Comment la crise sanitaire a fait évoluer les schémas directeurs immobiliers

vendredi 8 avril 2022, par Bruno Benque

Dans sa communication réalisée lors des RAC 2022 de la FHF, Pascal Boudin-Corvina a expliqué comment le schéma directeur du nouveau CHRU de Nancy initial a été quelque peu chamboulé par la crise sanitaire. Ce projet immobilier, l’un des plus importants de France, a en effet fait l’objet de nombreux ajustements afin que les locaux puissent être adaptés à une nouvelle pandémie. Mais les personnels n’ont pas été oubliés, puisque des locaux de sport et de bien-être sont également prévus.

La pandémie n’en a pas encore fini de faire coule de l’encre, à fortiori lorsque l’on évoque l’organisation des établissements de Santé. Partout sur le territoire il a fallu, au plus fort de la crise sanitaire, adapter les moyens, tant humains que matériels, afin de pouvoir contenir les flux de patients et, dans le même temps, éviter que le virus ne se propage plus que l’on ne le put endiguer.

Un projet immobilier parmi les plus importants de France ces prochaines années

Cet épisode a fait réfléchir la communauté soignante sur les modes d’organisation, les méthodes de gestion des matériels et l’approche envers les patients. Mais c’est aussi, désormais, une nouvelle base pour établir de nouveaux standards architecturaux pour les établissements de Santé qui seront construits demain, ou qui feront l’objet de rénovations. C’est ce sujet qu’a choisi d’aborder Pascal Boudin-Corvina, Directeur des soins au CHRU de Nancy, lors des Rencontres Annuelles des Cadres (RAC)2022 de la Fédération Hospitalière de France (FHF).

Cette structure de plus de 1 700 lits et places a initié un projet d’agrandissement et de réhabilitation de ses espaces, qui alterne la construction de nouveaux locaux, la destruction d’anciens, ainsi que de la rénovation de certains autres. « Il s’agit d’un des plus grands projets architecturaux de France pour les prochaines années, a-t-il annoncé en préambule. Le schéma directeur a été élaboré en 2020, pour des travaux qui devaient durer dix ans. » Il faut dire que cette évolution est nécessaire, lorsue l’on sait, par exemple, que le CHRU de Nancy est éclaté sur sept sites, ce qui génère des coûts de transports de patients d’un site à l’autre évalués à 30 M€ par an !

Un schéma directeur initial chamboulé par la crise sanitaire

Pascal Boudin-Corvina a décrit à cette occasion le travail collectif qui a été entrepris au sein de cet établissement, sous forme de séminaires, pour établir un schéma directeur qui puisse convenir à une grande majorité d’acteurs et de patients. Il a été convenu d’adopter ce projet selon une logique de plateaux, avec notamment un nouveau plateau technique sur le site de Brabois ou la création d’un pôle Santé publique et prévention situé en centre ville. Tout semblait suivre son cours et le début des travaux a été décidé, sauf que la pandémie s’est abattue sur l’établissement, comme sur tous les autres, doublant le nombre d’hospitalisations en quelques semaines.

Bien que les principes de base du schéma directeur aient été conservés, une nouvelle réflexion s’est engagée afin, notamment, que les équipes puissent être plus réactives en cas de survenue d’une nouvelle épidémie de cette ampleur, voire supérieure. Le tout en conservant le budget établi à l’origine. De nouveaux critères ont ainsi été adoptés en ce sens. « Il a d’abord été décidé de créer 100% de chambres à un lit, car une chambre à deux lits dont un seul est occupé par risque de contagion fait baisser d’autant l’activité d’un service, a-t-il expliqué. Il a été également décidé de renforcer les traitements d’air et de les généraliser, ce qui est source de surcoût, de prévoir l’upgrade d’un service d’hospitalisation normale en soins intensifs (USI), ou d’une USI en réanimation. »

Des installations dédiées au sport et au bien-être du personnel

Parmi les autres évolutions retenues, figurent entre autres une plateforme d’accueil en béton « grande comme un terrain de football » pour recevoir la construction d’une unité modulaire de réanimation, la modification en profondeur des circulations et attentes des patients, la réduction du nombre d’accès à l’hôpital ou des vestiaires du personnel placés en plots. La QVT du personnel n’a pas été oubliée, puisque sont prévus de créer des locaux de sport et de bien-être et peut-être une salle des cadres comme il existe une salle des professeurs dans les lycées.

D’autres pistes sont évoquées, pas forcément liées à la pandémie, comme la création de bâtiments connectés, doté de l’IA, notamment pour la géolocalisation et le guidage des patients, d’une plateforme de e-commerce pour les patients, et même un Urbanloop, véhicule automatisé sans chauffeur pouvant transporter quatre personnes sur un rail et mû sur coussin d’air entre le centre ville et l’hôpital.

Pascal Boudin-Corvina a conclu que, contrairement à ce qu’il a annoncé plus haut, le budget passerait au final de 520M€ à 600M€, sans compter les frais liés à l’énergie qui ne cessent d’augmenter…

Bruno Benque
Rédacteur en chef www.cadredesante.com
bruno.benque@cadredesante.com
@bbenk34


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