mercredi 26 août 2020, par
Le rôle du médecin du travail doit nécessairement être renforcé pour assurer une prévention des risques efficace, notamment en cas de survenue d’une deuxième vague pandémique. C’est, en substance, ce que recommande l’Académie nationale de Médecine dans un document publié récemment. Si ces recommandations tombent sous le sens, la pénurie de médecins du travail ne permettra pas, à court terme, de suivre à la lettre ces recommandations.
L’Académie nationale de Médecine a publié, le 24 août 2020, un document synthétisant ses réflexions concernant les apports de la Médecine du travail pour la prévention des risques en entreprise.
Un manque de considération certain pour le rôle du médecin du travail
Elle rappelle en préambule les statistiques selon lesquelles, d’après Santé Publique France, « 26% des foyers de COVID-19 signalés en métropole et dans les DOM-TOM sont apparus dans les entreprises, hors établissements de santé ». Elle met ainsi en lumière les risques de contamination qui perdurent en milieu de travail, préconisant la mise en place de mesures de prévention suivant la taille et la nature des locaux, la ventilation, les conditions de travail ou la distanciation entre les salariés, entre autres. Elle regrette le peu de considération apportée au rôle du médecin du travail dans les entreprises, notamment au sein des comités sociaux et économiques (CSE).
Être plus réactif en cas de survenue d’une deuxième vague
Le médecin du travail est pourtant la personne centrale à faire intervenir pour protéger les personnes les plus vulnérables, par son action clinique et pour réduire la circulation virale par son action technique. Il peut ainsi « optimiser l’aptitude au poste de travail des travailleurs suivant leur état de santé, en préconisant des aménagements de poste, des restrictions temporaires, l’octroi de matériels spécifiques, le port obligatoire du masque dans certains postes de travail, voire le maintien à domicile, selon les recommandations de la Société française de médecine du travail ». L’Académie nationale de Médecine considère à ce titre qu’il permettrait aux gestionnaires de risques des entreprises d’être plus réactifs en cas de deuxième vague manifeste.
Renforcer le rôle des médecins du travail pour prévenir les effets de la pandémie
D’autre part, le médecin du travail est en mesure de mener des enquêtes, en lien avec l’ARS dont il dépend, si un cluster se déclare en milieu professionnel, pour la recherche des personnes contact et pour mettre en place les procédures épidémiologiques adaptées à ce virus. Aussi, l’Académie nationale de médecine recommande que le rôle du médecin du travail soit renforcé dans le cadre de la prévention de la pandémie de COVID-19.
Ce dernier doit initier et développer la communication auprès du personnel afin de clarifier et diffuser les mesures de distanciation physique entre salariés, notamment dans les véhicules de fonction, et l’optimisation du télétravail, la définition des zones nécessitant le port systématique du masque, le nettoyage régulier du poste de travail, des parties communes et des objets manipulés par différents employés, à l’aide d’un produit virucide respectant la norme EN 14476. Il est enfin la personne qui peut prendre la décision de renvoyer un employé à son domicile dès l’émergence de signes évocateurs de COVID-19.
Reste que la pénurie de médecins du travail n’a pas encore été endiguée en France. Les candidats se font rares pour embrasser cette carrière et rien n’incite les jeunes médecins, aujourd’hui, à le faire. Les professionnels dont les employeurs ont la chance de disposer d’un de ces médecins spécialisés seront, à n’en pas douter, ieux protégés en cas de survenue d’une seconde vague de l’épidémie.
Bruno Benque
Rédacteur en chef www.cadredesante.com
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