Les professionnels de Santé doivent agir pour un système durable et décarboné

mardi 2 mai 2023, par Bruno Benque

Le secteur de la Santé fait partie des plus émetteurs de gaz à effet de serre. Une étude de l’IRDES nous montre en effet qu’au niveau mondial le système de Santé est très énergivore, qu’il génère d’importants volumes de déchets matériels et alimentaires. Et c’est l’hôpital qui est le principal responsable de cette situation. Les professionnels commencent à prendre ce problème en considération mais il en faudra plus pour assurer un avenir viable aux générations futures.

Le développement durable est une notion omniprésente dans le concert médiatique, ce qui devrait motiver l’humanité tout entière à agir pour assurer un avenir vivable aux générations futures.

Le système de Santé grand producteur de gaz à effet de serre

Tous les secteurs d’activité sont concernés et le système de Santé ne fait pas exception. En France, les émissions de gaz à effet de serre (GES) de ce secteur ont été estimées par le Shift Project à environ 8 % du total national, ce qui représente entre 40 et 61 mégatonnes d’équivalents CO2 (MtCO2e) en 2021. Le Ministère de la Santé et de la Prévention a d’ailleurs bien conscience du problème, lui qui a installé un « Comité stratégique sur la transition écologique en santé » en mars 2023. De même, la plateforme Hospimedia y consacre une série de podcasts intitulée « La Santé décarbone ». Sur le terrain, les professionnels eux aussi prennent ce problème au sérieux en évaluant leur impact écologique et en essayant de changer leurs pratiques.

C’est le cas par exemple des ingénieurs hospitaliers, qui feront de la Santé durable et de la décarbonation le thème principal de leurs Journées d’études du 14 au 16 juin prochains. Les sociétés savantes sont aussi partie prenante dans cette évolution, notamment dans le domaine de l’imagerie médicale, une des spécialités les plus polluantes de la médecine moderne et qui représente environ 1% de la production de GES totale. La fabrication des modalités de radiologie, l’anergie que celles-ci mobilisent pour fonctionner, ainsi que le rejet des produits de contraste dans la nature sont parmi les facteurs de dégradation de l’environnement les plus importants.

L’activité hospitalière en première ligne

Mais c’est bien l’activité hospitalière qui contribue le plus à cette dégradation au sein du système de Santé. Deux chercheuses de l’Institut de Recherche et de Documentation en Économie de la Santé (IRDES), Anna-Veera Seppänen et Zeynep Or, ont réalisé une analyse de la littérature scientifique sur ce thème et en ont tiré un article publié dans la Revue « Questions d’économie de la Santé » et intitulé « Comment améliorer la soutenabilité environnementale du Système de Santé ? ». Elles rappellent en préambule que la soutenabilité est définie comme « la satisfaction des besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins » et que, donc, la soutenabilité environnementale désigne le fait de générer une quantité́ minimale de pollution et de GES, en alignant l’offre de soins sur les objectifs climatiques mondiaux.

L’hôpital serait responsable, selon les pays, de 22 % (Canada) à 44 % (Australie) des émissions, portées par les activités de soins aigus et d’interventions chirurgicales énergivores, de dialyse et d’anesthésie, mais aussi par la gestion des produits alimentaires, la consommation d’énergie et par des quantités élevées de déchets matériels, sans compter la production, l’acheminement et les rejets des produits pharmaceutiques ou les transports de patients. L’article y oppose ainsi les soins ambulatoires, qui représenteraient seulement entre 10 % et 23 % des émissions au sein des systèmes de santé.

Les professionnels de Santé se mobilisent pour agir au quotidien

Mais des initiatives sont d’ores et déjà prises sur le terrain pour tenter de réduire ces nuisances. Les ingénieurs hospitaliers font en sorte, nous l’avons vu plus haut, d’agir sur la conception des locaux de soins et sur la végétalisation des bâtiments. Les acteurs de la radiologie travaillent sur des cadres de production plus responsables, sur des procédures d’élimination des produits de contraste non utilisés ou sur la pertinence des actes. L’article de l’IRDES évoque quant à lui des mesures technologiques, organisationnelles, comportementales et préventives pour agir au sein des blocs opératoires. Ces actions ciblent la consommation d’énergie, par l’installation de capteurs d’occupation qui réduisent le renouvellement de l’air dans les blocs inutilisés, la diminution du chauffage et de la climatisation notamment.

Pour réduire les déplacements de patients, les solutions de télésanté́ présentent de grands avantages potentiels, en contribuant à réduire à la fois le transport des patients et du personnel, bien que cette technologie génère des GES provenant des serveurs informatiques. La littérature suggère en effet que les émissions de GES produites par les systèmes de télémédecine sont beaucoup plus faibles que celles qui permettent d’être évitées. Sur ce thème enfin, notons que le développement des maisons de Santé et autres structures de premier recours installées au niveau local permettent de réduire les longs trajets de patients vers des centres de soins.

Mais nous n’en sommes qu’aux prémices des actions que nous devrons mener au quotidien pour atteindre des niveaux supportables de Santé durable, dans un grand élan de solidarité envers les générations futures.

Bruno Benque
Rédacteur en chef www.cadredesante.com
bruno.benque@gpsante.fr
@bbenk34.


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