lundi 27 mars 2017, par
Quel doit être le positionnement du cadre supérieur de santé dans le contexte nouveau du GHT ? Jeannine Léonard et Jacky Housset, Directeurs des soins respectivement à Vendôme et Reims, ont donné quelques pistes le 24 mars 2017 lors des Rencontres FHF des cadres de santé.
Les Rencontres FHF des cadres de santé ont constitué, cette année encore, un lieu de rencontre et d’échanges apprécié des congressistes, autour des problématiques des cadres (CS) et cadres supérieurs (CSS) de santé.
Des positionnements très disparates d’un GHT à l’autre
À cette occasion, Jacky Housset, Directeur de soins au Centre hospitalier de Vendôme, participant au Groupement Hospitalier de Territoire (GHT) de Loir-et-Cher Nord, se proposait de conduire un atelier visant à réfléchir à la place que doit occuper un CSS dans l’organisation des soins, maintenant que les GHT sont sur les rails. Au préalable à sa présentation, Jeannine Léonard, Directeur des soins au CHU de Reims, a demandé aux congressistes présents de se présenter et de décrire à leur situation respective au quotidien au sein de leur organisation. Et le moins que l’on puisse dire c’est que les attributions et les positionnements des uns et des autres dans leur environnement sont très disparates.
Des failles dans la diffusion de l’information ou dans les projets de médico-soignants
Si les GHT sont effectifs, il semble en effet que le niveau d’intégration des groupements d’établissements, d’implication de leurs dirigeants ou d’information de leurs agents soit très différent d’un territoire à l’autre. Ainsi, les témoignages recueillis font état, selon le cas, d’un manque de diffusion, par les directions, des projets mis en place dans le cadre des GHT, ce qui met les CSS et les CS dans l’embarras auprès de leurs équipes en quête d’informations sur le sujet, de l’absence de projet médico-soignant, le seul volet médical étant pris en compte, ou, pour certains petits établissements, de l’absence de projet de soins. Sans compter les rationalisations de personnels qui ont déjà été instaurées, notamment sur des missions de CS, ou les postes multi-établissements contraignant les CSS à la mobilité.
S’impliquer dans les commissions GHT et réduire les charges administratives
Jeannine Léonard a ensuite procédé à une synthèse de ces retours d’expériences. Elle a insisté sur l’importance de faire passer l’information liée aux transformations provoquées par les GHT auprès des collaborateurs, d’une part, et de s’impliquer dans les projets médico-soignants en prenant une part active dans les Commissions GHT. Elle a également mis en lumière la pertinence de l’harmonisation des pratiques au sein d’un même groupement, en favorisant les actions de formation, ainsi que de le suivi d’un projet managérial qui rationnaliserait la charge de travail des CS et CSS en réduisant notamment les missions administratives. Elle a rappelé, enfin, que la gouvernance d’un pôle était composé, au minimum, d’un Chef de pôle, d’un CSS et d’un cadre administratif.
L’importance du projet médico-soignant partagé
Jacky Housset, quant à lui, a puisé dans son expérience personnelle pour donner une vision cohérente de la place que doit prendre un CSS dans l’organisation de soins. Pour lui, il est important qu’il ait une connaissance aigüe de l’environnement territorial impliqué dans le parcours de soins, les associations, les structures spécialisées, l’ARS ou les professionnels libéraux notamment. Le projet médico-soignant doit être d’autre part partagé, avec une voix pour chaque personne, qu’elle soit médecin, soignante ou administrative. Au GHT Loir-et-Cher Nord, il a témoigné de la prise en compte, dans ce projet, du parcours des patients de l’accueil à la sortie et de l’élaboration de fiches projet pour huit thématiques principales pilotées chacune par huit médecins. Cet établissement a, par ailleurs, initié une mutualisation des systèmes d’information, prévoyant la constitution d’un Dossier Patient (DP) commun à l’horizon 2020.
Trois postures pour le cadre supérieur de santé
Le CSS, a-t-il souligné, doit adopter trois postures distinctes et complémentaires. Celle de leader tout d’abord, qui ose, émet un discours positif et favorise la dynamique de groupe. Celle du coach ensuite, qui fait preuve d’écoute, d’empathie envers ses collaborateurs. Celle de pilote enfin, par lequel les actions sont cadrées, le positionnement des acteurs est formalisé et qui conduit les projets selon une approche pragmatique globale. Reste que des problématiques liées au changement, à la cohérence des actions mises en place, à la gestion des paradoxes ou aux relation entre les lignes hiérarchiques sont encore présentes. Le CSS a alors un rôle de coordination des parcours intra et extra-hospitaliers, des équipes mutualisées au sein du GHT et d’accompagnement des CS de proximité dans l’organisation des soins.
Il a, enfin, désigné les égos comme facteurs de résistance aux évolutions stratégiques d’un GHT. Des politiques locales souvent différentiées, des Directions existantes perdant peu à peu de leurs prérogatives ou des équipes médicales pas toujours promptes à collaborer, notamment dans le cadre d’une coopération CHU-CCLC, sont autant de freins potentiels à la conduite d’un projet partagé, susceptibles de perturber le positionnement du CSS.
Bruno Benque
Rédacteur en chef www.cadredesante.com
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