Quelques notions sur le pouvoir et l’autorité

samedi 8 février 2003, par Marc Catanas

Lorsqu’on parle d’autorité, il est dans un premier temps nécessaire de faire la distinction entre l’autorité relevant d’une fonction hiérarchique (le cadre de santé dans son service de soins par exemple) et l’autorité personnelle qui permet de s’imposer au jugement, à la volonté, au sentiment d’autrui et qui est inhérente à l’individu.<BR
Aussi, parler d’autorité, c’est aussi parler de pouvoir, de psychologie individuelle et sociale, et de droit. C’est ce que nous allons aborder par la suite.

Autorité et pouvoir

L’autorité peut être considérée comme une supériorité grâce à laquelle un individu se fait obéir en inspirant croyance, crainte ou respect et s’imposant à leur jugement volonté ou sentiment. Le pouvoir se manifeste :
- soit comme une propriété inhérente aux choses entendue en termes de capacités,
- soit comme un attribut conféré par un groupe social,
- soit enfin comme une capacité conquise ou investie par la violence par exemple.
L’argument d’autorité est un argument imposé sans démonstration logique ni preuve tirée de l’expérience.

Dans le Contrat Social, JJ Rousseau ne réfute pas l’existence de l’autorité en soi mais en discute son emploi et sa légitimité. Soit cette autorité va reposer sur la possibilité de se maintenir au pouvoir grâce à l’usage de la force et la coercition, soit elle va reposer à partir d’un consensus social qui délègue son pouvoir.

Deux types de relations d’autorité s’opposent :
- la relation « maître - esclave » qui est une situation inégalitaire dans laquelle le maître n’a pour but que de maintenir son pouvoir sur l’autre,
- la relation « maître - élève » dans laquelle le maître a pour but de détruire l’inégalité en se faisant égaler, voire dépasser par l’élève et qui est une fin en soi.

Les formes d’autorité

Max Weber [1] distingue trois formes d’autorité :
- l’autorité traditionnelle, fruit des mœurs et des coutumes du passé, qui est subordonnée au pouvoir politique,
- l’autorité rationnelle d’une fonction officielle, qui a été confiée à un individu en vertu d’une compétence attestée et selon le critère légal de règles fixes connues de tous
- l’autorité charismatique [2] d’un individu à qui l’on prête des qualités exceptionnelles.

Les formes historiques et institutionnelles de l’exercice de l’autorité varient en fonction des sociétés :
- dans un système féodal, elle repose sur le hasard de la fortune et de la naissance,
- dans un système capitaliste classique, elle est l’un des aspects de la détention de la propriété,
- dans notre société industrielle contemporaine, la compétence devient un facteur prépondérant. L’autorité revient aux techniciens capables d’appréhender un système complexe de production. Elle est moins la qualité naturelle d’une personnalité qu’une qualité qui s’acquiert, se cultive et se perfectionne.

Autorité au travail

Des chercheurs américains ont abondamment étudié le commandement dans les entreprises et le rôle du leader ou dirigeant. L’expérience a abouti à une distinction entre plusieurs formes d’autorité en fonction de la personnalité du dirigeant et des représentations que le groupe projette sur lui : type directif et autoritaire, type coopératif ou démocratique, type manipulateur qui impose ses vues sans que le groupe en ait clairement conscience.
Dans tous les cas, le dirigeant qui dispose de la plus grande autorité est celui qui allie la compétence à la popularité et au prestige.

Pour Michel Crozier [3], l’autorité se confond avec le pouvoir légitimé par des règles organisationnelles.

Conclusion

On le voit, l’autorité ne peut plus être conçue uniquement comme une puissance qui s’impose par la contrainte ou par l’habilité et qui serait étrangère et extérieure à ceux qui lui obéissent. L’autorité qui agit n’est pas une abstraction. Elle est incarnée par une personne animée d’intentions et s’exerce sur un groupe qui l’a promue et se reconnaît en elle.

Si l’autorité encourage la soumission, le conformisme peut être surmonté lorsque les sujets s’interrogent sur la rationalité des décisions de leurs supérieurs et dénoncent selon Weber la « rationalité instrumentale » au nom d’une « rationalité des fins ».


[1Weber Max, « Economie et société » Paris, Ed Plon, 1992.

[2Du grec « charisma » qui signifie « grâce »

[3Crozier M, « Le phénomène bureaucratique », Ed Points Seuil, 1963


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