Des ajustements à apporter au Ségur

lundi 4 avril 2022, par Bruno Benque

Si les élections présidentielles génèrent souvent des taux d’abstention record, c’est en partie que les sujets abordés par les candidats ne sont pas en lien avec les préoccupations des français. Ainsi, la thématique sanitaire n’a que peu de place dans les discours de campagne. Dans ce contexte, la Président Macron pourrait surfer sur le Ségur de la Santé, bien que les mesures prises alors soient incomplètes. C’est en tout cas le message que certains participants aux RAC de la FHF 2022 ont fait passer lors d’une session questions-réponses.

Voilà, nous y sommes. Nous sommes entrés dans la semaine décisive, qui déterminera les deux candidats qui se détacheront pour participer au second tour de l’élection présidentielle.

Une campagne présidentielle toujours aussi impopulaire

Depuis vingt ans - le premier quinquennat est entré en vigueur en 2002 -, ces élections ont lieu tous les cinq ans, ce que certains commentateurs critiquent, arguant qu’un quinquennat n’est pas suffisant pour assoir une politique et que les Présidents de la République qui se sont succédés depuis sont, en fait en perpétuelle campagne pour leur ré-élection. Cela pourrait expliquer, en partie, le désintérêt croissant des français pour la politique, et par ricochet, pour cette élection. Les taux d’abstention en disent en effet beaucoup plus que tous les discours qui voudraient nous faire croire que le débat d’idées est toujours impulsé par les élus.

Si nos concitoyens donnent si peu d’importance à ce scrutin, qui va tout de même conditionner leur environnement et leur niveau de vie pour les cinq prochaines années, c’est peut-être que les sujets abordés par les candidats survolent souvent leurs préoccupations et ne sont pas toujours porteurs de sens.

La Santé pas toujours mises sur le devant de la scène politique

C’est ainsi que la thématique de la Santé n’a pas toujours été très développée lors de la campagne des différents candidats. Mis à part le sempiternel couplet rendant hommage à « ces valeureux soignants qui font preuve d’une empathie et d’une disponibilité de tous les instants et qui ont été en première ligne pour sauver des vies au plus fort de la pandémie de COVID-19 », les programmes d’amélioration du système de Santé n’apparaissent qu’à la marge dans les discours des candidats. Ils sont, certes, élaborés et formalisés sur leurs plateformes respectives mais ne sont pas soutenus de manière pertinente lors de leurs apparitions publiques.

Ce qui, soit dit en passant, favorise le candidat Macron qui surfe sur la bonne gestion de la pandémie sus-citée, ainsi que sur le Ségur de la Santé qui a donné un peu d’air frais aux professionnels de Santé en revalorisant leur exercice.

Des Directeurs de soins revalorisés seulement la semaine dernière

Il reste tout de même des trous dans la raquette du « Ségur » et quelques mécontents, qui, pour certains, estiment que la valorisation de leur carrière n’est pas suffisante, ou, pour d’autres, qui ont été oubliés par les mesures prises à cette occasion. C’est par exemple le cas des Directeurs de soins, qui viennent juste d’obtenir gain de cause et ont accueilli avec satisfaction le Décret n° 2022-463 du 31 mars 2022"/a> qui crée, notamment, un troisième grade à accès fonctionnel et modifie le nombre et la durée des échelons des grades. Il fixe les nouvelles modalités d’avancement et de classement à la suite d’un avancement de grade.

DEs ajustements nécessaires dans les carrières pour plus de cohérence

Quant à ceux qui estiment ne pas se retrouver dans ses évolutions statutaires et salariales, il faut les chercher dans les rangs des cadres de santé. À l’occasion des Rencontres des Cadres (RAC) de la Fédération Hospitalière de France (FHF) qui se sont tenues le 31 mars 2022, en conclusion de l’intervention de Philippe Charpentier (DGOS) sur les actualités institutionnelle, un participant a pris la parole, regrettant que, suite aux dispositions prises lors du Ségur, les professionnels qu’il encadre soient mieux rémunérés que lui, par le jeu des primes notamment, et qu’une garde de cadre à l’hôpital un dimanche ne soit rémunéré que 50 malheureux petits euros.

Le Président Macron devra, s’il est réélu, faire plancher ses équipes sur une meilleure cohérence des dispositions Ségur afin d’équilibrer le système. Et s’il n’est pas réélu, qui sait ce que l’avenir nous réserve ?...

Bruno Benque
Rédacteur en chef
www.cadredesante.com
bruno.benque@cadredesante.com
@bbenk34


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