Les outils de l’INRS pour aider les managers de Santé à prévenir les risques professionnels

Les établissements sanitaires et médico-sociaux mettent-ils tous les moyens nécessaires à une bonne prévention des risques professionnels pour leurs soignants ? Poser cette question, c’est sans doute y répondre par la négative. Mais pour aider les managers à appréhender l’ensemble des critères inhérents à ces risques, l’INRS propose des outils dédiés traitant notamment des risques psychosociaux, infectieux ou des troubles musculo-squelettiques. En voici quelques exemples.

La crise sanitaire que nous connaissons depuis plusieurs années est due, on le sait, à un manque d’anticipation, de la part des organismes de tutelles, des évolutions démographiques, à l’origine de la montée des maladies chroniques ou neurodégénératives, des progrès technologiques qui ont engendré une augmentation des coûts de prise en charge, voire de la politique d’optimisation budgétaire affectée à l’hôpital.

La prévention des risques prend-elle suffisamment les professionnels hospitaliers en compte ?

Et si, dans le même temps, les procédures inhérentes à la certification des établissements de Santé et médico-sociaux ont sécurisé la qualité des parcours de soins, les professionnels de Santé ont été quelque peu laissés pour compte et ont fait l’objet d’un suivi bien moins formalisé. Certes, les services de Santé au travail sont là pour parer à toute éventualité mais ils sont eux aussi en crise et il existe, comme l’on dit, des trous dans la raquette. Or, les mentalités des soignants ont changé, motivés plus par leur qualité de vie que par un accomplissement professionnel au service des patients, comme cela était le cas pour les générations précédentes.

C’est ainsi que les risques psychosociaux (RPS), tout d’abord, ont pris de l’ampleur, les managers de Santé se trouvant en première ligne dans le box des accusés, responsables des organisations du travail stressantes, de la charge de travail, des horaires atypiques, etc. Mais il ne faut pas minimiser les situations inhérentes aux pratiques soignantes comme confrontation à la maladie et à la mort ou, plus récemment, les violences physiques ou verbales des patients et de leur entourage. On aboutit aujourd’hui à une baisse de l’attractivité qui crée un cercle vicieux car, moins il y a de personnel, plus il est difficile de mener à bien les missions, plus il est compliqué de recruter.

L’INRS, un partenaire efficace pour minimiser les RPS et le risque infectieux

Alors, comment faire pour minimiser ces RPS et agir avec efficience pour venir en aides à ses collaborateurs ? Pour cela, l’Institut National de Recherche et Sécurité en situation de travail (INRS) propose un guide intitulé Outil pour « faire le point sur les RPS en secteur sanitaire et social ». Il est destiné aux structures de moins de 50 salariés, peut donc être mis en place au niveau du service, pour élaborer un document unique d’évaluation des RPS. Il comprend 41 questions à renseigner collectivement par le manager et ses collaborateurs, et permet de générer un tableau donnant les résultats de l’évaluation, un rapport détaillé de l’évaluation, ainsi qu’un tableau de bord Excel pour élaborer le plan d’actions.

Mais l’INRS ne traite pas que des RPS. Il a élaboré des documents d’aide à la réduction des risques liés aux maladies infectieuses, liées à la préparation de prélèvements, de leur transport, aux activités de nettoyage, à la gestion des DASRI ou au contact de patients porteurs d’agents pathogènes. La certification HAS comprend des critères de qualité concernant les cheminements de produits, les aménagement des locaux, ou le recours aux équipements de protection individuelle (EPI). L’INRS va plus loin dans l’optique de la protection des travailleurs, en éditant des bonnes pratiques dans un document dédié aux mesures de prévention adaptées à l’activité professionnelle considérée, en fonction de l’évaluation des risques réalisée au préalable.

Le programme TMS Pros pour mieux appréhender l’aide à la mobilité des patients

L’INRS met, en outre, à disposition des professionnels un protocole en cas d’Accident avec Exposition au sang (AES) ou à des pathogènes, ainsi que sa base de données Eficatt (exposition fortuite à un agent infectieux et conduite à tenir en milieu de travail), un outil qui permet de définir le protocole à observer et de mettre en place les actions et le suivi médical adaptés. Il traite également du risque chimique, présent dans les cas d’utilisation de produits de nettoyage et de désinfection, d’activités liées à la biologie, aux gaz anesthésiques, à la manipulation de médicaments ou de fluides biologiques.

Enfin, il ne faut pas oublier les risques inhérents aux manipulations de charges et de personnes à l’origine des Troubles Musculo-Squelettiques (TMS) responsables de la majorité des accidents du travail et des maladies professionnelles. Pour en limiter les risques, il faut réaliser l’analyse de l’activité réelle de travail, qui permet dans un premier temps d’identifier les éventuels besoins en aides à la manutention, aux moyens du programme TMS Pros de l’Assurance maladie-risques professionnels. L’INRS propose, un outre, de devenir formateur en prévention des risques liés à l’activité physique dédiée au secteur sanitaire et médicosocial, incluant la démarche d’aide à la mobilité des personnes (ALM), afin de prévenir l’exposition au risque de TMS des soignants sans altérer la qualité des soins, voire en l’améliorant en amenant les patients à réaliser tous les mouvements dont ils sont capables, ce qui leur est bénéfique.

Mais l’ensemble de ces démarches de prévention ambitieuses nécessite d’investir dans des réorganisations, des solutions techniques et surtout des formations des personnels soignants. L’INRS engage les directions à mieux les prendre en compte afin de s’emparer du sujet et dégager des budgets qui, finalement, permettront un retour sur investissement très probable.

Bruno Benque
Rédacteur en chef www.cadredesante.com
bruno.benque@gpsante.fr
@bbenk34.