AP-HP : une réforme nécessaire

Les avantages spécifiques aux salariés de l’AP-HP sont préjudiciables aux finances de cette institution et à son bon fonctionnement. Les syndicats disent vouloir sauver les RTT, mais ce sont les jours d’absence supplémentaires qui posent problème et qu’ils auront bien du mal à préserver. En attendant, le bras de fer entre syndicats et direction continue et s’amplifie...

Comme nous vous l’annoncions récemment, les salariés de l’AP-HP sont descendus une première fois dans la rue le jeudi 21 mai 2015, afin de défendre leurs acquis sociaux en partie menacés par les projets de réforme du Directeur Général de l’institution Martin Hirsch, quant à la gestion de leur temps de travail. Faute de négociations, ils ont remis ça le jeudi 28 mai et la mobilisation continue...

Des avantages relevant d’une autre époque

Les manifestants, qui étaient, selon la formule consacrée, 8 000 pour les organisateurs et 5 000 pour la police, se sont massés devant le siège de l’AP-HP. Ils ont placardé et entonné leurs slogans destinés à faire valoir leurs droits et à préserver leurs acquis sociaux issus, pour la plupart, de la conjoncture des trente glorieuses. Autant dire d’une autre époque, où être fonctionnaire répondait à une philosophie de service public et où les salaires, inférieurs au secteur privé, étaient compensés par des dispositions favorisant des conditions de travail améliorées et, entre autres, par des journées d’absences non sanctionnées financièrement, à l’instar des jours de carence pour raison de maladie.

Une mise en cause des avantages spécifiques à l’AP-HP

Mais les temps ont bien changé. Les niveaux de rémunération se sont équilibrés, être fonctionnaire relève plus de la séciruté de l’emploi que desolidarité, la plupart des établissements privés affirment leur volonté de participer au service public et surtout, le Ministère en a fait un de ses chevaux de bataille, les finances des structures publiques doivent impérativement se redresser. La masse salariale étant le premier poste de dépense pour les établissements de santé, il faut faire des économies dans la gestion des personnels. Martin Hirsch souhaite donc réorganiser les ressources humaines de l’AP-HP et réduire le train de vie de cette institution, en mettant en cause les avantages spécifiques accordés aux salariés au fil des années, en plus de ceux octroyés à l’ensemble des fonctionnaires.

Des ressources énormes mobilisées à l’échelle de l’AP-HP

Car les jours « médailles » ou les jours « fête des mères », et autres « enfants malades » systématiquement épuisés chaque année sont des avantages superflus dans le contexte économique actuel. A l’échelle d’une entreprise comme l’AP-HP et ses quelques 92 000 salariés, ils mobilisent des ressources énormes qui seraient plus utiles, notamment dans l’amélioration de la prise en soins des patients. Les intersyndicales ont brandi l’étendard des « RTT en danger », lors de la manifestation du 21 mai, mais ce sont bien ces jours d’absence pour motifs originaux qui sont dans le collimateur de la Direction. Outre les répercussions économiques, ils représentent une contrainte supplémentaire pour les managers dans le cadre de l’organisation des services.

Autant d’arguments que les syndicats auront du mal à contredire lors des négociations qui se sont engagées le 6 mai dernier.

Un nouvel appel à manifester est lancé par l’intersyndicale (CFDT, CFTC, CFE-CGC, FO, SUD, CGT et Unsa de l’Assistance publique-hôpitaux de Paris) pour deux nouvelles mobilisations, aujourd’hui 2 juin, localement dans les établissements de l’AP-HP et surtout jeudi prochain, le 11 juin, pour un « jeudi noir » qui conduira les manifestants devant le Palais de l’Elysée... A suivre donc pour connaître l’issue de ce bras de fer qui est parti pour durer...

Bruno Benque
Rédacteur en chef cadredesante.com
bruno.benque@cadredesante.com