samedi 10 juillet 2010
Cette nouvelle stratégie présentée par l'Initiative mondiale pour l'éradication de la poliomyélite, s’appuie sur une baisse de 99% du nombre de cas au Nigéria.
Un nouveau plan stratégique 2010-2012 pour éradiquer le poliovirus sauvage a été présenté officiellement, vendredi 18 juin, à Genève, en présence de nombreuses personnalités.
Un tournant dans l’éradication de la maladie
On arrive aujourd’hui à un tournant dans l’éradication de la poliomyélite. Dix des 15 pays d’Afrique auparavant exempts de poliomyélite et où l’infection a repris en 2009 sont parvenus à juguler leurs flambées [1]. Les principaux pays d’endémie font des progrès historiques contre la maladie. Ces progrès sont particulièrement frappants au Nigéria, où le nombre de cas a chuté de plus de 99% – alors qu’il y avait 312 cas l’année dernière à la même époque, il y en a trois en 2010. En Inde, pour la toute première fois, les États de l’Uttar Pradesh et du Bihar, où la poliomyélite reste endémique, ne signalent aucun cas à poliovirus sauvage de type 1 depuis plus de six mois.
Vive inquiétude pour le manque de financement
La réunion organisée à Genève a pour but d’exploiter les acquis de 2010 et de favoriser la prise de nouvelles mesures en faveur de l’éradication de la poliomyélite. Le mois dernier, l’Assemblée mondiale de la Santé a accueilli favorablement le nouveau plan tout en s’inquiétant vivement du déficit de financement de 1,3 milliard de dollars (sur un budget de 2,6 milliards) pour les trois prochaines années. Ce déficit remet sérieusement en question l’éradication de la poliomyélite – certaines activités sont déjà annulées ou reportées en raison du manque de fonds.
Les ministres de la Santé du Nigéria, de l’Afghanistan, de l’Angola et du Sénégal, ainsi que plusieurs autres hauts responsables des ministères de la santé, des bailleurs de fonds actuels et potentiels, des fabricants de vaccins et les principales organisations partenaires assisteront à cette réunion – sous les auspices du Directeur général de l’OMS, le Dr Margaret Chan, et du Directeur général de l’UNICEF, M. Tony Lake – pour débattre de sa mise en œuvre, du suivi et de son financement.
Le Dr Margaret Chan a appelé les bailleurs de fonds du monde entier à accompagner l’effort d’éradication. « Les trois prochaines années, et surtout les 12 prochains mois, sont déterminants pour l’éradication et, plus généralement, pour la santé publique internationale dans son ensemble », a-t-elle déclaré.
Basé sur une évaluation indépendante des résultats
Ce nouveau plan s’appuie sur les principaux enseignements tirés à ce jour et notamment sur les résultats d’une importante évaluation indépendante qui porte sur les derniers obstacles vers l’éradication. Il propose des stratégies par district et par région pour cibler les derniers réservoirs, de plus en plus petits, de poliovirus, tire parti du fait que le vaccin antipoliomyélitique oral bivalent change la donne et permet d’accroître l’impact des vaccinations et s’attaque aux faiblesses des systèmes de santé. La réussite du plan repose sur la mise en œuvre d’activités sur le terrain et sur un financement suffisant.
Les partenaires de l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite examinent toutes les possibilités d’obtenir un nouveau financement tout en gérant les liquidités existantes afin d’éviter que le plan de vaccination ne soit menacé. Il est devenu évident que la transmission de la poliomyélite risquait de ne pas être interrompue dans les pays d’endémie lorsque une importante flambée due au virus de type 1 apparue en Inde s’est propagée, début 2010, au Tadjikistan, qui était exempt de poliomyélite depuis 1997 et où 239 enfants sont à ce jour restés paralysés. Cela montre bien qu’il est urgent d’exploiter les progrès récemment accomplis dans les pays d’endémie.
Une priorité absolue
« L’éradication de la poliomyélite reste une priorité absolue pour notre fondation », dit Tachi Yamada, responsable de la santé dans le monde à la Fondation Bill et Melinda Gates. « Nous appelons les gouvernements donateurs à accorder également la priorité à la poliomyélite alors que nous cherchons à éliminer les derniers cas, les plus difficiles », a-t-il ajouté.
Selon le Directeur général de l’UNICEF, M. Tony Lake, « l’éradication de la poliomyélite est un impératif qui exige de nous tous un engagement sans faille. »
« Le Rotary pense que ce nouveau Plan stratégique montre la voie à suivre pour éradiquer la poliomyélite », dit Carl-Wilhelm Stenhammar, Président de la Fondation Rotary pour 2010-11. Lorsque le Rotary a commencé à agir dans ce domaine, en 1985, 1000 enfants par jour étaient paralysés des suites de la poliomyélite dans 125 pays. Depuis, le Rotary a versé plus de 900 millions de dollars et l’incidence de la poliomyélite a diminué de plus de 99%.
L’Initiative mondiale pour l'éradication de la poliomyélite
L’Initiative mondiale pour l'éradication de la poliomyélite est menée par l’OMS, le Rotary International, les Centers for Disease Control and Prevention des États-Unis d’Amérique (CDC) et l’UNICEF. Depuis 1988 (année de création de l’Initiative), l’incidence de la poliomyélite a baissé de plus de 99 %. En 1988, plus de 350 000 enfants par an étaient paralysés par la maladie dans plus de 125 pays d’endémie. En 2009, ils étaient 1595 dans 24 pays. Il ne reste plus que quatre pays d’endémie : le Nigéria, l’Inde, le Pakistan et l’Afghanistan.
Pour plus d’informations, prendre contact avec :
Sona Bari
OMS, Genève
Systèmes et services de santé
Portable : +41 79 475 5511
Courriel : baris@who.int
[1] : Le Bénin, le Burkina Faso, le Burundi, le Cameroun, la Côte d'Ivoire, la Guinée, le Kenya, l’Ouganda, la République centrafricaine et le Togo.
[Pascal]
Voir en ligne : OMS