vendredi 18 décembre 2015, par
Fin de notre série d’articles réalisés par les étudiants de l’IFCS de Marseille. Ils se sont rendus récemment à deux colloques et ont réalisé des reportages sur l’une des présentations auxquelles ils ont assisté. Une étude réalisée a la Timone permet d’intégrer les parents dans l’évaluation de la prise en charge de la douleur des enfants soignés. L’équipe nous présente la méthode utilisée ainsi que leurs résultats et nous invite à penser qu’une place plus importante devrait être accordée de façon pérenne aux parents.
Dans le cadre du forum Energie Soins 2015, l’équipe de médecine infantile du CHU de l’hôpital de la Timone a su montrer son investissement dans la recherche pour la lutte contre la douleur. Son étude a permis de mettre en évidence l’intérêt d’inclure les parents dans l’évaluation de la douleur de leurs enfants.
Mieux évaluer pour optimiser la prise en charge de la douleur
L’étude se base sur les constats d’une enquête réalisée dans ce service en 2014. Étaient pointés le mesusage des échelles d’évaluations de la douleur et les difficultés d’évaluer les enfants lorsqu’ils pleuraient ou avaient peur. L’autre constat vient du fait que les parents, tout comme les professionnels, sous estiment la douleur de ces chers petits.
L’innovation de cette étude est donc de faire participer les parents à l’évaluation en utilisant une échelle adaptée à l’âge de l’enfant : l’échelle EN (évaluation numérique), l’EVS (échelle verbale simple) et l’EVENDOL.
Les objectifs de l’étude sont de savoir si l’inclusion des parents permet de détecter les phases douloureuses de l’enfant, si les évaluations parentales sont similaires à celles des professionnels mais aussi de tester la pérennité de la pratique d’évaluation dans le service un an après la première enquête.
De la formation à l’évaluation, les méthodes et les objectifs de l’enquête
L’équipe soignante a reçu une information sur l’utilisation des différentes échelles d’évaluation de la douleur. Dès l’accueil de l’enfant, l’infirmier détermine l’échelle d’évaluation adaptée à son âge. Les parents sont formés à son utilisation dans les heures suivantes, ils reçoivent un document explicatif ainsi qu’une grille à remplir. Les évaluations parentales et soignantes sont faites à heures fixes et à chaque fois que l’enfant présente un comportement évoquant un phénomène douloureux.
De plus, un questionnaire est remis aux parents et aux soignants afin de connaître leur ressenti sur cette pratique.
Le traitement des résultats consiste à mettre en corrélation le dossier patient et la grille des parents afin d’évaluer : la traçabilité, le nombre d’évaluations faites, la quantité d’antalgique (prescrite et donnée) ; mais aussi de comparer la similarité des évaluations et de préciser les différences lorsque les résultats ne sont pas identiques.
Des résultats positifs : la satisfaction des parents acteurs
94 évaluations ont étés réalisé par les parents. Lorsque les parents et les soignants utilisent l’EVENDOL, les résultats sont similaires ou quasi similaires dans la majorité des cas (87% des cas). 13% des évaluations diffèrent sans critère explicatif prédominant. Dans ces cas, la cotation des parents est supérieure à celle des soignants. Est ce parce que les soignants connaissent peu les enfants (du fait de DMS courtes) ? Est ce parce que les soignants comparent les enfants avec d’autres enfants malades plutôt qu’avec des enfants sains ?
Pour ce qui est de la traçabilité dans le dossier de soin, l’opération est une réussite puisque les résultats sont maintenus et mêmes améliorés depuis la dernière étude.
L’objectif commun, l’évaluation de la douleur, et le partage de l’outil instaurent un partenariat parents / soignants très satisfaisant.
Cette étude montre qu’impliquer les parents dans les évaluations permet une meilleure qualité d’information lorsque la douleur est présente. Ce partenariat parent / soignant favorise une meilleure communication et une meilleure relation entre l’équipe et les parents. Être un parent acteur de la prise en charge peut participer à l’apaisement du traumatisme de l’hospitalisation, aussi une place semble enfin possible.
Et si c’était à refaire…
On observe certaines limites. Comme le souligne le Dr Annequin, l’évaluation de la douleur n’est pas une pratique pérenne dans un service de soins en l’absence de rappels réguliers.
Les nouveaux critères de la prochaine certification incluant la prise en charge de la douleur et l’introduction du patient (ou de ses parents) dans la démarche qualité pourront favoriser l’émergence de ces pratiques professionnelles innovantes.
Cette initiative ouvre la porte et fait une place plus importante aux parents à l’hôpital.
Stéphanie DORMERGUE, Aurélie PERRIN et Sylvie RANDJBAR
Étudiantes IFCS Marseille