mardi 17 septembre 2013, par
Plusieurs responsables de Samu-Urgences de France ont affirmé le 16 septembre 2013, lors d’un point presse, qu’ils iraient « jusqu’au bout » de leur appel à l’arrêt de la recherche de lits d’aval par les urgentistes à partir du 15 octobre, dans l’intérêt du patient, des urgentistes et de l’hôpital.
L’ultimatum a été lancé en mars 2013 par Samu-Urgences de France pour dénoncer la situation actuelle, les urgentistes s’épuisant à gérer l’aval alors que ce n’est pas leur mission. A partir du 15 octobre 2013, si les autres services ne prennent pas les patients des urgences, les urgentistes laisseront la cellule de gestion des lits, si l’établissement en a une, ou l’administrateur de garde, chercher un lit.
Cet été, l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf) s’est associée à cette action et la conférence des présidents de commission médicale d’établissement (CME) de centre hospitalier (CH) a appelé les présidents de CME à saisir leur instance sur la question.
Le président de Samu-Urgences de France, Marc Giroud, a salué le fait que la ministre des affaires sociales et de la santé, Marisol Touraine, ait compris le problème et qu’elle ait déclaré que l’aval des urgences concernait l’ensemble de l’hôpital et pas uniquement les urgentistes. Toutefois, il estime que les solutions proposées à ce jour vont avoir un effet à la marge et risquent de prendre du temps à se mettre en place.
Une rencontre entre les urgentistes et le cabinet de la ministre a eu lieu le 26 juin dernier et une instruction datée du 27 juin a été envoyée aux établissements. Un colloque sur l’aval des urgences doit rassembler le lundi 30 septembre, au ministère de la santé, des directeurs d’établissement, des représentants des agences régionales de santé (ARS) et des urgentistes, a-t-il indiqué.
La ministre a par ailleurs annoncé en avril que 150 hôpitaux seraient accompagnés pour mettre en place un dispositif de gestion des lits d’aval. Avec l’action qui débute le 15 octobre, Marc Giroud estime néanmoins qu’un « plus grand pas en avant » sera fait « en une journée ».
Les responsables de Samu-Urgences de France ne disposaient pas le 16 septembre 2013 d’une estimation sur la mobilisation des directions pour mettre en place avant mi-octobre des mesures d’amélioration de la gestion de l’aval des urgences. Dans cette action, « il y a un côté qui nous fait peur », a reconnu Marc Giroud. Toutefois, « nous faisons attention à tout », a-t-il ajouté en observant qu’une rencontre avait eu lieu avec la Fédération hospitalière de France (FHF) et que des courriers avaient été envoyés aux directeurs d’hôpital afin de leur permettre de trouver des solutions.
Pour lui, cette action est néanmoins nécessaire et « n’est pas plus dangereuse » que de laisser perdurer le problème de l’aval des urgences et de décourager les urgentistes.
Il estime qu’il y avait urgence à « tirer la sonnette d’alarme » et que les urgentistes ne soient plus « complices » par leur « trop grande bonne volonté » d’une situation « néfaste ». L’urgentiste n’est pas « bien placé » pour rechercher des lits d’aval mais comme il le fait par bonne volonté, « cela aboutit à désengager » les autres professionnels, cela « ne marche pas » et les malades et les urgences en souffrent, a-t-il déploré.
Le Pr Dominique Pateron, vice-président de Samu-Urgence de France (hôpital Saint-Antoine, AP-HP), a souligné que la durée de passage aux urgences était allongée par la prise en charge des patients complexes, pour lesquels l’hôpital doit trouver une solution, et non des patients légers, pour lesquels les urgences peuvent s’organiser seules. Avec l’opération qui débute le 15 octobre, « les patients seront mieux pris en charge » et cela permettra de gagner du temps d’urgentiste, de réduire la suractivité dans les services et de laisser du temps aux urgentistes pour se former, a affirmé Marc Giroud.
Une cellule de gestion des lits d’urgence depuis mai 2013 au CHR de Metz-Thionville
François Braun, secrétaire général de Samu-Urgences de France et responsable des urgences au centre hospitalier régional (CHR) de Metz-Thionville, a affirmé que l’action serait suivie dans son établissement même si une cellule de gestion des lits d’aval a été mise en place en mai dernier. « Même si la situation est favorable », il a insisté sur l’importance de l’impact pédagogique de l’opération. François Braun a demandé que les parkings devant les urgences soient libérés à partir du 15 octobre au cas où il faudrait monter les tentes habituellement prévues pour les situations de crise.
La nouvelle cellule de gestion des lits est placée auprès de la direction générale et du président de la CME. Elle est composée d’une cadre de santé et de quatre infirmiers et s’occupe de l’aval des urgences mais aussi des autres services.
Pour François Braun, il ne faut pas uniquement créer une fonction de « bed manager » mais il faut développer une politique de « bed management ». De plus, « c’est l’activité programmée qui doit s’adapter à l’activité non programmée et non l’inverse », a-t-il ajouté. Il juge nécessaire d’avoir une vision prospective de type hôtelière. Par exemple au CHR (2.026 lits et places, environ 110.000 passages aux urgences par an), il faut de 40 à 50 lits par jour pour les patients des urgences. Une vingtaine de lits peuvent être trouvés en réduisant les séjours qui dépassent d’une journée les durées moyennes nationales.
Il a insisté sur l’importance d’établir un diagnostic sur l’aval des urgences, de regarder le taux d’occupation des lits par rapport au taux de transfert vers d’autres établissements, de convaincre la direction et le président de la CME puis les autres services et d’informer les représentants des usagers sur les dangers de longues durées de passage aux urgences. Au CHR, chaque année, 3.000 patients sont transférés vers d’autres établissements mais le taux d’occupation des lits n’est que de 85%. La prise en charge de ces patients au CHR pourrait rapporter 5 millions d’euros, soit une grande partie du déficit actuel, a souligné François Braun.
Un premier bilan montre une réduction du temps de passage aux urgences du CHR tous patients confondus de 5h40 à un peu moins de 4 heures au cours des deux derniers mois mais cet effet n’est pas uniquement lié à la nouvelle cellule, a indiqué François Braun. Aucun effet sur le nombre de transferts n’a été observé pour le moment.
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