Posté 12 janvier 2010 - 04:20
Bonjour,
C'est un cadre de nuit qui te réponds.
Tout dépend du nombre d'unité que le cadre devrait prendre en charge, de la configuration de la structure, de son organisation administrative (et médicale si besoin) de nuit, sur place ou astreinte au domicile? Autant un cadre de jour est généralement affecté sur une unité ou un service, autant, souvent, un cadre de nuit gère plusieurs unités et là, la vision des choses est assez différente. Autant la journée il y a une présence médicale et administrative effective immédiatement joignable, autant la nuit il en est tout autrement.
j'ai en charge une équipe de 60 agents répartis sur plusieurs sites et pavillons dans l'établissement et c'est là toute la difficulté que d'avoir une vision précise de la réalité. Les tâches sont multiples, différentes, les projets de soins ne sont pas tous identiques et il est très difficile de pouvoir visualiser précisemment qui fait quoi, qui fait bien, voire tout simplement qui fait... On ne peut être partout à la fois. Plus la structure est grande, importante, voire éparpillée, isolée, plus la necessité d'un lien est importante.
Si l'on se penche sur le rôle d'un cadre dédié à l'équipe de nuit...
Effectifs réduits, charges de travail plus ou moins réparties, acceptées et suivies, protocoles spécifiques, usages de service, sont autant de difficultés qu'il faut que le cadre puisse appréhender rapidement et parfois surmonter. S'ajoute à cela un autonomie décisionelle car, mis à part l'interne de garde ou le médecin de garde ou d'astreinte, l'administrateur de garde, il est indispensable d'avoir soit un système permettant une réactivité immédiate, soit d'avoir une équipe ayant une capacité décisionnelle prompte ! Car, là où il existe, le cadre de nuit est seul à décider et représente aux yeux des personnels "LA" référence. C'est celui qui a LA réponse et donc LA solution ! D'où la nécessité de bien connaitre les procédures, autant certaines des procédures de soins que les procédures administratives, depuis l'admission du mineur à la levée de corps et mise en bière, en passant par le transfert d'un détenu, le refus de soins et la sortie contre avis médicale, la prise en charge d'un patient hospitalisé sous contrainte, le transfert en urgence d'un agent qui fait un malaise.
Ensuite le travail, c'est le quotidien d'un cadre, plannings et gestion du temps de travail sont les tâches les plus chronophages et l'absentéisme la plus problèmatique à gérer la plupart du temps.
Il y a le lien à assurer entre le "jour" et la "nuit". Participation aux réunions, accès aux sessions formations, tisser le lien entre la vie de l'établissement le jour et la vie de l'établissement la nuit, assurer la transmission des informations, expliquer, argumenter, gérer les mécontentements, se prendre les revendications et les marques d'insatisfaction contre ces décisions, qui si elle ne sont pas de son fait, sont quand même annoncées par le cadre de nuit lequel se retrouve souvent en première ligne. Et puis gérer la continuité (pas seulement la continuité des soins, la continuité du fonctionnement et de la vie générale institutionnelle...) relève du rôle indispensable que doit assurer (assumer..) le cadre de nuit.
Je passe sur la reconnaissance et le sentiment d'appartenance des équipes de nuit qui appartiennent plus à une entité "à part". Ca, c'est assez ardu aussi... "On" se sent oublié, mis à l'écart, pas d'identification ni de sentiment d'appartenance à une institution sont des propos récurrents. Je dirais même que l'étiquettage " veilleurs ou veilleuses" concourre bien à ce sentiment, auquel répondent les agents de nuit par l'étiquettage : "ceux de jour". Ce clivage, si il existe, est négatif et crèe souvent des forces d'opposition
Ce sont souvent des thèmes récurrents contre lesquels le cadre de nuit peut être élément levier. Ce sentiment "de solitude et d'isolement" comme dit la chanson, existe et crée, de nuit, une "solidarité" différente de fait, qui a ses avantages ...
et ses inconvénients....
Je te dresse un tableau un peu sombre, comme la couleur de nos nuits de travail, mais c'est une des facettes du métier .
La nécessité d'un cadre de nuit dépend donc, à mon avis de l'importance de l'équipe à gérer, de la spécificité de l'établissement ou de la structure, de son fonctionnement, de l'efficacité de autonomie de l'équipe de nuit en l'état actuel et des problèmes rencontrés au quotidien, de la présence ou non d'un recours immédiat en cas de problème. (faire une analyse de l'existant peut être une première piste de travail pour dresser ton argumentation ....). Sans omettre : Que demandent les agents de l'équipe de nuit ?
Il y a des établissement qui fonctionnent bien sans cadre la nuit, d'autres qui fonctionnement mal, cetains qui ont tenté l'expérience et on fait marche arrière, d'autres qui veulent tenter l'expérience. d'autres qui n'ont pas les moyens de faire autrement.