lundi 30 janvier 2023, par
Le bloc opératoire est le principal responsable de la pollution générée par les établissements de Santé. Une étude de l’American College of Surgeons a traité cette problématique, montrant que les pratiques sont en train de changer. Elle évoque également des marges de progression possible, notamment concernant les gaz anesthésiques. Le bloc opératoire vert semble néanmoins en voie de généralisation.
L’impact écologique des activités sanitaires est désormais un sujet sur lequel les organismes de tutelle et les directions d’établissements de Santé prêtent une attention particulière.
Le bloc opératoire, émetteur majeur de gaz à effet de serre à l’hôpital
Dans les pays dits développés, le secteur sanitaire est en effet responsable d’une part non négligeable de l’émission de gaz à effet de serre. C’est tout d’abord l’industrie des médicaments et des dispositifs médicaux qui génère, selon des études récentes, environ 4,5% de l’ensemble de ces gaz, un taux qui monte à hauteur de 10% aux États-Unis. Ce sont ensuite les activités sanitaires proprement dites qui sont très polluantes, du moins celles qui font perdurer des pratiques ancestrales qui ne prennent pas en compte cette problématique qui touche, in fine, la Santé publique.
Et dans cet ensemble, ce sont les salles d’opération qui produisent le pourcentage le plus élevé de gaz à effet de serre. Elles peuvent utiliser jusqu’à six fois plus d’énergie que le reste de l’hôpital, ainsi que le plus grand producteur de déchets à travers l’hôpital.
L’américain College of Surgeons se penche sur la problématique
Cette problématique a été abordée dans une nouvelle étude publiée dans le Journal of the American College of Surgeons (JACS). L’objectif de cette étude était d’identifier les initiatives d’amélioration de la qualité visant à réduire l’impact environnemental du bloc opératoire tout en diminuant les coûts. À partir d’une revue documentaire, les chercheurs ont identifié les impacts environnementaux, financiers et sociaux des interventions pour guider la prise de décision. Les études ont ensuite été classées en utilisant les 5 « R » de la durabilité – refuser, réduire, réutiliser, réadapter et recycler – et les impacts ont été discutés à l’aide du cadre du triple résultat.
Les pratiques changent dans de nombreuses structures
Un total de 23 initiatives uniques d’amélioration de la qualité décrivant 28 interventions ont été incluses. Les interventions ont été classées comme « refuser » (39,3 %), « réduire » (28,6 %), « réutiliser » (10,7 %) et « recycler » (21,4 %). D’autre part, les économies financières annuelles potentielles allaient de 873 $ à 694 141 $. Pour le ce co-auteur de cette étude, le Dr Mehul V. Raval, chirurgien pédiatrique, « la possibilité de réduire notre empreinte carbone nous incombe entièrement, et je vois des chirurgiens jouer un rôle de premier plan ... dans l’édition de normes et de politiques nationales qui feront avancer cet effort pour une manière globale et durable d’aborder la prestation des soins de santé ».
Le problème persistant des gaz anesthésiques
Parmi les autres actions visant à aider les hôpitaux à devenir plus écologiques et à réduire les coûts, et comme nous l’avons déjà évoqué dans nos colonnes, l’étude cible l’extinction des lumières et des équipements pendant la nuit, ainsi que la réduction de la fréquence de lavage des équipements d’anesthésie non contaminés. Les chercheurs ont toutefois identifié une lacune dans la littérature concernant les actions qui pourraient permettre de réduire les sources d’émissions telles que les gaz anesthésiques, qui représentent la moitié des émissions de gaz à effet de serre des salles d’opération. Il est impératif d’évaluer de telles actions afin que les chirurgiens étudient l’impact et le succès de leurs contributions plus écologiques.
<Le bloc opératoire vert en voir de généralisation ?
Le Dr Sullivan espère voir, à terme, tous les blocs opératoires disposer d’une équipe verte de chirurgiens, personnels paramédicaux et anesthésistes axée sur la durabilité, travaillant aux côtés de l’équipe de la chaîne d’approvisionnement, des services environnementaux et de la direction de l’hôpital pour adopter des pratiques opératoires durables et certainement plus économiques financièrement. Des établissements français, comme les Hôpitaux Universitaires de Strasbourg (HUS), ont engagé une politique dans ce sens. Le bloc opératoire vert semble en voie de généralisation.
Bruno Benque
Rédacteur en chef www.cadredesante.com
bruno.benque@gpsante.fr
@bbenk34.