vendredi 10 septembre 2021, par
La propagation du Sars-Covid-2 dans l’air ambiant n’est plus à démontrer. Mais ce virus, sous forme d’aérosol, résiste à des transports à distance, surtout dans des cas de forte densité de population et de durée d’exposition. Valérie Pernelet-Joly nous explique, dans un article publié dans le web magazine « The Conversation », le mode de transmission, par les systèmes de ventilation ou de climatisation, du virus et les moyens à mettre en œuvre pour la limiter dans les lieux clos sans possibilité d’aération comme les blocs opératoires.
Si les recommandations institutionnelles de lutte contre le Sars-Covid-2 en milieu clos sont très importantes à respecter, c’est que le mode de contamination le plus sournois est celui qui emprunte les voies aériennes.
La voie aérienne, flux préférentiel de contamination par le Sars-Covid-2
C’est ce que nous explique Valérie Pernelet-Joly, Cheffe de l’unité Évaluation des risques liés à l’air à Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), dans un article publié dans le web magazine « The Conversation » Car, outre les contacts directs lors d’un serrage de mains ou en « claquant la bise », la voie aérienne est responsable de très nombreuses contagions. Le virus se trouve principalement dans les sécrétions nasales ou orales et sont excrétées dans l’air lorsque l’on parle, tousse, éternue ou simplement respire, c’est désormais de notoriété publique.
Goutelettes et aérosols
Mais que se passe-t-il lors d’une contamination aérienne ? Les sécrétions sont expulsées sous la forme de gouttelettes - entre 1 µm et 1 mm de diamètre -, qui vont se déposer par gravité au sol ou sur des surfaces à courte distance (moins de 2 mètres), ou d’aérosols - quelques millièmes de µm à 100 µm -, pouvant être transportés dans l’air au-delà de 2 mètres. Valérie Pernelet-Joly nous met ici en garde car les aérosols sont capables rester en suspension plusieurs dizaines de minutes après évaporation dans un environnement clos avec un air stagnant. D’où la nécessité d’aérer ou de ventiler ces milieux clos, nous y reviendrons. Mais ce qu’elle ajoute de plus inquiétant concerne la transmission du virus à distance.
Les systèmes de climatisation ou de ventilation vecteurs de contamination
Elle décrit de nombreuses études et hypothèses rassemblées dans une bibliographie par l’ANSES, montrant qu’il existe une forte probabilité de transmission du virus à distance par des aérosols chargés de particules infectieuses. Elle évoque ainsi une étude réalisée en condition de laboratoire démontrant la survie du virus sous forme aérosolisée ou des expériences menées chez le furet et le hamster. Des cas de contamination sont identifiés également entre personnes placées en quarantaine dans des chambres d’hôtel adjacentes, le système de climatisation devenant le vecteur de la propagation virale, le génome du virus ayant d’ailleurs été détecté dans les filtres de centrales de traitement de l’air. A été également rapporté le cas, qui nous intéresse au plus haut point, de contaminations par des conduits d’aération d’hôpitaux où se trouvaient des patients atteints de la Covid-19.
Densité de population et durée d’exposition
Cala s’explique par le fait que la quantité de particules virales s’accumule, dans les lieux clos ou mal aérés ou mal ventilés jusqu’à atteindre des concentrations suffisantes pour infecter d’autres individus. La densité de population et le temps d’exposition sont ici des variables susceptibles d’augmenter le risque. Et comme le SARS-CoV-2 peut subsister dans l’air jusqu’à 3 heures, avec une demi-vie d’une heure, on comprend mieux pourquoi nous sommes obligés d’évoluer en permanence avec un masque scotché à notre visage tout en prenant soin de bien ventiler les locaux fermés ou, si cela est possible, d’aérer régulièrement les salles de soins et les chambres des patients.
Des filtres à haute efficacité pour les blocs opératoires
Pour les blocs opératoires, qui par définition, doivent rester isolés de l’air extérieur, la solution vient de la filtration de l’air pulsé unidirectionnel. L’auteur évoque des filtres à haute efficacité HEPA (high efficiency particulate air) H13 ou H14, capables de capter les particules chargées du virus incluant les plus fines, dont l’efficacité a été éprouvée. Une efficacité qui devient rapidement obsolète si le nombre de filtres utilisés ne correspond pas au volume d’air à traiter. Prenons donc garde à bien respecter les notices d’utilisation et à ne pas céder au faux sentiment de sécurité que ces filtres peuvent entraîner, en continuant à respecter les gestes barrières. Mais quoi qu’il en soit, le masque est à porter obligatoirement au bloc opératoire...
Bruno Benque
Rédacteur en chef www.cadredesante.com
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