lundi 10 mai 2010
L'équipe AP-HP - UPMC - Inserm d'Alain-Jacques Valleron* publie la première analyse de la pandémie de 1889, connue sous le nom de grippe russe** dans la prestigieuse revue scientifique américaine Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS). « Jusqu'à présent, on ne raisonnait qu'à partir des 3 pandémies du 20ème siècle (1918, 1957 et 1968) qui ont été étudiées en détail, principalement celle de 1918 réputée pour avoir causé entre 50 et 100 millions de morts. » rappelle le Pr Alain-Jacques Valleron qui précise « Notre approche montre l'intérêt d'élargir le champ au 18ème et au 19ème siècles qui ont connu 8 pandémies. L'analyse historique apportera des éléments nouveaux, notamment sur les intervalles de temps entre deux pandémies, le plus long étant de 42 ans et le plus court de 8 ans. Autre enseignement : le mode de propagation du virus. En 1889, il n'y avait pas de compagnies aériennes et pourtant la moitié des européens et des américains a été contaminée. Ce qui montre que ce n'est pas en supprimant les vols que l'on arrête la propagation du virus de la grippe. Il serait vraiment intéressant de prolonger d'un ou deux siècles l'étude historique des pandémies. » Pour réaliser cette étude, l'équipe s'est appuyée sur les données de mortalité hebdomadaires de 96 villes européennes et américaines et sur de nombreuses enquêtes épidémiologiques – en particulier en Allemagne et en Suisse. Les chercheurs ont également obtenue les données recueillies sur des centaines de milliers de soldats français, anglais et allemands. Il en ressort que la transmissibilité du virus était très comparable à celle observée durant les épidémies du 20ème siècle, et maintenant à celle de la grippe A (H1N1). La pandémie de 1889 a touché près de 50 % des populations européenne et américaine, mais sa mortalité fut faible, comparable à celles de 1957 et de 1968. Cette nouvelle analyse renforce l‘aspect singulier, peut être exceptionnel, de la pandémie de 1918. Ce travail montre aussi qu'il est possible de retrouver des données de grande richesse sur les pandémies passées. Une fois analysées avec les outils modernes de la modélisation épidémiologique, ces données devraient permettre de mieux apprécier ce qu'est une pandémie « typique », et donc d'améliorer la préparation à la prochaine. *l'Hôpital Saint Antoine (AP-HP), Unité « Epidémiologie, systèmes d'information, modélisation » Contact Auteur Professeur Alain-Jacques Valleron – 06 76 90 73 69 Alain-Jacques Valleron a,b,c, Anne Cori a,b, Sophie Valtat a,b,c Sofia Meurisse c, Fabrice Carrat a,b,c, and Pierre-Yves Boëlle a,b c a)Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale, U 707, F-75012 Paris, France ; b)Université Pierre et Marie Curie-Paris 6, UMR-S 707, F-75012 Paris, France ; c)Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, Hôpital Saint Antoine, Unité de Santé Publique, F-75012 Paris, France **“Transmissibility and geographic spread of the 1889 influenza pandemic” PNAS - avril 2010 |
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Voir en ligne : reseau-chu.org