021-2024. Alors qu’est-ce qui explique les données de cette enquête ? Premier élément qui pourrait justifier ces résultats : un niveau scolaire probablement insuffisant pour certains étudiants admis en formation.
Parmi ses recommandations, le CEFIEC aborde la nécessité de « soutenir l’accompagnement des étudiants vers la réussite » en proposant de déployer des dispositifs de remise à niveau scolaire et de favoriser des parcours d’accompagnement personnalisés au niveau des instituts de formation en soins infirmiers (IFSI). Un travail commun devra être initié entre les lycées et les IFSI afin d’accompagner l’orientation des lycéens vers les métiers du soin dès le secondaire pour mieux préparer les futurs étudiants et prévenir les erreurs dans le choix d’études supérieures.
Une meilleure prise en compte de la qualité de vie étudiante
La crise sanitaire liée au COVID 19, la forte mobilisation des étudiants dans les hôpitaux et les conditions instables de la formation depuis 2020 ne sont pas sans conséquence sur la santé mentale des étudiants en soins infirmiers, comme précise l’enquête « Bien être » réalisée par la Fédération Nationale des Etudiants en Sciences Infirmières (FNESI) publiée en Mars 2022. Dans ses recommandations, le CEFIEC préconise une amélioration de la qualité de vie étudiante par un accompagnement plus spécifique de leurs besoins au cours de la formation. Il convient également de favoriser l’accès aux soins primaires des étudiants en encourageant l’accessibilité aux services de santé et de lutter contre toute forme de précarité étudiante.
Améliorer les conditions en stage des étudiants
Si l’étude réalisée par CEFIEC ne met pas en relief les raisons justifiant ces taux de déperdition en formation, il nous parait évident de questionner les conditions d’accueil et d’encadrement en stage des étudiants dans un contexte professionnel fragilisé. Le CEFIEC précise dans ses recommandations de tendre vers une professionnalisation et une valorisation de la fonction de tutorat pour plus de reconnaissance des infirmier(e)s engagé(e)s dans ces missions, tandis que 50 % du temps de formation est dédié aux stages. Des axes de travail autour des conditions de la formation et de la profession devront être engagés très prochainement afin de préserver les effectifs en formation et ainsi garantir l’attractivité de la profession infirmière et la fidélisation des acteurs dans le système de santé.
Linda KHELIFI
Cadre de santé formateur
linda.khe@hotmail.fr