Les atouts et risques de l’utilisation de l’IA dans le quotidien des managers de Santé

L’impact de la technologie et de l’intelligence artificielle (IA) sur le leadership dans les établissements de santé est un sujet multiformes qui suscite autant l’espoir que l’inquiétude. Dans un article publié sur la plateforme healthmanagement.org, Isabel Page trace les contours de ce que peut apporter l’IA aux managers de Santé dans leur pratique. Que signifie l’IA pour les managers de santé, et quels sont les écueils à éviter ? Analyse...

Dans un article publié sur la plateforme HealthMjanagement.org, Isabel Page, spécialiste du développement du leadership dans les organisations et chargée de cours à l’Université du Luxembourg, évoque l’intrusion de technologies avancées dans les établissements de Santé et la manière dont les managers doivent les utiliser.

Des outils qui s’intègreront petit à petit aux processus de décision

Les principaux domaines de l’IA applicables au secteur de la santé sont aujourd’hui le Machine learning, constitué d’algorithmes capables d’apprendre et de s’adapter sans suivre d’instructions explicites et le traitement du langage naturel, application de techniques informatiques pour analyser et synthétiser le langage naturel et la parole, comme le fait ChatGPT.

Dans le cadre de la gouvernance des établissements de Santé, l’IA est tout d’abord capable de fournir des capacités avancées d’analyse et de traitement des données, améliorant potentiellement la qualité et l’exactitude de la prise de décision. Il est nécessaire, pour cela, que la qualité des statistiques recueillies et de la manière dont les données sont traitées soit au rendez-vous.

Une analyse plus fine de l’environnement et des stratégies à adopter

Les managers et les directeurs des établissements de santé doivent, par ailleurs, tenir compte du fait que les processus de changement stratégique s’inscrivent dans le long terme, mais en tenant compte du rythme rapide de l’évolution technologique et de la rupture numérique. Les analyses basées sur l’IA peuvent, dans ce cadre, fournir une meilleure compréhension de l’environnement, des comportements des patients et des paysages concurrentiels, pour des stratégies agiles et adaptatives. Cet usage est tout de même limité par le manque potentiel d’intuition et de créativité des systèmes d’IA.

Reste à trouver un équilibre entre la mise en œuvre de nouvelles technologies et la préservation des valeurs organisationnelles fondamentales, car le changement de paradigme peut s’avérer très difficile à amorcer du fait de la résistance au changement. Une courbe d’apprentissage très abrupte, innovante et continue doit être culturellement assimilée. Dans le cas de l’adoption de l’IA, cela dépend de la culture organisationnelle et du succès, ou de l’échec, de la stratégie de communication qui l’a accompagnée. Or, nous savons tous que dans la culture organisationnelle plutôt hiérarchique, bureaucratique et cloisonnée qui prévaut dans le secteur de la santé, cette évolution peut s’avérer extrêmement difficile.

Une approche plus sensible de la gestion des talents, des mobilités et l’apparition de nouveaux métiers

Enfin, dans le cadre du contrôle des activités de nos outils d’IA, la surveillance humaine est essentielle. Les plus grandes compétences impliquent de comprendre en profondeur les limites et les potentialités de l’IA, tout en s’assurant absolument que les données saisies sont fiables et appropriées, notamment sur le plan éthique. Le but est d’augmenter le potentiel humain plutôt que de le remplacer, ce qui implique une approche très sensible de la gestion des talents, de l’organisation, de la mobilité des agents et de la promotion de nouveaux métiers. Une nouvelle ère s’ouvre devant nous, à nous d’en tirer profit au bénéfice de nos équipes et des patients dont nous avons la charge.

Bruno Benque
Rédacteur en chef www.cadredesante.com
bruno.benque@gpsante.fr
@bbenk34.