mercredi 14 janvier 2015, par
Depuis bientôt deux ans, Nadine Maudinas est psychologue du travail contractuelle, au sein d’un hôpital public de province. Elle a souhaité nous faire partager cette expérience, le contexte dans lequel elle s’enracine, les actions qu’elle mène auprès des équipes soignantes, mais aussi les questions et les réactions qu’elle suscite.
Une volonté de la Direction de s’inscrire dans la durée
Le poste de psychologue du travail que j’exerce aujourd’hui a été créé à la demande de la Directrice des soins, arrivée un an auparavant dans l’établissement. Soutenue par la Directrice des ressources humaines, la DSSI souhaitait quelqu’un doté d’un regard différent qui ne soit ni soignant, ni administratif, pour penser l’organisation du travail, sortir d’une relation duelle de cadre à équipe, et permettre aux professionnels et aux encadrants de prendre du recul par rapport à leurs pratiques.
Même si mon temps de travail oscille entre de 20 et 40%, selon les années et les financements, l’établissement a opté pour un poste pérenne, hiérarchiquement rattaché au Directeur de l’hôpital. Par ailleurs, je suis associée aux réunions du CHSCT (Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail), à titre consultatif. Enfin, le cœur de ma mission concerne l’organisation et le management, et non les risques psychosociaux, la qualité de vie ou le bien-être, concepts qui demeurent à la périphérie du travail.
Des actions à plusieurs niveaux
Psychologue du travail au sein d’un établissement de santé, j’interviens essentiellement sur le collectif. Que je sois conviée à des réunions par la hiérarchie, les médecins, les représentants du personnel, ou que je participe de ma propre initiative aux transmissions, mon activité s’inscrit dans le quotidien des équipes. En cas de besoin, je suis disponible pour m’entretenir avec les agents, cadres, médecins désireux de confier leurs difficultés suite à des problèmes de santé, de conflits entre collègues ou avec la hiérarchie, de violence avec des patients, des résidents ou leur famille.
Au contact avec les équipes soignantes, des questions de fond émergent : Qu’est-ce que bien faire son travail à l’heure où la finance gouverne l’hôpital public ? Comment trouver du temps pour échanger sur ce qui peut être amélioré dans le travail ? Entre le planning et les réunions, comment être cadre au plus près de son équipe ? Comment rester bien traitant lorsque l’institution nous maltraite ?
Des réticences malgré tout
Le métier de psychologue du travail étant nouveau, les personnes peuvent difficilement se référer à une pratique ou à une expérience. Dès lors, c’est l’image du psychologue clinicien, et donc du thérapeute, qui s’impose, avec son cortège de représentations ou d’idées reçues. Ainsi, quand certains accordent leur confiance au psychologue, d’autres craignent l’ingérence, la stigmatisation ou les représailles. D’autres enfin refusent de « se faire soigner par un psy ». Dans tous les cas, cette nouvelle fonction engendre la curiosité, voire le scepticisme. On m’interroge quelquefois : Qui vous a demandé d’intervenir : l’ARS, l’hôpital ? Avez-vous des comptes à lui/leur rendre ? Si oui, serez-vous entendue dans vos préconisations ? A moins que vous ne soyez là pour mieux nous faire passer la pilule… Autant de réflexions qui traduisent, en creux, les attentes du personnel pour « soigner » le travail.
Les modes de financements possibles pour cette mission
Mon poste et mes interventions sont rémunérés par le Conseil général, via le fonds autour de la Dépendance, l’Agence Régionale de Santé, au travers du Contrat local d’amélioration des conditions de travail (CLACT), ainsi que par la Caisse Nationale de Retraites des Agents des Collectivités Locales, par le Fonds national de prévention (FNP).
Peut-être existe-t-il d’autres sources de financement, n’hésitez pas à vous renseigner. Et si 2015 était l’année de la création d’un poste de psychologue du travail dans votre établissement ?!
Nadine Maudinas
Psychologue du travail
nadine.maudinas@sfr.fr