mardi 14 mai 2024, par
Le secteur privé non lucratif des solidarités et de la Santé accuse un fort déficit en ressources humaines. Une enquête publiée récemment montre une aggravation significative en Île-de-France, notamment une forte tension sur le métier d’éducateur spécialisé. Les revalorisations salariales de ces dernières années n’améliorent que faiblement la situation des salariés qui souffrent, d’autre part, d’épuisement et de conditions de vie francilienne peu pratiques pour eux.
Les fédérations hospitalières publique et privées occupent souvent le devant de la scène médiatique, plus encore ces derniers temps qui ont vu une différentiation de traitement dans les différents modes de rémunération des séjours hospitaliers.
Enquête sur les ressources humaines du secteur privé non lucratif des solidarité et de la Santé
On en oublierait presque qu’il existe une troisième voie, pour reprendre une expression chère à nos politiciens, représentée par les établissements privés à but non lucratif, qui fonctionnent selon un statut intermédiaire, et qui couvrent une grande partie de l’offre médico-sociale en France. Ces institutions sont également très impactées par la crise hospitalière qui sévit depuis plusieurs années et sont, elles aussi, particulièrement touchées par la pénurie de personnels.
C’est ce que confirme une nouvelle enquête menée en région parisienne auprès de 16 fédérations et collectifs inter-associatifs, et publiée ce 13 mai 2024. Elle révèle une situation préoccupante en matière de ressources humaines (RH), avec 25% des répondants qui témoignent d’une situation qui s’aggrave cette année par rapport à la période précédente. Les résultats de cette enquête se basent sur les retours de 200 organismes gestionnaires, soit près de 1 600 établissements, services et employeurs de plus de 38 000 salariés à l’échelle francilienne.
Forte tension sur le métier d’éducateur spécialisé
Cette enquête, la troisième de ce type pour les établissements franciliens, atteste de grandes difficultés en matière de recrutement dans les métiers du soin et de l’accompagnement ainsi que dans les fonctions administratives et logistiques. Si le dernier baromètre AXESS annonce un taux de vacance d’emplois à hauteur de 4,4% à l’échelle nationale, l’Île-de-France présente un taux de 6,5%, soit près de 2 475 postes, selon cette enquête.
Et ce sont les métiers du soin et de l’accompagnement qui sont le plus impactés, le métier d’éducateur spécialisé, pourtant essentiel au bon fonctionnement de nombre de ces établissements et services, arrivant en tête avec 60% des organismes gestionnaires qui le citent, alors que 67,5% des établissements déclarent des difficultés de recrutement dans les métiers administratifs et de la logistique.
Des revalorisations salariales qui n’améliorent que faiblement la situation des salariés
La situation des salariés en poste semble s’améliorer quelque peu depuis l’annonce des revalorisations salariales, puisque 13% (contre 4% en 2022) des répondants estiment que ces revalorisations ont engendré une amélioration en matière de ressources humaines. C’est trop peu au regard des 58% qui n’ont observé aucun changement, ou les 25% qui témoignent d’une aggravation de la situation !
L’amélioration n’est, en fait que relative, les professionnels du soin et de l’accompagnement faisant état d’un épuisement notable et que l’exode de ces agents vers d’autres modèles de convention salariale se poursuit, faisant craindre aux organismes gestionnaires pour la pérennité de leur modèle. Ils cherchent dès lors des compensations en termes de conditions de travail, mais surtout de condition de vie dans un environnement francilien pénalisant concernant le logement, les transports ou les places en crèche par exemple.
Les auteurs de l’enquête souhaitent rappeler, en conclusion, « qu’il est capital, pour des raisons de cohésion sociale et de solidarité, d’apporter une réponse urgente et collective à la crise des métiers de l’Humain en mobilisant l’ensemble des parties prenantes : l’État, la Région Île-de-France, les départements franciliens, les acteurs de l’emploi et de la formation, les fédérations et les employeurs ». Seront-ils entendus ? Rien n’est moins sûr...
Bruno Benque
Rédacteur en chef www.cadredesante.com
bruno.benque@gpsante.fr
@bbenk34.