mercredi 11 février 2009
Deux frères siamois, arrivés de Madagascar, ont été séparés mercredi 4 février par l’équipe du Pr Yann Révillon, chef du service de chirurgie viscérale à l’hôpital Necker-Enfants Malades (AP-HP). Ils étaient reliés par le thorax et l’abdomen, avec un foie en commun.
Nés le 16 juin 2008, les deux petits garçons, Imahagaga et Imahalatsa, sont actuellement dans un état stable.
Ils auront encore besoin de soins importants pour garantir la qualité des suites opératoires. Les images de l’intervention sont en ligne sur le
Webzine de l’AP-HP.
L’opération a duré 6 heures, mobilisant une équipe d’une vingtaine de personnes comprenant notamment 4 anesthésistes et 6 chirurgiens. Un chirurgien malgache, le Pr Lalatiana Andrianamarivo, a participé à l’intervention avec l’équipe de Necker.
Une expertise spécifique à Necker (AP-HP)
Le choix de l’équipe de l’hôpital Necker-Enfants Malades (AP-HP) pour effectuer cette intervention n’est pas anodin : une équipe chirurgicale avait déjà réussi à séparer deux soeurs siamoises en 2001. Depuis 30 ans, ce service a assuré une quinzaine d’opérations de ce type. Les équipes de l’hôpital ont donc une expérience spécifique dans le domaine, en particulier le service de chirurgie viscérale infantile qui maîtrise bien la chirurgie du foie, une donnée essentielle pour pouvoir séparer un foie en deux.
Il faut également une expertise particulière pour pouvoir, après la séparation des deux bébés, insérer une plaque permettant de refermer la paroi abdominale – cette plaque sera retirée par la suite, quand les tissus se seront reconstitués.
L’équipe chirurgicale était dirigée par le Pr Yann Revillon, et l’anesthésie était placée sous la responsabilité du Dr Caroline Telion, qui avait déjà participé à l’intervention de 2001.
Une prise en charge complète
Arrivés en France vers la fin du mois de janvier, les deux bébés opérés sont actuellement en réanimation. Ils seront ensuite transférés dans un service de soins de suite qui assurera leurs séances de rééducation. L’équipe médicale et soignante qui suivait les enfants à Madagascar a été accueillie à Necker pour garantir la continuité des soins. Ce type de coopération avec l’étranger est assez fréquente pour les équipes de l’AP-HP.
Avant l’intervention, les enfants avaient subi un examen complet, incluant examen clinique, bilans radiologiques et biologiques, une échographie cardiaque, des tests de motricité. Il s’agissait de vérifier que l’appareil digestif était normal et qu’il n’y avait pas d’anomalie particulière (urologique, cardiaque, osseuse) qui aurait remis en cause l’intervention.
« Les enfants ont été vus par une psychologue de l’équipe à l’issue de l’opération », explique le professeur Revillon, « il faudra ensuite surveiller leur devenir psychologique et psychomoteur » et, au plan médical, la croissance de leur thorax et l’absence de déviation de leur colonne vertébrale.
On appelle « siamois » des soeurs ou des frères jumeaux rattachés l’un à l’autre par une zone du corps qui est la même chez les deux. Cette malformation apparaît chez des jumeaux dits monozygotes (issus d’un même oeuf) et monoamniotique (qui se sont développés dans une unique poche de liquide amniotique in utero).
L’existence de frères siamois est rarissime : dans 90% des cas, cette malformation concerne des filles, et dans tous les cas, elle ne concerne pas plus d’une grossesse sur 100 000. Près de 200 séparations de siamois ont été réalisés dans l’histoire de la médecine.
Pour plus d’informations, contacter :
Eve AULONG, Directrice de la communication, Assistance Publique - Hôpitaux de Paris, 3 av Victoria, 75184 Paris CEDEX 04
Tél : 01 40 27 30 00
Fax : 01 40 27 38 50
email
[Pascal]
Voir en ligne : reseau-chu.org