mardi 9 mai 2023, par
La problématique liée à la prise en soins de premier recours en France doit nécessairement être appréhendée de manière globale. C’est en substance le message que les orateurs de la récente Journée organisée par la FEDORU ont souhaité faire passer. De l’utilisation de l’outil numérique à la bonne coordination des CPTS et des services d’urgences, de nombreuses initiatives ont été présentées pour améliorer le système. Mais elles ne pourront pas se passer de l’acculturation des populations...
La gestion de la médecine non programmée fait l’objet de difficultés récurrentes depuis de nombreuses années, favorisées par la montée des maladies chroniques, le vieillissement de la population, la pénurie de médecins généralistes dans certains territoires, voire leur non-participation à la continuité des soins, ainsi qu’à une surutilisation du système de Santé par les patients.
Les enjeux des soins de premier recours présentés par la FEDORU
Il résulte de ce constat alarmant des flux importants de personnes dans les services d’Urgences auxquels les acteurs de la prise en soins de premier recours sont bien obligés de faire face, tant bien que mal. Plus souvent mal que bien d’ailleurs, faute de moyens humains notamment. C’est pour essayer de trouver des solutions à ces problèmes de Santé publique que la Fédération des Observatopires Régionaux des Urgences (FEDORU) a organisé, le 7 avril 2023 dans les locaux du au Ministère de la Santé et de la Prévention, une journée de rencontres et de témoignages. L’objectif de cette journée était de mettre en perspective les différents enjeux des urgences de demain à la lumière des données des Observatoires Régionaux des Urgences (ORU).
Une association qui promeut la qualité des soins urgents et contribue au développement de la médecine d’urgence
La FEDORU, est une association créée en 2013 qui regroupe l’ensemble de ces observatoires ainsi que les structures apparentées. Elle a pour mission principale d’améliorer la qualité de prise en soins de patients aux urgences, en s’appuyant sur les différents collecteurs de données ainsi que sur l’expérience de chacun de ses membres. Elle coordonne les actions entre les différents professionnels exerçant dans les services d’urgences, y compris les SAMU, assure toutes les actions de représentations pour ce domaine d’expertise, crée les conditions de partage des expertises dans le domaine des soins de premier recours et contribue également au développement de la médecine d’urgence.
Une problématique à appréhender de manière globale
La Journée du 7 avril a donc couvert l’ensemble des thématiques liées à la gestion des soins de premiers recours en France, une gestion qui doit, comme l’ont souligné les orateurs, faire l’objet de différents champs d’analyse pour qu’elle soit pertinente et doit « s’extraire du cadre trop étroit du service d’urgences » proprement dit pour l’appréhender avec différents angles. Ce domaine ne peut en effet s’abstenir de prendre en compte les enjeux sociaux, économiques ou politiques qui y sont liés, ni d’analyser le contexte avec toute la rigueur d’analyses nécessaire, la qualité des données à exploiter, ainsi que l’expertise pour les exploiter. Sans compter les usages numériques ciblés et efficients.
L’augmentation de l’âge moyen de la population concernée par les actes de premier recours a notamment été mise en lumière à cette occasion, renforçant l’idée de renforcer la collaboration des acteurs de la ville avec ceux de l’hôpital et de créer une filière de prise en charge et d’orientation ainsi qu’une équipe mobile de gériatrie.
De la bonne coordination entre les CPTS et les services d’urgences
Parmi les sujets les plus souvent abordés lors de cette session, citons l’importance des Communautés Professionnelles Territoriales de Santé (CPTS), qui sont essentielles pour limiter l’afflux de patients aux urgences et qui font l’objet, en région PACA, d’un tableau de bord régional qui permet de partager et d’échanger entre les Services d’Accueil des Urgences (SAU) et les acteurs de la ville. Il s’agit d’un outil de régulation non négligeable puisqu’il permet d’évaluer le bassin d’activité effectif de chaque CPTS, à l’instar du tableau de bord des soins de ville pour l’évaluation de l’activité de médecine générale.
De nombreuses initiatives qui ne pourront pas se passer de l’acculturation des populations
Dans le même ordre d’idées, il a été question de la pertinence des Centres de Soins Non Programmés (CSNP) qui sont des structures territoriales offrant des prestations sans rendez-vous, avec un plateau technique minimal, et que les orateurs ont différentiées des maisons médicales de garde.
Le phénomène de l’engorgement des services d’urgences n’est dons pas une fatalité. Les solutions existent, elles ne demandent qu’à être promues et développées. Mais le succès sera au rendez-vous lorsque les populations auront assimilé ce changement de paradigme. Des campagnes d’information plus efficaces seront sans doute nécessaires dans cette optique.
Bruno Benque
Rédacteur en chef www.cadredesante.com
bruno.benque@gpsante.fr
@bbenk34.