De la nécessaire acculturation des patients

lundi 7 novembre 2016, par Bruno Benque

À la veille de la grande journée de grève des infirmiers, nous souhaitions revenir sur l’une des causes du mal-être des soignants : la violence de certains patients. Des patients qui, eux aussi, devraient éprouver de la reconnaissance envers ceux qui les prennent en charge au lieu d’ajouter à la pression ambiante par leur comportement parfois inacceptable. Une acculturation est nécessaire, les parlementaires semblent en être conscients.

La communauté infirmière s’apprête donc à descendre dans la rue, pour la énième fois depuis deux ans, pour sensibiliser le public sur ses conditions de travail.

16 organisations représentatives des infirmiers appellent à la grève

Quel que soit leur mode d’exercice, hospitalier public ou privé, libéral, médico-social ou étudiant, les infirmiers, à bout de souffle, ont décidé de faire grève et de se rassembler pour une manifestation nationale pluridisciplinaire le 8 novembre 2016. Ce sont 16 organisations représentatives de la profession et des étudiants en soins infirmiers qui clameront leur mécontentement et crieront leur mal-être au travail provoqué par, entre autres, des cadences trop soutenues et une pression perpétuelle de leurs directions. Il faut dire que les hôpitaux ont ordre de réaliser quelques 3 milliards d’économies sur leurs frais de fonctionnement. Ces directives, liées au désinvestissement de l’État, illustré par le trop long silence de la Ministre des Affaires sociales et de la Santé suite à la vague de suicides survenue en cette année 2016, sont à l’origine de la situation de crise.

Une dérive violente inacceptable !

Mais le rythme de travail, s’il en est la cause majeure, n’est pas le seul responsable de cette situation. Un rapport de l’Observatoire National des Violences en Santé (ONVS) stipule que 15 infirmiers sont agressés chaque jour dans l’exercice de leurs fonctions. Les patients deviennent de plus en plus agressifs et les professionnels de santé se sentent souvent en danger. L’organisation même des soins en établissement de santé est tout d’abord en cause. Les services d’urgences sont, par exemple, remplis de pseudo-malades qui embolisent les unités, allongeant d’autant les temps d’attente, notamment pour les vraies urgences. D’autre part, les patients, à qui on a octroyé des droits bien légitimes en 2002, et qui ont désormais un accès illimité à l’information médicale, sont de plus en plus critiques sur les moyens mis en œuvre pour leur prise en charge ainsi que sur les compétences des professionnels de santé appelés à s’occuper d’eux. Cela ajoute encore à la tension ambiante et certains d’entre eux deviennent agressifs et vont jusqu’à passer à l’acte violent envers ceux qui sont là uniquement pour améliorer leur état de santé. Cette dérive est en tous points inacceptable !

Un début de prise de conscience par les parlementaires

Les parlementaires ont semble-t-il décidé de prendre enfin ce problème au sérieux. Dans ce cadre la Commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale a organisé, le 20 octobre 2016, une table ronde réunissant la plupart des acteurs représentatifs du domaine sanitaire français sur le thème du Syndrome d’épuisement professionnel. Ils ont entendu tout à tour les syndicalistes du secteurs, les infirmiers et enfin les directeurs d’établissements. Autre motif d’espoir pour les professionnels, la publication du Décret du 28 octobre 2016 relatif à l’information du patient sur le coût des prestations délivrées par un établissement de santé. Ce texte contraint les établissements de santé à remettre aux patients, en sortie d’hospitalisation, un document les renseignant sur le coût de leur hospitalisation, avec la part de prise en charge de l’Assurance maladie et des mutuelles.

Deux grèves des professionnels de santé en deux semaines

Ce n’est pas grand chose, mais c’est un début de reconnaissance des difficultés rencontrées par les soignants par nos gouvernants, ainsi qu’un début d’acculturation des patients, dont les droits ne doivent pas prendre le pas sur les devoirs envers la collectivité. En attendant, l’ensemble des infirmiers du territoire français va initier une énième descente dans la rue ce 8 novembre 2016, avant que, le 14 novembre, une nouvelle grève de professionnels de santé ne soit organisée, notamment sur le thème de l’attractivité des métiers hospitaliers…

Bruno Benque
Rédacteur en chef www.cadredesante.com
bruno.benque@cadredesante.com


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