mardi 6 août 2019, par
Les changements dans les pratiques de travail, les données démographiques, la technologie et l’environnement créent de nouvelles préoccupations en matière de sécurité et de santé au travail (SST), selon un nouveau rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT). Cette institution édite quelques recommandations pour améliorer la situation. Explications...
Un Rapport édité par l’International Labour Organization (OIT) s’attache à faire un bilan des risques pour la santé et la sécurité des travailleurs dans le monde.
Les déterminants majeurs de santé et sécurité au travail dans le monde
Les défis croissants auxquels ils doivent faire face incluent les risques psychosociaux, le stress lié au travail et les maladies non transmissibles, notamment les maladies circulatoires et respiratoires ainsi que les cancers. Ce rapport, intitulé « La sécurité et la santé au cœur de l’avenir du travail : Fort de 100 ans d’expérience », a été publié à l’occasion de la Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail, célébrée le 28 avril 2019. Il passe en revue les 100 ans de travail de l’OIT sur les questions de sécurité et de santé au travail et met en lumière les problèmes émergents dans ce domaine.
Développer une culture générale de prévention pour une responsabilité partagée
Actuellement, plus de 374 millions de personnes sont blessées ou tombent malades chaque année à la suite d’accidents de travail. On estime que les journées de travail perdues pour des raisons liées à la sécurité et à la santé représentent près de 4% du PIB mondial, un taux qui peut monter jusqu’à 6% dans certains pays, indique le rapport. « Outre une prévention plus efficace des risques établis, nous constatons de profonds changements dans nos lieux et nos méthodes de travail. Nous avons besoin de structures de sécurité et de santé qui reflètent cela, parallèlement à une culture générale de prévention qui crée une responsabilité partagée », remarque Manal Azzi, Spécialiste technique de la sécurité et la santé au travail pour l’OIT.
Numérisation, robotique et changements démographiques
Dans une vision prospective, le rapport met en évidence quatre forces de transformation majeures conduisant aux changements. Il s’agit tout d’abord des technologies, telles que la numérisation, la robotique et la nanotechnologie, qui peuvent également affecter la santé psychosociale et introduire de nouveaux risques non mesurés pour la santé. Correctement appliquées, ces solutions peuvent néanmoins aider à réduire les expositions dangereuses et faciliter la formation ainsi que les inspections du travail.
Les changements démographiques sont également facteurs de changements importants car les jeunes travailleurs ont des taux d’accidents professionnels très élevés, tandis que les travailleurs âgés ont besoin de périodes d’adaptation et d’équipements pour travailler en toute sécurité. Les femmes, d’autre part, ont plus de chances de vivre dans un cadre de travail atypique et ont un risque plus élevé de troubles musculo-squelettiques.
Changements environnementaux et organisation du travail
Troisième force de transformation, le développement et le changement climatique, qui entraînent des risques tels que la pollution de l’air, le stress thermique, les maladies émergentes, les conditions climatiques changeantes et les régimes de température susceptibles de provoquer des pertes d’emplois. De même, de nouveaux emplois seront créés grâce au développement durable et à l’économie verte.
Enfin, des changements dans l’organisation du travail peuvent apporter une flexibilité qui permettrait à un plus grand nombre de personnes d’entrer sur le marché du travail, mais peut également entraîner des problèmes psychosociaux (par exemple, insécurité, intimité et temps de repos compromis, ou protection insuffisante en matière de SST et de protection sociale) et des temps de travail excessifs. Environ 36% de la population active mondiale travaille actuellement selon des horaires excessifs (plus de 48 heures par semaine).
Des recommandations pour agir sur 6 thématiques distinctes
À la lumière de ces défis, l’étude propose six domaines sur lesquels les décideurs et autres parties prenantes devraient se concentrer. Celles-ci incluent une meilleure anticipation des risques nouveaux et émergents en matière de SST, l’adoption d’une approche plus multidisciplinaire, ainsi que l’établissement de liens plus solides avec les travaux de santé publique. Une meilleure compréhension par le public des questions de sécurité et de santé au travail est également nécessaire. Enfin, les normes internationales du travail et la législation dans certains pays doivent être renforcées, ce qui nécessitera une collaboration renforcée entre les gouvernements, les travailleurs et les employeurs.
La prépondérance des maladies professionnelles
La plus grande proportion des décès liés au travail - 86% - est due à la maladie. Environ 6 500 personnes meurent chaque jour de maladies professionnelles, contre 1 000 d’accidents du travail mortels. Les principales causes de mortalité sont les maladies circulatoires (31%), les cancers liés au travail (26%) et les maladies respiratoires (17%). « Outre le coût économique, nous devons reconnaître les souffrances humaines incommensurables causées par ces maladies et accidents. Elles sont d’autant plus tragiques qu’ils sont en grande partie évitables, conclut Manalé Azzi. La recommandation de la Commission mondiale sur l’avenir du travail de l’OIT, selon laquelle la sécurité et la santé au travail devraient être reconnues comme un principe fondamental et un droit au travail, devrait également être sérieusement prise en compte."
Texte publié par l’International Labour Organization le 18 avril 2019.
International Labour Organization
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