jeudi 5 janvier 2017, par
Suite à son enquête réalisée auprès des UFR de médecine et des IFSI, l’Institut pour la démocratie en santé (IPDS) a identifié des insuffisances dans les programmes de formation liées à l’attention que doivent porter les soignants sur les patients. Une série de recommandations leur seront bientôt transmises et des patients enseignants rémunérés sont déjà à l’œuvre dans les institutions pour cette thématique.
La déléguée générale de l’Institut pour la démocratie en santé (IPDS), Mélanie Heard, interrogée le 4 janvier 2017 par l’APM, a dévoilé les premiers résultats d’une enquête réalisée auprès des facultés de médecine et des IFSI sur la formation des professionnels de santé à l’écoute des patients, notamment via la place accordée aux patients formateurs.
Un groupe de travail pour favoriser l’implication des usagers du système de santé
Créé en mai 2015 par la Fédération hospitalière de France (FHF), l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP) et le Collectif interassociatif sur la santé (Ciss), l’IPDS vise à développer l’implication des citoyens et usagers dans la définition des politiques publiques. Dans un communiqué publié le 3 janvier 2017, l’IPDS indique avoir présenté ce même jour les premiers résultats de son enquête lors d’un séminaire organisé au siège de la FHF. Soulignant avoir été interpellé dès sa création par les « fortes attentes sur la formation des professionnels à de nouvelles pratiques plus attentives, plus à l’écoute du vécu des usagers », l’institut précise avoir mis en place à cet égard « un groupe de travail pluri-professionnel » présidé par Chantal de Singly et ayant pour objectif d’« explorer les leviers d’émergence de ces pratiques favorisant des prises en charge de qualité ».
Une enquête auprès des UFR de médecine et des IFSI
C’est dans ce cadre qu’une enquête auprès des UFR de médecine et des IFSI a été menée, a indiqué Mélanie Heard. « Réalisée par l’IPDS, avec le soutien du Comité d’entente des formations infirmières et cadres (CEFIEC) et de la conférence des doyens des facultés de médecine, cette enquête s’est traduite par l’envoi, début décembre, d’un questionnaire de 12 pages aux équipes dirigeantes et enseignantes de tous les UFR de médecine et de tous les IFSI », a-t-elle précisé. « A ce jour, 150 IFSI sur 330 et 10 UFR de médecine sur 35 y ont répondu... Deux ou trois UFR supplémentaires doivent nous envoyer leurs réponses courant janvier », a-t-elle ajouté.
Une évaluation des pratiques pédagogiques des enseignants
« Conçu par le groupe de travail présidé par Chantal de Singly, ce questionnaire ciblait une dizaine de compétences cliniques à propos desquelles les équipes dirigeantes et enseignantes ont été interrogées sur leurs pratiques. Comment apprend-on à travailler de façon pluri-professionnelle ? Quid de l’apprentissage des modalités d’information du patient concernant sa pathologie et les options de traitement existantes ? Quid de l’enseignement des modalités d’une prise de décision partagée ? d’une consultation d’annonce ? Quel apprentissage du repérage des représentations sociales et religieuses de la maladie ? Telles étaient, à titre d’exemple, certaines de nos interrogations », a souligné Mélanie Heard.
Améliorer les compétences relatives aux représentations sociales et religieuses de la maladie
L’objectif, ainsi que souligné par l’IPDS dans son communiqué, était de « faire parler les enseignants sur leurs pratiques pédagogiques innovantes, mettre en valeur les expériences qui donnent la parole aux patients ». « Ce qui ressort à l’heure actuelle de cette enquête, c’est que, si l’on peut constater un certain ’mieux’ concernant l’apprentissage de certaines compétences type dispositifs d’annonce ainsi que des efforts faits, notamment en matière d’explications données aux patients concernant leur pathologie et leur traitement, d’autres compétences sont par contre peu travaillées, notamment celles relatives aux représentations sociales et religieuses de la maladie », a indiqué Mélanie Heard.
Des patients enseignants rémunérés comme vacataires
Autre conclusion de l’enquête, soulignée par l’IPDS dans son communiqué : « les formations médicales et paramédicales ne peuvent plus relever d’une simple logique de transmission des savoirs. C’est de l’apprentissage d’un savoir-être qu’il s’agit, ce qui nécessite des techniques pédagogiques repensées ». A cet égard, Mélanie Heard a indiqué que l’enquête avait permis de repérer différents dispositifs de formation particulièrement intéressants, qu’il s’agisse « de modules de formation dédiés utilisant le biais du théâtre » ou « d’expérimentations d’intervention de patients en tant que formateurs ». La faculté de médecine générale de Paris XIII comptait même dans ses rangs « des patients enseignants rémunérés en tant que vacataires ». Encore peu développée, « cette tendance à aller vers une réelle intégration des patients en tant que membres de l’équipe enseignante est néanmoins marquée », a-t-elle insisté, citant en exemple « la réflexion des UFR de médecine de Lyon ou Angers sur le sujet ».
Des recommandations bientôt adressées aux instituts de formation
Interrogée sur les éventuelles différences en la matière entre UFR de médecine et IFSI, la déléguée générale de l’IFDS a noté que « le souci d’aller vers la transmission d’un savoir-être était particulièrement marqué en IFSI, mais les modalités innovantes en la matière [sont] paradoxalement moins abouties [qu’en faculté de médecine] ». Mélanie Heard a précisé que les résultats définitifs de cette enquête seraient inclus dans le rapport exploratoire que devrait présenter le groupe de travail « fin janvier-début février ». Ce rapport contiendra aussi « des recommandations pour diffuser des modules de formation innovants et mutualiser les expériences les plus intéressantes », indique l’IPDS dans son communiqué. Par la suite, l’IPDS aura « pour objectif d’élaborer, sur la base des recommandations du groupe de travail, des outils opérationnels et des éléments de repère qui seront à la disposition des UFR de médecine et des instituts de formation paramédicaux », a ajouté Mélanie Heard.
L’IPDS, qui devrait, « dans les mois à venir », prendre la forme d’un groupement d’intérêt public (GIP) centré sur la citoyenneté en santé, va par ailleurs poursuivre son enquête en l’adressant, prochainement, « aux écoles de sages-femmes, de kinésithérapeutes, d’ergothérapeutes, etc. », a-t-elle expliqué.
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