mercredi 27 mai 2020, par
Alors que, dans le contexte de crise sanitaire, nos gouvernants réfléchissent à augmenter les salaires des personnels soignants, rien n’indique qu’il en sera de même pour les cadres de santé. Notre collègue Éliane Snaoui s’en inquiète, elle dont les émoluments sont inférieurs aux IADE qu’elle manage. Elle appelle donc à ce que les missions des managers de Santé sortent de l’ombre et qu’elles soient reconnues à leur juste valeur.
Cadre de Santé, issue de la filière IADE et titulaire d’un M1 et d’un M2 en droit de la Santé, je doute, comme la plupart de mes collègues, que ma rémunération soit représentative des compétences que j’ai acquises et des responsabilités qui sont les miennes dans le cadre de mon exercice professionnel.
Une prochaine reconnaissance salariale pour les personnels soignants
Mon activité quotidienne m’emmène à gérer un plateau technique composé d’un bloc opératoire, d’une SSPI, d’un Service d’Ambulatoire (Médecine et Chirurgie), d’un Service d’Endoscopie et du Service de Stérilisation au sein d’un hôpital public de l’Eure. Dans le contexte actuel de crise sanitaire et de prise de conscience de l’utilité des personnels soignants, j’apprends, comme tous mes confrères et consœurs cadres, qu’une revalorisation des salaires est envisagée pour les infirmiers et les aides-soignants. C’est très bien, mais j’ai envie de dire : « Il était temps et il vaut mieux tard que jamais ».
Des cadres au émoluments inférieurs aux personnes qu’ils managent
Cependant, je constate que les cadres de santé sont, une nouvelle fois, les grands absents de ces annonces. Vont-ils, à nouveau, être les oubliés de cette réforme ? Rien n’aurait-il changé depuis le Rapport DE SINGLY, qui a mis en évidence « le travail invisible du cadre » ? Pour ma part, je me suis livrée à un petit calcul : si je n’avais pas fait le choix d’orienter ma carrière vers une fonction cadre, ma rémunération actuelle en tant qu’IADE serait de 2970 euros (IB 770 IM 634) hors primes, or ma rémunération actuelle de cadre de santé est de 2849 euros (IM 736 IB 608). Face à ce constat, je m’interroge sur la logique de la rémunération d’un cadre spécialisé, titulaire d’un Master, qui est inférieure, à temps de carrière égal, à celle des personnels qu’il encadre.
Un système qui ne peut fonctionner sans gouvernance
Ce constat est également valable pour tous mes confrères et consœurs cadres paramédicaux. Beaucoup d’entre nous ressentent, de ce fait, un grand sentiment d’injustice face à la restitution des informations concernant la gestion de la crise du COVID-19 au sein des Hôpitaux. Croit-on que les infirmières et les aides-soignants travaillent par elles-mêmes ? Croit-on que la motivation, l’implication professionnelle va de soi ? En est-on encore à penser que c’est la Vocation qui anime les soignants ? Nous voit-on toujours avec une cornette sur la tête ? Dans les corps d’armée, on félicite les généraux pour avoir su motiver leurs bataillons, au sport, les entraineurs et autres coaches sont également cités et félicités, mais concernant les managers d’équipes soignantes, rien....
Les cadres aussi ont besoin d’une reconnaissance salariale
N’oublions pas que derrière chaque équipe qui fonctionne il y a un cadre qui guide, qui réconforte, qui remercie, qui encourage. Depuis le début de cette épidémie, je n’ai entendu aucune référence au travail des cadres, qui pourtant ont tous permis d’armer les bras des infirmières. Ce silence nous maintient dans l’invisibilité déjà citée. C’est injuste et démotivant. Nous nous sommes toutes et tous battus pour et avec nos équipes, nous avons travaillé sans compter nos heures - forfait cadre oblige : 7h/jour quel que soit le nombre d’heures réellement effectuées -. Alors, je vous remercie de ne pas nous oublier. Et je suis tout à fait disposée à faire part à la communquté de mon expérience de cette crise au travers de la mobilisation de mon équipe qui a su me suivre.
Éliane SNAOUI
Cadre de santé
Centre hospitalier de l’Eure
elianejeanne@gmx.com