mercredi 13 octobre 2021, par
L’enquête menée par Ayming sur l’absentéisme et l’engagement en entreprise en période post-covid nous apprend notamment qu’une dégradation physique et psychologique des agents les a accompagnés lors de la traversée de cette crise. Et des envies de changement sont largement exprimées chez les moins de 40 ans ou ceux ayant peu d’ancienneté. Ce document nous montre en outre l’importance de l’encadrement de terrain pour des organisations humaines et performantes.
Maintenant que le gros de la crise sanitaire est derrière nous – même si l’on ne se sent pas à l’abri d’une nouvelle vague durant l’hiver prochain -, beaucoup d’experts se livrent à des analyses de la situation quant à l’impact que cette période a eu sur les ressources humaines des entreprises.
Enquête sur l’absentéisme et l’engagement en entreprise post Covid
Dans ce contexte, la société de conseil Ayming a publié, il y a quelques semaines, une étude centrée sur les évolutions de l’absentéisme en 2020, en le comparant à l’année 20219. Ce « 13ème Baromètre de l’Absentéisme et de l’Engagement » est, dans ses résultats, très impacté par le Covid, ce qui ne surprendra personne. Néanmoins, même si les auteurs qualifient d’atypiques les données recueillies, ces dernières n’en demeurent pas moins révélatrices des facteurs qui entraînent habituellement un fort absentéisme des agents, y compris dans le secteur de la Santé. Car, même si les arrêts spécifiquement liés à la Covid ne peuvent pas être isolés, les intervenants Ayming ont su mettre en lumière les autres facteurs déterminants et les évolutions de l’absentéisme entre 2019 et 2020.
Dégradation physique ou psychologique
Ce travail met en effet en lumière des notions comme le travail en présentiel, le travail en distanciel ou les fluctuations du temps de travail comme critères de qualité de vie professionnelle. Il nous apprend que l’absentéisme a été en nette augmentation en 2020, en croissance de 30% tous secteurs confondus, avec un secteur de la Santé particulièrement touché le taux d’absentéisme passant de 6,34% à 8,26% en moyenne. Des différences significatives sont identifiées selon le domaine d’exercice ou le secteur d’activité, liées sans doute aux modalités de travail. Si les femmes semblent plus impactées (45%) que les hommes (37%), les salariés déclarent, pour 20% d’entre eux, une dégradation physique, pour 35% d’entre eux une dégradation psychologique et, pour 26% d’entre eux enfin, une baisse d’engagement dans leur travail.
Des envies de changement largement exprimées
Si l’on va plus dans le détail, l’on s’aperçoit que ce sont les augmentations de temps de travail qui, durant cette période de crise, entrainent une dégradation physique mais qui, d’un autre côté, renforcent l’engagement des salariés. Les chercheurs y voient les effets du bon accompagnement de leur manager. À l’inverse, il semble que les diminutions de temps de travail soient à l’origine de la dégradation psychologique des autres agents, avec une baisse de l’engagement pour 37% d’entre eux, affectés qu’ils sont par le manque de contact avec leurs collègues.
D’autre part, et c’est significatif de la période de crise que nous avons traversée, 45% des salariés interrogés souhaitent, à ce jour, changer de poste et/ou d’entreprise, une tendance présente chez 50% des salariés de moins de 40 ans, ceux ayant moins de 10 ans d’ancienneté dans leur entreprise ou ceux ayant connu une baisse de leur temps de travail en 2020.
De l’importance de l’encadrement de terrain dans cette période de reprise
Cette enquête nous semble, finalement, mettre le doigt sur le rôle majeur que l’encadrement doit jouer dans un futur proche. Durant la crise, les salariés se sont sentis isolés, qu’ils aient travaillé en présentiel ou à distantiel, avec des gestes barrières omniprésents déteriorant le lien social, une crainte des contaminations, le changement dû au télétravail, les suspensions d’activité́ mais aussi, dans le secteur de la Santé notamment, l’augmentation de la charge de travail. Tous ces désagréments sont venus significativement dégrader le collectif qu’il faut maintenant favoriser, notamment en renforçant la qualité des relations au travail et l’esprit d’équipe. Plus que jamais, la reconnaissance de l’investissement, le respect de l‘équilibre vie personnelle et professionnelle ainsi que le développement des compétences doivent être remis au goût du jour pour renouer avec des organisations humaines et performantes.
Bruno Benque
Rédacteur en chef www.cadredesante.com
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