lundi 18 octobre 2021, par
Les cadres de santé du Pôle imagerie du CHU de Nîmes peuvent désormais bénéficier d’une journée de temps de travail de temps en temps. Ce projet, validé il y a dix mois, est très apprécié des principaux intéressés, qui font l’objet d’une augmentation de la charge de travail lorsqu’un collègue est absent, mais qui voient beaucoup de points positifs dans cette évolution. Pour la coordonnatrice des soins, qui a validé le projet malgré un questionnement sur les valeurs et les conventions, il sera néanmoins nécessaire d’évaluer, à terme, pour reconduire.
Les Journées des Cadres de radiologie du Grand Sud 2021, qui se sont déroulées récemment à Nîmes, ont, comme à l’accoutumée, fait l’objet d’interventions tantôt d’ordre philosophique et sociologique, tantôt relevant de l’activité opérationnelle, mais toujours très riches en enseignements et en discussions.
Un projet de télétravail pour les cadres du Pôle imagerie
L’une de ces présentation, un étable ronde à laquelle participaient l’ensemble des cadres de santé (CS) du pôle imagerie du CHU de Nîmes, avait pour objectif de décrire le projet, instauré au sein de ce pôle, de créer des séquences de télétravail pour ces cadres. Cette équipe est composée de 5 CS qui, autour de la cadre supérieure (CSS) Agnès Amblard, gèrent respectivement la radiologie interventionnelle, les explorations fonctionnelles, les examens externes, l’IRM et l’échographie, et enfin les urgences et le scanner. Autant de sous-spécialités qui font la richesse d’un pôle d’imagerie médicale mais qui pour autant peuvent ponctuellement être pilotées par les uns ou les autres sans que la continuité du service rendu n’en soit affecté.
Créer les conditions matérielles de la réussite
Cette polyvalence et cette complémentarité a donné l’idée à Agnès Amblard, appuyée en cela par le chef de Pôle le Pr Jean-Paul Beregi, de faire bénéficier aux membres de son équipe d’une journée de télétravail de temps en temps, selon les besoins de chacun et en tenant compte, bien évidemment, des contraintes du service. Elle leur a, pour ce faire, demandé d’élaborer un dossier individuel relatant les tâches de chacun d’eux afin notamment d’évaluer les possibilités de remplacement interne et de présenter le projet à la Coordinatrice des soins du CHU de Nîmes, Mme Marie-Claude Gaste. Ce projet a été validé au début de l’année 2021, la Direction du CHU ayant mis à disposition des CS du matériel informatique pour leur donner accès à l’ensemble de l’espace logiciel de l’établissement tout en préservant la sécurité des données.
Des règles de fonctionnement très formalisées
L’ensemble de l’équipe, CSS comprise, peut donc désormais réserver une journée de travail à domicile par mois - une journée par semaine pour la radiothérapie et la médecine nucléaire qui fait également partie du projet -, sauf la plus jeune d’entre eux, qui a souhaité ne pas bénéficier de cette évolution dans un premier temps car, nouvellement en poste, elle jugeait qu’une présence permanente auprès de son équipe lui permettrait d’appréhender plus rapidement ses missions.
Mais des règles de fonctionnement très strictes ont été instaurées, principalement pour planifier les absences des uns et des autres afin qu’au moins trois CS sur quatre soient présents simultanément et programmer les activités ponctuelles des présents sur le service des absents. D’autre part, un téléphone spécifique a été attribué au cadre se trouvant en télétravail, via une ligne en 06, afin qu’il soit joignable en permanence.
Des points positifs largement plébiscités
Toute cette petite équipe était donc présente à la table ronde pour donner son ressenti o propos de cette expérience, 10 mois après son démarrage. Et tous s’accordaient à dire que la préparation de cette journée de télétravail avait besoin d’être anticipée, par la construction d’une « to do list » par exemple, ou par une action de communication envers les manipulateurs et autres membres du service en amont de la journée d’absence.
On a senti, à cette occasion, la cohésion et la confiance qui émane de chacun d’entre eux, des notions qui expliquent sans doute le sentiment de culpabilité qui les traverse les jours où ils sont absents du service et où leurs collègues sont amenés à régler les quelques problèmes qui se présentent. Car effectivement, pour ceux qui restent, le volume de travail augmente ponctuellement et il est nécessaire de se déplacer de temps en temps dans l’unité du collègue en télétravail. Ce qui nécessite, selon la CSS, de formaliser des temps d’échanges par téléphone dans ce contexte.
Une évolution qui bouscule les valeurs et les conventions
Mais ces quelques contraintes ne sont pas en mesure de contre-balancer les nombreux points positifs de cette initiative, à commencer par les temps de transport limités et les gains en productivité que cette journée permet de réaliser car elle supprime les interruptions de tâches. Une évolution d’autant plus appréciée par la CS de radiothérapie qui cohabite dans un bureau bruyant et soumis à des va-et-vient permanents.
Mais que pense la coordonnatrice des soins de cette évolution des pratiques ? Marie-Claude Gaste, présente elle aussi à la table ronde - comme à l’ensemble de ces journées d’ailleurs -, s’est dite un peu bousculée dans ses valeurs et ses convictions car elle n’imaginait pas que cela soit possible pour la fonction de CS. Considérant qu’ils sont déjà beaucoup absents pour leurs congés, elle est d’autre part très attachée à l’image qui est renvoyée aux équipes dans ce contexte.« Mais il faut vivre avec son temps, s’est-elle exclamée. Il faut trouver un équilibre, évaluer à distance cette expérience et rappeler que l’autonomie n’empêche pas le contrôle ». Cela va sans dire, mais c’est sans doute mieux en le disant...
Bruno Benque
Rédacteur en chef www.cadredesante.com
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